Date de publication : mai 2022
Contexte de la recherche
Cet article s’inscrit dans une volonté de mettre en avant les différences métacognitives entre les personnes vivant avec une schizophrénie (TSS) et celles présentant des troubles du spectre de l’autisme (TSA). En plus de ces différences sur l’aspect métacognitif, l’étude explore les écarts en cognition sociale entre ces deux groupes.
Les méta-analyses précédentes évoquent que ces deux troubles présentent certains point communs, tels que :
- Un certain degré de vulnérabilité génétique pouvant contribuer à leur apparition.
- Une perturbation de la cognition sociale pouvant entrainer un dysfonctionnement social.
La métacognition correspond à notre capacité de réflexion sur nos propres processus cognitif et qui peut amener à une régulation. L’article examine quatre dimensions principales de la métacognition : - L’auto-réflexivité :capacité à penser et à se forger une opinion sur soi-même.
- La conscience d’autrui :capacité à penser et à comprendre autrui.
- La décentration : capacité à reconnaitre que chaque individu mène sa vie indépendamment de la sienne.
- La maitrise :capacité à utiliser les connaissances métacognitives sur soi-même et sur autrui afin de faire face à des défis psychologiques et sociétaux.
Comment s’est déroulée la recherche ?
Cette étude a été mené sur 56 participants souffrant soit d’un TSS soit d’un TSA, tous ont été recrutés dans deux centres de réhabilitation psychosociale entre 2019 et 2020, ces données sont issues de la cohorte REHABASE.
L’étude comprenait deux groupes :
- Un groupe de 26 personnes avec un TSS, avec un âge moyen d’environ 33 ans.
- Un deuxième groupe de 30 personnes avec un TSA, avec un âge moyen de d’environ 32 ans.
Les auteurs ont utilisé plusieurs tests et échelles afin de mesurer les capacités métacognitives, la mémoire, la qualité de vie, les symptômes dépressifs, etc…
L’Indiana psychiatric illness interview (IPII) est un entretien semi directif, qui dure entre 30 et 60 minutes, cet entretien permet aux participants de parler de leur ressenti personnel face aux troubles mentaux.
La Metacognition assessment scale (MAS-A) est évalué grâce aux retranscriptions obtenues lors de l’IPII.
Les auteurs ont aussi évalué la Théorie de l’esprit de chaque participant en projetant The movie for the assessment of social cognition (MASC).
Les performances de mémoire ont aussi été évalués grâce au Wechsler adult intelligence scale (WAIS-IV) et par le California verbal learning test (CVLT) qui lui permet d’évaluer la mémoire verbale.
Une échelle évaluant le degré de dépression the beck depression inventory – II (BDI-II) et une évaluant la qualité de vie, quality of life scale self reported ont été également utilisés par les auteurs.
Principaux résultats
Les résultats obtenus démontrent qu’il n’y a pas une différence significative dans les scores de métacognition entre les groupes et cette métacognition est associée à un fonctionnement psychosocial plus élevé mais aussi avec un risque de symptômes dépressifs.
Les deux groupes sont capables de nommer un état émotionnel même lorsqu’il est plus discret ou changeant.
On peut également souligner en intra groupes :
- Le groupe avec un TSA possède une auto réflexivité et un fonctionnement psychosocial (niveau de fonctionnement) plus élevé que le groupe avec un TSS.
- Il y a une corrélation positive entre auto réflexivité et la mémoire de travail (working memory) dans le groupe avec un TSS.
A retenir
Les personnes souffrant d’un TSA possédant un meilleur fonctionnement psychosocial sont plus à même à avoir une conscience d’autrui mais peuvent aussi subir de l’anxiété et de la dépression, cela peut faire un parallèle avec le paradoxe de l’insight que le retrouve chez les personnes vivant avec un TSS.
En raison d’un faible effectif lors de l’étude, il y a une absence de différence significative concernant la métacognition synthétique entre les deux groupes.
Il est nécessaire de rappeler que même si l’on retrouve des similitudes de performances en cognition sociale dans les deux groupes, ces similitudes peuvent dues à des causes différentes pour les deux groupes.
Il serait pertinent d’adapter les programmes de remédiation cognitive pour les personnes atteintes de TSA, ce qui leur permettrait de voir des améliorations de leurs fonctions cognitives et de cognition sociale.
Auteurs
Dubreucq, J., Martin, A., Gabayet, F., Plasse, J., Wiesepape, C., Quilès, C., Verdoux, H., Franck, N., & Lysaker, P. H.
Infographie simplifiée ici :
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