Les pratiques orientées rétablissement réduisent les risques de décompensation psychiatrique

Une nouvelle publication du Lancet identifie les pratiques non pharmacologiques les plus efficientes en contexte de troubles de la schizophrénie pour prévenir le risque de rechute.

En résumé

Les pratiques orientées rétablissement préviennent efficacement les rechutes liées à la schizophrénie : c’est ce que permet de réaffirmer avec force une méta-analyse de Bighelli et collaborateurs parue récemment dans la revue The Lancet. Ce travail a montré quelles interventions destinées à traiter les manifestations de la schizophrénie jouent un rôle protecteur face au risque de décompensation. Cette méta-analyse, qui a porté sur 72 études pour un total de 10 364 participants, a mis en évidence l’action bénéfique au bout d’un an des interventions à destination des familles (en particulier la psychoéducation des familles) et des thérapies cognitives et comportementales, par comparaison aux approches purement pharmacologiques.

Que faut-il retenir ?

Les rechutes sont associées à une moindre qualité de vie des personnes, à des ré-hospitalisations, des coûts de santé importants, à des situations de chômage durables. Les antipsychotiques sont efficaces pour traiter les épisodes psychotiques et les prévenir, au prix d’effets indésirables notables. Malgré ce traitement, chaque année, près d’un quart des personnes vivant avec une schizophrénie n’échappe pas à un nouvel épisode psychotique, selon une revue Cochrane.

Ce résultat constitue un défi majeur pour les approches non pharmacologiques et une incitation forte à les mobiliser. Or, d’après la méta-analyse de Bighelli et al, ces approches sont bien tolérées et suscitent l’adhésion des personnes. Elles nécessitent parfois du temps pour que leurs effets protecteurs soient bien tangibles , - c’est le cas notamment, d’après les résultats de cette étude, de la psychoéducation des familles, dont l’efficacité est supérieure aux approches par traitement seul après un an, mais équivalente à 6 mois. A l’aune de ces résultats, les auteurs plaident sans réserve pour que ces approches soient proposées de façon systématique et prioritaire, en tant que bénéfique à long terme.

Pourquoi cette publication est-elle importante ?

La mise en place des pratiques orientées vers le rétablissement est à nouveau légitimée et la démarche de désinstitutionnalisation de la santé mentale qui la sous-tend est confortée à travers la publication de ces nouvelles données scientifiques. Ce résultat doit nous encourager à poursuivre le travail accompli, tant au niveau sanitaire que médicosocial, pour réduire le recours à l’hospitalisation, sécuriser les trajectoires et promouvoir le mieux-être des personnes tout au long de leur parcours de prise en charge.

Source :
Psychosocial and psychological interventions for relapse prevention in schizophrenia : a systematic review and network meta-analysis, Irene Bighelli, Alessandro Rodolico, Helena García-Mieres, Gabi Pitschel-Walz, Wulf-Peter Hansen, Johannes Schneider-Thoma, et al., The Lancet, octobre 2021.
https://www.thelancet.com/journals/lanpsy/article/PIIS2215-0366(21)00243-1/fulltext