Mettre en place une bibliothèque vivante : Partage d’expérience avec les Yvelines

10 décembre 2025

ZEST s’est rendu dans les Yvelines, pour animer une formation et partage d’expérience avec les équipes du territoire. Des équipes très engagées dans l’organisation de bibliothèques vivantes depuis 2023 et qui se sont inscrites dans une dynamique intersectorielle mobilisatrice. Deux jours où livres et bibliothécaires, du côté des Yvelines et de Lyon, ont pu échanger sur leurs expériences et engagements. Les équipes présentes sur place avaient également convié des agents des médiathèques du territoire à la formation, une très belle initiative pour renforcer un « co-portage » et décloisonner les actions. Nous vous partageons les points qui nous ont marqué quand on souhaite mettre en place une bibliothèque vivante, et la richesse et pertinence de cet outil.

Déploiement des BBV dans les Yvelines

Dans les Yvelines, l’expérience des bibliothèques vivantes a démarré en 2023, après le suivi en équipe l’année précédente de notre mini-formation « Mettre en place une BBV pour lutter contre la stigmatisation des troubles psychiques ». Des campagnes d’affichage ont été menées pour recruter des livres vivants. Et l’équipe organisatrice est allée à la rencontre des professionnel·les de santé et partenaires. L’outil a été ouvert à l’intersectoriel, et se sont joints à l’aventure Saint Cyr, Versailles et Rambouillet. Aujourd’hui, déjà 9 bibliothèques vivantes ont été mises en place sur le territoire. 21 livres vivants ont participé. Et ce projet continue à se déployer largement !

Hélène, à l’initiative de la mise en place du projet ainsi que Camille et Christelle, également coordinatrices de l’action, se sont succédées pour partager leurs expériences sur les bibliothèques vivantes. Des échanges qui ont rappelé que participer à une bibliothèque vivante est une expérience qui peut être transformatrice pour tous et toutes, personnes concernées et professionnel·les de santé.

« C’est une histoire commune qui nous responsabilise tous face aux préjugés sur les troubles psychiques »

« Vous nous faites du bien »

« C’est un outil pour déstigmatiser le handicap psychique mais on travaille énormément sur nos postures pendant les ateliers »

« Ça nous enrichit tous »

3 mots caractérisant l’expérience, recueillis auprès de 16 lecteurs à la Bibliothèque Le Chesnay

BV Bibliothèque Victor Hugo Le Chesnay octobre 2025

Plusieurs livres vivants ont également témoigné sur leur expérience de la bibliothèque vivante : les raisons de leur engagement, leur parcours, les thématiques abordés lors de leurs lectures, ce qui pourrait être amélioré dans l’expérience. Pour Romain par exemple, qui parle de son parcours d’addiction et de dépression, son objectif est de déconstruire les « il suffit que, y a qu’à ». Une expérience qui a été un déclic « pouvoir revenir dessus et réfléchir à tout ce parcours, ça a été révélateur. Je suis devenu pair-aidant en addictologie ».

« En témoignant on peut leur donner de l’espoir, l’espoir de se rétablir », Carole

« Ma première bibliothèque vivante, ça m’a marqué », Fabrice
« On peut quantifier un travail par un salaire, mais une déstigmatisation, ça n’a pas de prix », Fabrice

« La personne était tellement émue qu’elle avait les larmes aux yeux. Et je sentais des choses qui faisaient sens pour elle », Edwige

« 3 personnes dont le retour m’a touché : je me suis reconnu ; c’est super votre écriture ; la dame était tellement émue qu’elle m’a fait un câlin », Emmanuel

BV Bibliothèque Victor Hugo Le Chesnay octobre 2025

Des points clés

Un texte écrit ou non ?

Lors de la formation, une des thématiques qui a été discutée est celle de l’écriture : Peut-on être livre vivant sans avoir de texte écrit pour la bibliothèque vivante ? L’écrit n’est pas un prérequis à la participation. Chaque personne qui le souhaite doit pouvoir participer à cette action, qu’il soit à l’aise ou non avec l’écriture : certaines personnes auront des textes écrits qu’elles vont lire mot pour mot, d’autres des grands points notés sur une feuille, et d’autres aucun texte.

