L’autostigmatisation varie-t-elle d’un pays à l’autre, d’une culture à l’autre ? Est-elle plus prévalente dans certains pays, dans certaines cultures ? La plupart des études sur l’autostigmatisation sont menées en Europe ou aux États-Unis et la place qu’elle occupe dans les autres parties du monde est encore mal connue. Afin d’avoir une vision élargie de la question, une revue de la littérature parue en janvier 2021 compare les prévalences, conséquences et corrélats de l’autostigmatisation selon les zones géographiques et les cultures.
Ce travail, qui a porté sur 272 articles, a révélé des différences sensibles entre zones géographiques. Ainsi les personnes présentant des troubles psychiques sévères sont particulièrement exposées à l’auto-stigmatisation en Asie du sud-est et au Moyen-Orient, où les prévalences atteignent respectivement 39,7 % et 39 %.
L’expérience de la stigmatisation est l’un des principaux facteurs prédisant l’autostigmatisation. Le défaut de repérage précoce, de prise en charge et d’accompagnement dès les premiers signes de troubles pour limiter les transitions psychotiques, l’altération du fonctionnement, ainsi que la sévérité des symptômes cliniques des personnes présentant des troubles psychiques sévères favoriseront eux aussi l’autostigmatisation.
Ces données, recueillies à l’échelle mondiale, plaident en faveur de campagnes de prévention et d’un recours systématique aux pratiques orientées vers le rétablissement, aussi bien en contexte de psychose émergente qu’en routine clinique. Pour s’imposer, ces actions doivent par ailleurs être soutenues par des politiques publiques inclusives.
Source : Dubreucq J, Plasse J, Franck N. Self-stigma in Serious Mental Illness : A Systematic Review of Frequency, Correlates, and Consequences. Schizophr Bull. 2021 Jan 18:sbaa181. doi : 10.1093/schbul/sbaa181.