Une nouvelle étude du Centre ressource de réhabilitation psychosociale identifie l’estime de soi comme un marqueur de la qualité de vie en contexte de troubles psychiques sévères, quels que soient les symptômes associés.
Pourquoi cette étude ?
En psychiatrie, un changement de perspective thérapeutique s’est imposé ces dernières années, passant d’une perspective centrée sur le clinicien à une perspective centrée sur le patient. Celle-ci met l’accent sur la qualité de vie comme objectif de traitement. Or, la qualité de vie est une construction complexe. Elle est composée de multiples dimensions. Ces dimensions interagissent les unes avec les autres. Ainsi par exemple : le bien-être physique et psychologique, les relations, l’autonomie, l’estime de soi, interagissent ensemble.
La méthodologie de l’étude
Une nouvelle étude en cours de publication dans une revue à fort impact Scientific Reports, a mobilisé les données issues de la base de données REHABase . Les informations sur le parcours et les profils cliniques de 2 180 patients issus de 15 centres de réhabilitation psychosociale situés en France ont été analysées afin d’explorer les réseaux de dimensions de qualité de vie parmi six troubles : troubles de la schizophrénie, troubles neurodéveloppementaux (troubles du spectre autistique principalement), troubles bipolaires, troubles dépressifs, troubles anxieux et troubles de la personnalité.
Ce que l’on y apprend
Cette étude suggère que l’estime de soi constitue la dimension centrale des réseaux de dimensions de qualité de vie, et ce pour chaque trouble psychique analysé. En effet, l’estime de soi est la dimension ayant le plus de connexions avec les autres dimensions de qualité de vie. Par ailleurs, les connexions les plus fortes entre les différentes dimensions de qualité de vie impliquent, pour la plupart, la dimension de l’estime de soi. Il en va ainsi des connexions estime de soi et bien-être physique, estime de soi et autonomie, estime de soi et bien-être psychologique et estime de soi et résilience. En revanche, aucune différence inter-groupes significative n’a été relevée.
En quoi cette étude est-elle importante ?
Bien que présentant des profils de symptômes différents, des troubles psychiques divers pourraient présenter des interrelations similaires entre les dimensions de la qualité de vie. Par ailleurs, l’estime de soi pourrait jouer un rôle crucial dans la qualité de vie des patients. Autrement dit, les résultats de cette étude plaident en faveur du développement de programmes d’accompagnement thérapeutique ciblant spécifiquement l’estime de soi, afin d’améliorer la qualité de vie des patients.
Source : "The central role of self-esteem in the quality of life of patients with mental disorders", Guillaume Barbalat, Julien Plasse, Emmanuel Gauthier, Hélène Verdoux, Clélia Quiles, Julien Dubreucq, Emilie Legros-Lafarge, Nematollah Jaafari, Catherine Massoubre, Nathalie Guillard-Bouhet, Frédéric Haesebaert, Nicolas Franck, in Scientific Reports, 2022
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