Retour sur la première quinzaine des bibliothèques vivantes

Du 14 juin au 3 juillet, des bibliothèques vivantes ont été organisées dans 10 villes de France, dans le cadre de la première Quinzaine des bibliothèques vivantes. Une première édition qui a mobilisé de nombreux acteurs et actrices souhaitant s’engager dans la lutte contre la stigmatisation des troubles psychiques à travers le témoignage, le partage et la rencontre. Des retours très positifs de toutes les personnes qui se sont engagées pour faire de ce projet une réussite et des lecteurs et lectrices transformés.


Bibliothèque vivante, Saint-Etienne-du-Rouvray


C’est vraiment un échange, un partage qui s’opère, un partage de maux. C’est beau ! - Lecteur

Les bibliothèques vivantes

Inspirée d’un concept danois né dans les années 2000, la bibliothèque vivante propose une approche incarnée où les « livres » sont des personnes. À travers des rencontres humaines et authentiques, le principe est que chaque livre vivant partage un chapitre de sa vie avec un « lecteur », lors d’un échange d’une vingtaine de minutes. Cette expérience permet d’ouvrir le dialogue afin de faire tomber les préjugés et de créer du lien.

On retrouve ainsi trois acteurs clés :

  • Le livre vivant : la personne qui partage son témoignage autour de la santé mentale
  • Le lecteur ou la lectrice : la personne qui écoute le témoignage et peut échanger avec le livre
  • Les bibliothécaires : les personnes qui assurent l’organisation et le cadre

Avec le cadre et le fait que l’on soit en petit groupe, c’est comme si on était dans une bulle intime. - Livre vivant


Dans le cadre des Rencontres Art, Soin, Citoyenneté #3, Bibliothèque vivante au 3 bis f – Centre d’arts contemporains à Aix-en-Provence, ©Laurence_Nieto
Bibliothèque vivante à Aix en Provence

La quinzaine

Dans le cadre de « Santé mentale, grande cause Nationale », Alliance pour la santé mentale, Facettes et ZEST ont souhaité organiser un temps fort de sensibilisation. A nos côtés, une dizaine de structures se sont engagées pour proposer des bibliothèques vivantes sur leur territoire : à Toulouse, Quimper, Ouistreham, Paris (dont SOLIDAYS FESTIVAL), Rambouillet, Avignon, Saint-Etienne-du-Rouvray, Lyon, Aix-en-Provence et Clermont-Ferrand.

59 personnes ont participé en tant que livre vivant et ont partagé leur témoignage. A leur côté 42 bibliothécaires. 330 lecteurs et lectrices ont eu la chance de pouvoir écouter un livre vivant !

Les livres vivants ont également exprimé une grande satisfaction de pouvoir livrer leurs témoignages, se sont sentis porteurs d’un discours plein d’espoir et déstigmatisant. - Bibliothécaire


Bibliothèque vivante, Lyon

Une action de sensibilisation basée sur la rencontre et le partage

Une des spécificités de la bibliothèque vivante, est d’aller vers le public  : des « bibliothécaires » alpaguent des personnes qui passent par là pour leur proposer de tenter l’expérience d’écouter un livre vivant. Ce format permet de sensibiliser des personnes qui ne seraient pas forcément venues à une rencontre sur la santé mentale, et ainsi de s’adresser à un public non sensibilisé. Les bibliothèques vivantes se sont déroulées dans différents lieux, permettant ainsi de s’adresser à un large public : dans des espaces culturels, sur des festivals, dans des médiathèques, sur des places publiques, dans des jardins ou des tiers-lieux.

Proposer une bibliothèque vivante dans une rencontre qui ne parle pas de santé mentale, c’est vraiment une formule qui fonctionne. - Bibliothécaire


Dans le cadre des Rencontres Art, Soin, Citoyenneté #3, Bibliothèque vivante au 3 bis f – Centre d’arts contemporains à Aix-en-Provence, ©Jasmine_Lebert
Bibliothèque vivante à Aix en Provence

La bibliothèque vivante s’appuie sur la stratégie de contact pour sensibiliser, c’est-à-dire sur la rencontre entre des personnes vivant avec des troubles psychiques et celles qui ne sont a priori pas directement touchées. Cette modalité de sensibilisation apparaît comme la méthode la plus efficace pour lutter contre la stigmatisation. Elle a d’ailleurs été décrite dans le dernier kit Mosaic de l’OMS (Mettre fin à la stigmatisation et discrimination dans la santé mentale, 2024). Elle permet notamment de diminuer la distance sociale, c’est-à-dire la proximité souhaitée entre soi et l’autre, un indicateur de la stigmatisation. Les actions de contact permettent également de favoriser l’identification à l’autre, rétablissant ainsi des points communs là où la généralisation ne montrait que des différences.

C’est encore plus fort d’entendre une expérience vécue. - Lecteur

Comme une conversation avec beaucoup d’écho, de la correspondance. - Lecteur

On se sent autorisé à parler de soi. - Lecteur


Bibliothèque vivante, Lyon
Bibliothèque vivante à Lyon

C’est hyper précieux de rencontrer les personnes concernées. Il nous fait des confidences, en fait. Le fait qu’il nous raconte son parcours de vive voix m’a beaucoup touchée. C’était plus profond que si je l’avais lu seule ou que si on avait simplement discuté. [...] J’avais peur de déranger avec mes questions, mais il m’a tout de suite rassurée ; au contraire, il voulait que je pose toutes les questions qui me venaient en tête, me rassurant sur le fait qu’il pouvait à tout moment mettre ses limites. [...] Il y a une sorte de contrat de confiance tacite fait dès le début. [...] C’est beau de voir la distance qu’il met sur lui-même, tout comme l’endroit de la rencontre. - Lectrice


Bibliothèque vivante, Lyon

Ça m’a fait comprendre beaucoup de choses. [...] J’aimerais revenir en écouter d’autres [...] Ça fait du bien. Je suis content d’être venu. - Lecteur

Pour les livres vivants, partager leur témoignage, a été synonyme d’espoir et solidarité.

Ici c’est un lieu où on peut être vrai. - Livre vivant

On voit à chaque fois comme ça a du sens et ça sert. Et il y a des personnes qui vont voir plusieurs livres et ça montre comment ça intéresse. - Bibliothécaire

C’est le seul moment où je dépose le plus le masque. Ça permet de recoller les morceaux de ma vie en un seul moment. Ça me permet de plus avoir peur d’être entier. - Livre vivant

Pour les personnes impliquées dans l’organisation de l’évènement, mettre en place une bibliothèque vivante apparaît également comme un moment fort et fédérateur. C’est l’expérience que nous en faisons à ZEST qui est aussi plébiscitée par les structures s’étant impliquées dans l’aventure.

Bibliothèque vivante, Ouistreham
Bibliothèque vivante à Caen

Un moment très riche et très fort humainement, à la fois pour le groupe constitué par les livres vivants et les bibliothécaires. Après les ateliers, la concrétisation de l’investissement de chacun qui est ressorti chez beaucoup d’entre nous lors du debriefing était que c’était vraiment un moment galvanisant, très fort émotionnellement (on était pour la plupart épuisés après ces deux heures) mais tellement positif. - Bibliothécaire


Bibliothèque vivante, Festival Solidays, Paris
Bibliothèque Vivante à Solidays

Une quinzaine à renouveler les années suivantes ? Nous l’espérons !

Un événement soutenu par la Fondation Chantelix, le Collectif Schizophrénies, Clubhouse France et Alliance pour la santé mentale.