Une étude parue dans la revue Frontiers in Public Health a documenté le recours aux services d’urgence dans 643 hôpitaux généraux en France, entre 2010 et 2023.
L’objectif était d’analyser l’évolution des taux de recours aux urgences selon le sexe, les catégories diagnostiques, et d’évaluer l’impact de la crise sanitaire liée à la Covid-19.
Pour chaque hôpital inclus (n = 643), les séjours aux urgences ont été recensés en fonction du sexe et de la catégorie diagnostique, dès lors qu’un diagnostic psychiatrique était posé — indépendamment du motif principal du recours (somatique ou psychique).
Le recours aux urgences était généralement plus fréquent chez les femmes présentant un trouble affectif (trouble bipolaire, dépression, anxiété), et plus faible en cas d’usage de substances psychoactives ou de troubles psychotiques non affectifs (schizophrénie, trouble délirant).
Toutefois, depuis 2010, les hommes ont réduit l’écart avec les femmes concernant le recours aux urgences pour les troubles affectifs, tout en renforçant leur avance pour les troubles psychotiques non affectifs. Depuis la pandémie de Covid-19, une dynamique différente s’est dessinée : les femmes consultent davantage pour des troubles liés à l’usage de substances psychoactives ainsi que pour des troubles affectifs, quoique de façon plus ponctuelle.
Cette étude repose sur un volume de données considérable et couvre une période longue, ce qui permet de dégager des tendances robustes. Elle met en évidence des différences notables entre hommes et femmes dans l’évolution du recours aux urgences. Parmi les hypothèses proposées pour expliquer ces évolutions : la reconnaissance croissante de la santé mentale comme composante à part entière de la santé globale et le recul progressif des injonctions sociales associant masculinité et refus du soin, facteurs qui pourraient expliquer une augmentation du recours aux soins psychiatriques chez les hommes.
L’accroissement du recours aux urgences, depuis la crise sanitaire, chez les femmes avec troubles affectifs ou liés aux substances, pourrait quant à lui refléter leur forte représentation dans les secteurs d’activité les plus touchés par la pandémie (santé, accueil, éducation).
Ces résultats soulignent la nécessité de développer des campagnes de sensibilisation ciblées selon le sexe, en s’appuyant sur l’évolution positive des représentations de la santé mentale en France.
Source : Barbalat G and Franck N (2025) Evolving sex-specific trends in mental health-related emergency department visits (2010–2023) : insights from 643 French general hospitals. Front. Public Health. 13:1607649. doi : 10.3389/fpubh.2025.1607649
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