Self-stigma in serious mental illness and autism spectrum disorder : Results from the REHABase national psychiatric rehabilitation cohort
Contexte de la recherche
L’auto-stigmatisation c’est lorsqu’une personne atteinte d’un trouble mental va intérioriser des préjugés souvent véhiculés au sein de la société. Cette personne peut commencer à
se croire moins capable de faire certaines choses par exemple.
L’auto-stigmatisation peut entrainer un retrait social, une baisse d’estime de soi, une dévalorisation, une augmentation des symptômes dépressifs et parfois des idées suicidaires.
Dans l’auto-stigmatisation il existe 4 catégories :
- L’aliénation
- L’appropriation de stéréotype
- L’expérience de discrimination
- Le retrait social
L’objectif de cette étude est d’évaluer la fréquence de l’auto-stigmatisation auprès de patients avec un trouble psychique ou un trouble du spectre de l’autisme.
Est-ce qu’il existe un lien de corrélation entre une auto-stigmatisation élevée et les troubles psychiques sévère et le trouble du spectre de l’autisme.
Dans la littérature scientifique on ne retrouve pas de facteurs favorisant l’auto-stigmatisation chez les personnes atteintes de trouble du spectre de l’autisme. Cette étude est l’une des premières à explorer ce lien.
Pour définir :
Troubles psychiques sévère (SMI) peuvent être définit comme un trouble mental, comportemental ou émotionnel important, associé à un dérèglement psychologique, qui crée une gêne dans la vie quotidienne ou les activités d’une personne.
Quant au trouble du spectre de l’autisme c’est un trouble du développement qui affecte principalement la communication et le lien à l’autre. L’utilisation du terme « spectre » permet d’inclure la diversité des troubles et d’indiquer qu’une évolution est possible au sein de ce spectre.
Comment s’est déroulée la recherche ?
Les auteurs ont utilisé les données issues de la cohorte REHABase, ils ont utilisé les données de 738 patients suivant un programme de réhabilitation dans un des centres de réhabilitation psychosociale en France entre 2016 et 2019.
Dans ces 738 patients on retrouve 466 patients atteints de schizophrénie, on peut également retrouver des patients vivants avec d’autres troubles ou maladies comme la bipolarité, le trouble de la personnalité borderline, le trouble du spectre de l’autisme, l’humeur dépressive et le trouble de l’anxiété.
Tous les patients qui rentrent dans un centre de réhabilitation psychosociale effectuent des tests et des échelles neuropsychologiques afin de les orienter vers le meilleur programme de soin.
Les auteurs ont donc utilisé ces tests et échelles afin de trouver des facteurs favorisant l’auto-stigmatisant chez les personnes présentant un trouble psychique sévère et un trouble du spectre de l’autisme.
Principaux résultats
Les résultats démontrent que 31% des patients inclus dans la cohorte présentent un niveau élevé d’auto-stigmatisation. Le pourcentage n’est pas le même selon le type de trouble mental diagnostiqué :
- Trouble de la personnalité borderline (43,8%)
- Trouble anxieux (42,1%)
- Dépression (40,7%)
- Trouble bipolaire (29,9%)
- Schizophrénie (29,8%)
- Trouble du spectre de l’autisme (22,2%)
Les auteurs ont identifié des facteurs favorisant l’auto-stigmatisation :
- Les femmes accédant aux centres de réhabilitation plus tardivement.
- Antécédents de tentative de suicide
- Insight élevé (meilleure conscience de la maladie)
- Commencement du rétablissement personnel
- Comorbidité psychiatrique (troubles ou maladies secondaires en plus du trouble initial)
- Sévérité clinique
Il existe également des facteurs qui protègent contre l’auto-stigmatisation : - Le bien être psychologique
- L’estime de soi
- Stade avancé du rétablissement personnel
- Adhésion au traitement (prise du traitement, suivi des thérapies)
- Satisfaction dans les relations interpersonnelles
Mais il existe également des facteurs ou l’on remarque aucun lien significatif : - Le type de diagnostic psychiatrique
- L’âge d’apparition de la maladie / trouble
- Le niveau d’éducation
- La situation familiale ou parentale
- Le fonctionnement cognitif
A retenir
Une prise de conscience de la maladie (insight) peut amener une personne à ressentir des émotions négatives et peut aller jusqu’à un état dépressif. L’article met en lumière le rôle de l’auto-stigmatisation dans cette prise de conscience.
Avec ces programmes de réhabilitation on pourrait voir une réduction de l’auto-stigmatisation qui peut amener une réduction de la dépression et des pensées suicidaires tout en favorisant le rétablissement.
Les centres de réhabilitation psychosociales peuvent proposer plusieurs orientations cliniques pour réduire l’auto-stigmatisation :
- La psychoéducation
- Le soutient par les pairs
- L’accompagnement à l’emploi
- Les TCC
- La remédiation cognitive
Il serait donc intéressant de faire des recherches sur l’efficacité de ces programmes et voir si les résultats indiquent une réduction de l’auto-stigmatisation.
Une des volontés des auteurs était de trouver des facteurs favorisants ou non l’auto-stigmatisation chez les personnes souffrant d’un trouble du spectre de l’autisme.
Les résultats indiquent que sur la cohorte il y a un pourcentage de 22% d’auto-stigmatisation chez les patients vivant avec un TSA, ce qui est moins élevé que les personnes avec un trouble de la personnalité borderline. Les liens entre auto-stigmatisation et TSA seraient intéressants à étudier.
Auteurs
Dubreucq, J., Plasse, J., Gabayet, F., Faraldo, M., Blanc, O., Chereau, I., Cervello, S., Couhet, G., Demily, C., Guillard-Bouhet, N., Gouache, B., Jaafari, N., Legrand, G., Legros-Lafarge, E., Pommier, R., Quilès, C., Straub, D., Verdoux, H., Vignaga, F., Massoubre, C., & Franck, N.
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