Portes vraiment ouvertes à HC1

L’hospitalisation complète en psychiatrie correspond à un épisode aigu de la maladie et donc à un état de souffrance majeure. Les conditions de cette hospitalisation sont souvent difficiles et marquées par la contrainte et parfois même l’isolement. Notre objectif est que cette étape du soin soit plus librement investie et constructive. Que la personne en soins puisse avoir accès aux outils qui favoriseront son rétablissement et par la suite, une meilleure qualité de vie. Qu’il n’y ait plus d’isolement. La porte s’est ouverte à HC1 en faveur de pratiques orientées rétablissement.

L’Unité HC1 accueille les patients âgés de 18 ans et plus. En avril dernier, elle comprend 24 lits d’hospitalisation, 1 chambre d’apaisement, 1 chambre d’isolement et 1 salon d’apaisement. Ces trois derniers espaces sont utilisés pour contenir les moments de crise, angoisse, agitation, crise suicidaire etc., toujours sur le mode de l’enfermement : la porte se ferme à clé.
L’architecture de l’unité est plutôt agréable : rez-de-jardin, chambres spacieuses, petits patios et une grande salle d’activité. Mais les plantes dans les patios sont fanées, le jardin est entouré par un grillage et dans la salle d’activités, on entend surtout la télé. La déambulation solitaire, les échanges de cigarettes et le trafic de cannabis sont les principales occupations des personnes hospitalisées.

Sous l’impulsion du nouveau projet de pôle, l’unité entame sa transformation au plan des pratiques.
Pendant le mois d’avril, 4 groupes de travail thématiques sont mis en place, chaque semaine. Le déroulé du séjour hospitalier est le fil rouge : l’accueil, le séjour, la sortie et la réduction du recours à l’isolement. Les groupes sont ouverts pour faciliter la participation de l’équipe pluridisciplinaire. Une approche complémentaire est proposée pour recueillir la parole de tous les usagers, professionnels et intervenants extérieurs, avec le projet de réaliser un « carnet de route ». Ce recueil est réalisé par la pair-aidante qui intervient dans l’unité, l’ingénieur hospitalier qui travaille sur les Directives Anticipées (Plan de Prévention Partagé) et un dessinateur qui est aussi un usager.

Début mai, les conclusions des groupes de travail sont présentées à l’encadrement du pôle et les premiers outils sont mis en place dans l’unité pour que le patient puisse être au cœur de son projet.

  • groupes de psychoéducation : groupe ouvert 2 fois par semaine, à thèmes et avec des professionnels différents dont le psychiatre, le cadre de santé, la pair-aidante, le médecin généraliste, l’assistante sociale etc.
  • gestion des émotions : à son arrivée, le patient remplit avec le soignant, un questionnaire. Le patient peut décrire le type de situation qui génère chez lui des émotions difficiles et il suggère au soignant la façon de l’aider pour s’apaiser. Le fait que le document soit signé permet de soutenir l’autodétermination de la personne et l’engagement des soignants.
  • groupes thérapeutiques à médiation artistique : la création musicale se met en place avec des musiciens en formation au CFMI (Centre de Formation des Musiciens Intervenants) situé sur le site de l’hôpital. Des démarches sont engagées pour soutenir l’intervention d’une artiste peintre par la suite.
  • Plan de Soins Individualisés : chaque patient sera invité à travailler avec un soignant sur le thème qui le préoccupe particulièrement. L’outil POPs est investi par l’équipe : il est plutôt ludique et facile d’usage. Les patients peuvent cliquer sur les bulles (thèmes) qui suscitent leur intérêt. Les questions précises qui s’affichent sont bien accueillies même si elles sont sensibles et précises.
  • chaque patient peut rencontrer la pair-aidante qui intervient dans l’unité, pour une rencontre individualisée et encouragée par l’équipe de soins.

Les familles sont systématiquement accueillies au début et à la fin de l’hospitalisation et autant que nécessaire tout au long du séjour. La personne est respectée dans sa dignité (il n’y a plus de pyjama obligatoire) et dans ses liens : on part du postulat qu’une personne ne peut pas aller mieux si elle est coupée de tous ceux qu’elle aime.

La transformation touche aussi les lieux : une chambre sensorielle est à l’étude en mai et sera livrée par le groupe « CREE » mi-juin. Il s’agit d’un modèle danois, offrant un espace d’apaisement sur le principe d’une « fenêtre thérapeutique » : un paysage est projeté, accompagné par une musique d’ambiance et un éclairage doux. C’est la chambre sensorielle « wavecare ». Elle sera à la disposition des patients pour un apaisement des moments d’angoisse ou d’anxiété. Elle soit aussi pouvoir être proposée par les soignants et suffisamment tôt pour une désescalade émotionnelle et éviter le recours à l’isolement. La porte n’est jamais fermée.

De façon concomitante à l’installation de la chambre sensorielle, la chambre d’apaisement (chambre d’isolement bis) est transformée en un espace récréatif : salon de lecture ou de jeux divers, origami ou repos tout simplement.

Dans ce contexte, la note d’intention de la création musicale qui comprenait une semaine de résidence et qui proposait l’investissement des lieux par la pratique musicale pendant la semaine s’est accompagnée d’une proposition de découverte de ces nouveaux outils.

Nous avons invité nos collègues de l’établissement, les usagers et des partenaires choisis à une semaine inédite de portes ouvertes du 21 au 25 juin. Chaque jour, ateliers de création musicale, fresque murale, expérience de la chambre sensorielle, conférences à thèmes centrés sur nos pratiques se sont succédé dans l’unité et nous ont offert des moments exceptionnels !

Vendredi, quand tout le monde est parti, un patient de l’unité m’a dit : « cette semaine, je n’ai pas pris mon « si besoin », j’étais bien … »

Photo de l’équipe d’HC1