Tabac, alcool, écran, cannabis et alimentation : confinement et consommations à risque
L’étude menée par le Centre ressource de réhabilitation psychosociale a quantifié les consommations de tabac, d’alcool, de cannabis, d’aliments sucrés et salés, ainsi que le temps passé sur les écrans pendant le confinement. Elle a permis d’identifier certains facteurs ayant affecté ces consommations en France.
Cette enquête proposée du 8e au 13e jour de confinement à permis le recrutement d’un échantillon de 11 391 personnes. Les données à renseigner comprenaient le statut socioéconomique, les antécédents psychiatriques et addictologiques, les conditions matérielles du confinement, les items d’une échelle d’autoévaluation du niveau de stress, d’une échelle de bien-être mental et l’évolution des comportements à risque (écran, tabac, alcool, cannabis et alimentation).
Une tendance générale à l’augmentation de l’ensemble de ces consommations a été observée. Le bien-être psychique et le niveau de stress déclarés étaient statistiquement corrélés à cette augmentation.
Le fait d’être une femme de moins de 30 ans, célibataire, confinée seule en zone urbaine, sans espace de vie extérieur et sans activité salariée a été associé à une augmentation de la durée d’exposition aux écrans, tandis que l’augmentation de consommation de tabac a été plus marquée chez les femmes célibataires ayant un niveau d’éducation moyen et exerçant des fonctions professionnelles sur leur lieu de travail habituel.
La consommation d’alcool a augmenté chez les personnes de 30 à 50 ans ayant un un niveau d’étude élevé. Les jeunes avec un faible niveau d’études, actifs professionnellement, ont augmenté leur consommation de cannabis.
L’alimentation des femmes a été plus impactée que celle des hommes, notamment celle des femmes jeunes, vivant dans une petite surface et confinée seule.
Suivre un traitement ou avoir suivi un traitement pour une addiction n’a pas été associé à une augmentation d’une consommation à risque. Cette observation va à l’encontre de l’hypothèse d’une vulnérabilité des personnes présentant des antécédents dans ce domaine.
En ce qui concerne le tabac et le cannabis, les données recueillies dans le cadre de cette enquête sont en cohérence avec les données épidémiologiques françaises. Ces données en période de confinement suggèrent une reproduction des inégalités sociales de santé déjà observées au sein de la population, avec des comportements à risque surreprésentés dans les groupes socialement défavorisés. Une exception concerne la consommation d’alcool qui a augmenté plus sensiblement au sein des catégories sociales plus favorisées, ce que l’on peut interpréter comme un reflet de la façon dont une partie de la population a cherché à compenser cette situation subie et inédite.
L’augmentation de la durée d’exposition aux écrans a été la plus marquée dans cette enquête, sans que l’on dispose cependant de données sur les durées d’exposition par types d’usage (récréatif, professionnel, social…).
A l’aune de ces résultats et des profils de vulnérabilité dégagés dans cette étude, les auteurs plaident pour des campagnes de prévention ciblées.
Source : Rolland B, Haesebaert F, Zante E, Benyamina A, Haesebaert J, Franck N. Global changes and factors of increase in caloric/salty food, screen, and substance use, during the early COVID-19 containment phase in France : a general population online survey [published online ahead of print, 2020 Jun 25]. JMIR Public Health Surveill. 2020 ;10.2196/19630. doi:10.2196/19630
Bibliographie complémentaire : Santé publique France / Covid-19 : une enquête pour suivre l’évolution des comportements et de la santé mentale pendant l’épidémie