« Moi je n’ai jamais écrit, je ne voulais pas laisser des traces de ce que j’avais vécu sur du papier. J’ai juste noté des points de ce que j’allais aborder ».

Voici quelques points importants autour de cette question :

Que le texte soit écrit ou non, il est important de réfléchir à ce que l’on souhaite dire, ou ne pas dire lors d’atelier de préparation. Les prises de parole sont réfléchies en amont lors d’une bibliothèque vivante. C’est le rôle des ateliers de préparation.
Il est possible de s’appuyer sur d’autres supports que l’écriture si on le souhaite : avoir des objets qui nous représentent, des photos, des dessins, etc.
Les bibliothécaires assurent le respect du cadre le jour J : 10 minutes pour la lecture du livre, 10 min pour l’échange. Nous étions tous·tes convaincu·es de l’importance de ces deux temps : plus de liberté dans la lecture ne vient pas forcément remettre en question cette trame.

L’écrit est un outil, à nous de l’adapter pour qu’il ne soit pas un frein mais un soutien !

Quel rôle du partenaire ?

La structure qui accueille la bibliothèque vivante peut être un réel partenaire au-delà d’être un lieu d’accueil de l’évènement. Plusieurs modalités peuvent permettre de mettre en place un réel partenariat.

S’assurer que le lieu est compatible avec la bibliothèque vivante

Pour s’assurer du bon déroulement possible, il est essentiel que le lieu soit adapté à l’évènement. Cela passe par plusieurs prérequis :

Avoir un espace dédié et adapté à la bibliothèque vivante : plusieurs ilots au calme avec des chaises où livres vivants et lecteur·rices peuvent s’installer ;
Un espace pour le stand d’accueil ;
S’assurer qu’il y aura du passage lors de l’évènement ;

Visiter les lieux en amont de l’évènement est nécessaire pour pouvoir définir ensemble comment se déroulera la bibliothèque vivante.

Offrir des conditions d’accueil pour les participant·es

Nous avons tous et toutes soulevés comment l’évènement pouvait être apprécié lorsque les structures partenaires offraient des conditions d’accueil pour les participant·es, telles que mettre à disposition une salle/un espace pour pouvoir se poser, des boissons, des repas si celle-ci a lieu le midi.

Participer à l’animation de l’évènement

Tout au long de la bibliothèque vivante, les structures accueillantes peuvent contribuer en assurant un appui logistique, à l’accueil des lecteurs et lectrices, et en étant relai pour l’accès au soin. Cela nécessite de s’assurer que les personnes présentes puissent être informées/formées pour présenter ce qu’est une bibliothèque vivante.

Quelques idées pour faciliter l’implication du partenaire :
• Être impliqué avant les bibliothèque vivante, par exemple participer aux séances de préparation
• Visiter en amont et se connaitre avant l’évènement
• Avoir un référent accueil chez le partenaire
• Le laisser s’assurer que les personnes / collègues présents sur place le jour J sachent ce qu’est une bibliothèque vivante
• Leur proposer d’écouter en tant que lecteur pendant l’évènement
• Inviter les partenaires à participer au débriefing

Idées pour intervenir auprès des jeunes, des adolescents

Un autre échange a porté sur comment déployer des bibliothèques vivantes auprès des jeunes, notamment dans des collèges ou des lycées. Ce questionnement revient souvent pour les structures qui souhaitent davantage sensibiliser ce public !

Quelques pistes ont été esquissées pour penser ces actions :

Adapter le discours
Trouver les bons mots, accessibles
Proposer des messages en guise de prévention, parler des ressources, ne pas perdre de vue « On a tous·tes une santé mentale »
S’appuyer sur des références culturelles qui parlent aux adolescents
Faciliter l’identification : Avoir des livres qui sont adolescents
Idée d’échanges inter-établissements (pour que le dévoilement soit plus sécurisant)
S’appuyer sur des personnes en interne : Faire intervenir les documentalistes CDI (cela peut aussi être des enseignants, CPE, psychologues scolaires, infirmiers scolaires…)
Faire du lien avec les collectivités comme la mairie

3 mots recueillis auprès d’une cinquantaine de lecteurs à l’IFSI de Rambouillet