La schizophrénie expose à un risque accru de mortalité en cas de très fortes chaleurs

La revue GeoHealth met en évidence la vulnérabilité accrue des personnes présentant une schizophrénie lors des épisodes de chaleurs intenses.

Pourquoi cette étude ?

La sensibilité aux très fortes chaleurs varie d’une personne à une autre. Les personnes âgées, par exemple, présentent un risque accru de mortalité liée aux fortes chaleurs parce que la thermorégulation et la capacité de reconnaître les stimuli thermiques se détériorent avec l’âge. Or d’autres circonstances sont susceptibles d’impacter cette sensibilité à la chaleur, comme présenter une maladie chronique.

Une étude publiée en mars 2023 dans la revue GeoHealth a identifié quelles sont les prévalences respectives de plusieurs types de maladies chroniques dans le nombre de décès survenus lors d’un épisode de chaleurs extrêmement intenses survenu en Colombie britannique, en 2021, un événement sans précédent dans l’histoire du Canada.

Quelle méthodologie ?

L’étude a comparé les antécédents de santé de 1 614 personnes décédées entre le 25 juin 2021 et le 2 juillet 2021 et les antécédents des 6 524 personnes décédées sur la même période, de 2012 à 2020.

Parmi les 26 maladies chroniques étudiées : l’asthme, l’hypertension, l’insuffisance cardiaque, la dépression, la démence et la schizophrénie.

Que nous apprend cette étude ?

Parmi les résultats de cette étude, on observe une surmortalité significative chez les personnes présentant une schizophrénie. Autrement dit, présenter une schizophrénie a été identifié comme la circonstance la plus à risque de décéder lors de cet épisode d’extrême chaleur.

Le risque a en effet été évalué comme 3 fois supérieur (3.07 [2.39-3.94]) chez ces personnes que chez les personnes présentant d’autres types de maladies chroniques.

Pourquoi une telle surmortalité ?

Trois facteurs de risque sont invoqués dans l’étude qui viennent conforter des travaux antérieurs* :

  • - le degré de conscience des répercussions de son trouble (faible insight)
  • - la stigmatisation, l’isolement et la marginalisation subies très fréquemment par les personnes concernées et leurs proches, et particulièrement critiques en contexte de désordre climatique
  • - les effets des antipsychotiques et de certains autres traitements sur la thermorégulation

Pourquoi ces résultats sont-ils importants ?

Identifier les personnes les plus à risque de décès en contexte de chaleurs extrêmes, c’est se donner les moyens d’agir, en informant les populations cibles, à travers des actions de prévention et de psychoéducation.

Source de l’article :
Lee, M. J., McLean, K. E., Kuo, M., Richardson, G. R. A., & Henderson, S. B. (2023). Chronic diseases associated with mortality in British Columbia, Canada during the 2021 western North America extreme heat event. GeoHealth, 7, e2022GH000729
https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC10015851/

* Alana Hansen, Peng Bi, Monika Nitschke, Philip Ryan, Dino Pisaniello, and Graeme Tucker,
2008, The Effect of Heat Waves on Mental Health in a Temperate Australian City
Environmental Health Perspectives 116:10 CID : https://doi.org/10.1289/ehp.11339

Bark N. Deaths of psychiatric patients during heat waves. Psychiatr Serv. 1998 ;49(8):1088-1090. doi:10.1176/ps.49.8.1088