Titre original
Contribution of socio-demographic and clinical characteristics to predict initial referrals to psychosocial interventions in patients with serious mental illness.
Contexte de la recherche
Les interventions psychosociales visent à améliorer l’intégration sociale, la qualité de vie, le fonctionnement global et le développement des compétences émotionnelles, cognitives et sociales des personnes. De plus, la réhabilitation psychosociale se montre efficace pour favoriser la réduction des symptômes ou encore l’augmentation des activités de la vie quotidienne. En 2019, le WHO Rehabilitation Need Estimator estimait à 190 millions le nombre de personnes concernées par des troubles mentaux et ayant besoins d’accompagnements en réhabilitation.
A ce sujet, la présente étude met en avant le peu de preuves existantes sur la façon dont les cliniciens prennent des décisions pour orienter les patients vers des interventions en réhabilitation selon leurs besoins. Toutefois, cette orientation résulte d’interactions complexes entre différents facteurs, dont les caractéristiques sociodémographiques et cliniques. Il est important de mieux comprendre comment ces facteurs guident les pratiques cliniques.
Comment s’est déroulée la recherche ?
L’étude a été réalisée à partir de la cohorte REHABase, regroupant des usagers de différents centres de réhabilitation psychosociale français. Au total, 1146 participant(e)s ont été impliqués dans la recherche, d’âge moyen 32,3 ans et concerné(e)s par des troubles psychiques sévères.
Afin de collecter les résultats et à l’aide de modèles d’apprentissages automatiques, les chercheurs se sont basés sur quatre différentes orientations cliniques, vers l’un des programmes de réhabilitation suivants :
- Les TCC (thérapies cognitives et comportementales)
- La remédiation cognitive
- La psychoéducation
- La formation professionnelle
Principaux résultats
• Résultat principal
Cette étude amène l’hypothèse que les caractéristiques sociodémographiques et cliniques sont nécessaires mais insuffisantes pour expliquer les décisions initiales d’orientation vers les programmes de réhabilitation.
• Disparités et réflexions supplémentaires
D’autres facteurs, comme les caractéristiques propres aux centres de réhabilitation, la dynamique des décisions cliniques, les préférences des patients ou encore les biais des prestataires sont évoqués. Par ailleurs, le manque de ressources pour certains programmes pourrait également conduire à l’orientation de patients vers des interventions qui n’auraient pas été choisies dans un premier temps. Par exemple, si un groupe a beaucoup d’attente, on propose une autre prise en charge à l’usager.
Les caractéristiques socio-démographiques et cliniques peuvent toutefois modérer certains obstacles rencontrés dans les interventions psychosociales : par exemple, selon le type de trouble, certains programmes se retrouvent moins adaptés, comme c’est le cas pour les patients atteints de schizophrénie et les TCC, et à qui les programmes de remédiation cognitive et de psychoéducation étaient davantage prescrits.
Les cliniciens semblent également orienter les patients sans comorbidités vers ces derniers programmes afin de faciliter la délivrance de traitement.
Les personnes ayant des problématiques cliniques et psychologiques, dont une faible estime de soi, seraient davantage orientés vers la TCC.
L’éducation semble aussi impacter l’orientation : les personnes ayant des dysfonctionnements sociaux et un niveau socioculturel moins élevé sont moins orientées vers la TCC et la psychoéducation. Les patients au chômage semblent, par exemple, plus orientés vers la formation professionnelle et ceux bénéficiaires de l’allocation adulte handicapé vers la remédiation cognitive, ce programme visant à pallier les déficits cognitifs.
A retenir
Les caractéristiques sociodémographiques ne sont pas suffisantes pour prédire précisément les orientations initiales vers les programmes de réhabilitation psychosociale.
Auteurs
Barbalat, G., Plasse, J., Chéreau-Boudet, I., Gouache, B., Legros-Lafarge, E., Massoubre, C., Guillard-Bouhet, N., Haesebaert, F., & Franck, N.