Comment rendre concrète la participation des usagers et des aidants ?
Le Groupement de coopération sanitaire (GCS) pour la recherche et la formation en santé mentale, piloté par le Centre collaborateur de l’OMS de Lille, rassemble 29 établissements représentant 192 secteurs de psychiatrie. Suite à l’obtention d’un financement de la part de la Fondation de France, 11 services d’établissements* de ce GCS se sont portés volontaires pour travailler sur un projet visant à faciliter la mise en œuvre effective de la participation des usagers et aidants au fonctionnement des services de santé mentale.
Réunions en région
Un brainstorming national a d’abord été organisé : 12 réunions ont eu lieu entre janvier et mai 2023, en privilégiant des lieux de rencontre non hospitaliers. Au total, 238 personnes ont contribué aux réflexions, majoritairement des usagers et aidants, mais également des professionnels des établissements participants et du secteur social et médico-social, des Médiateurs de Santé-Pairs, des représentants associatifs ou communaux, des animateurs de GEM, les coordonnateurs de CLSM, etc. Les échanges sont allés au-delà de la seule question de la participation. Ils ont porté sur l’organisation des soins au niveau d’un service ou unité d’accompagnement, et ont également mobilisé des réflexions sur l’accueil, la place de la pair-aidance, la réhabilitation psycho-sociale, le rétablissement personnel…
Les outils développés
Suite à l’analyse des synthèses de ces échanges régionaux, une ingénierie pédagogique a été construite afin de sensibiliser les professionnels des services aux concepts sous-tendant la participation des usagers. Cette ingénierie comprend d’une part 7 fiches techniques, qui mettent en valeur et adaptent à la psychiatrie des informations juridiques, administratives, nationales et internationales, des conseils au montage de projet, ou encore des exemples de pratiques participatives. Le second volet est une formation destinée aux professionnels. Celle-ci est déployée en trois temps : d’abord, des outils préparatoires de e-learning construits autour du contenu des fiches et intégrant des vidéos, une journée d’intervention sur site et un wébinaire de bilan à 3 mois. Le déploiement de cette ingénierie de formation a lieu à la fin du premier semestre 2024 et sera évalué d’ici la fin de l’année 2024. Elle s’attache à travailler la question des injustices testimoniales, herméneutiques et épistémiques contributives, qui constituent les racines de la non participation en psychiatrie. A ce jour, 132 professionnels ont d’ores et déjà été formés.
Un projet participatif
Ce projet a été co-construit avec des experts d’expériences dès l’écriture du projet. « L’intervention », c’est-à-dire les outils développés, a été imaginée dans les suites des réflexions de l’ensemble des acteurs aux réunions locales. Les fiches techniques ont été relues et amendées par des personnes concernées par les troubles psychiques et par des professionnels. La formation a été co-construite et les sessions sont co-animées avec des personnes directement concernées, dans une logique participative de valorisation des savoirs expérientiels.
Perspectives
Si les évaluations de ces actions locales démontrent que les outils utilisés sont de nature à favoriser et susciter la mise en œuvre de projets participatifs dans les services, ce projet pourrait connaître une seconde phase de développement et une extension à de nouveaux services de santé mentale du GCS volontaires.
*EPS Barthelemy Durand (Etampes) ; CH Edouard Toulouse (Marseille) ; Hôpital Sainte-Marie (Nice) ; Fondation Bonsauveur de la Manche (Cherbourg) ; CH de la Drôme (Valence) ; CESAME (Angers) ; CH de la Candélie (Agen) ; Centre psychothérapique de Nancy ; CH Guillaume Régnier (Rennes) ; au CH de Cadillac et EPSM de la Réunion.
Contact : alain.dannet chez ghtpsy-npdc.fr