Entretien avec Fabien GRECO, chef de service du SAMSAH orienté rétablissement de l’ALGED
Votre service en quelques mots...
Le SAMSAH de Mornant accompagne 30 personnes avec tous types de handicaps depuis 2015 (handicaps acquis ou innés, avec des altérations psychiques, neurologiques ou physiques). En 2019 une extension de 8 places orientées rétablissement a été mise en place. Le SAMSAH intervient sur tout le sud du département du Rhône et sur la partie Givors/Grigny pour la Métropole.
Voilà maintenant près de 3 ans que vous développez une offre de SAMSAH orientée vers le rétablissement de ses usagers. Comment décririez-vous cette offre aujourd’hui ?
L’offre proposée sur le SAMSAH orienté rétablissement permet aux usagers d’être accompagnés par une équipe pluridisciplinaire à partir d’évaluations en milieu écologique et d’accompagnements physiques et spécialisés en fonction des problèmes rencontrés (accès au logement, citoyenneté, loisirs, démarches administratives, soin, travail…).
Le SAMSAH travaille uniquement à partir des besoins priorisés par les personnes elles-mêmes, grâce à l’outil ELADEB. Les professionnels se saisissent des recommandations des centres de réhabilitation pour proposer un parcours adapté : groupes d’habiletés sociales, psychoéducation (alimentation, rétablissement, bouger), ateliers de remédiation cognitive…
Sur le champ du travail, du logement ou de l’inclusion sociale, le SAMSAH collabore avec d’autres partenaires, soit par conventionnement ou achat de prestations. Ce système permet de faire évoluer notre offre et de l’ajuster aux besoins de chacun.
Situé principalement en zone rurale, le SAMSAH est confronté à un paradoxe : proposer une offre de services accessible, développant l’autonomie dans un environnement dépourvu de transports en commun, où l’accès aux centres de réhabilitation reste compliqué. Aussi, le SAMSAH réfléchit à d’autres modalités d’orientation des publics à partir des acteurs locaux du territoire.
A qui s’adresse cette offre ?
Cette offre s’adresse à toute personne orientée dans notre service par la MDPH et ayant eu une évaluation d’un un centre de réhabilitation (SUR ou CESAR) validant un parcours orienté rétablissement.
Comment décririez-vous les compétences qu’il a fallu renforcer ou acquérir en équipe ?
L’équipe a dû dans un 1er temps se former à la réhabilitation psychosociale de manière générale, même si en théorie la philosophie de l’accompagnement était plutôt motivante pour les professionnels. Ill n’en reste pas moins que cela implique un changement de posture professionnelle qui se travaille, s’accompagne, mais ne se décrète pas. Bien entendu, il a ensuite fallu se former à l’utilisation d’outils spécifiques.
Une expérience forte dans le cadre du pilotage de ce projet que vous voudriez partager ?
Travailler dans le cadre de la réhabilitation psychosociale m’a surtout permis de découvrir le travail avec des pair-aidants. C’est pour moi ce qui a été le plus frappant en terme de découverte et de changement de méthode de travail.
J’ai été aussi surpris de voir comment certaines méthodes de travail ont été extrêmement vite adoptées et comment un retour en arrière semble inenvisageable pour l’équipe.
Par exemple aujourd’hui les personnes concernées participent à ce que nous appelons les « réunions de synthèse » « qui avant étaient un espace de réflexion réservé aux professionnels. Cela change radicalement la posture de l’accompagnateur, et à ce jour nous n’imaginons plus fonctionner autrement.
Vous êtes engagés dans la promotion de la réhabilitation psychosociale médicosociale à l’échelle de votre association. Pourquoi cette ambition ? Qu’en attendez-vous ?
C’est surtout la posture de l’accompagnateur vis-à-vis de l’usager que j’ai envie de promouvoir, la posture où l’on considère l’usager comme un partenaire. Elle est en contrepoint d’une attitude plus commune où le « sachant » apporterait les réponses au bénéficiaire qui serait le « non sachant ». Les outils de la réhabilitation sont garants de cette posture.
C’est ce que j’ai pu observer dans un Foyer de vie accompagnant des personnes en situation de déficience intellectuelle. Ce public n’est pas a priori le public accompagné en réhabilitation psychosociale, ce qui n’empêche pas les équipes de se saisir d’ELADEB pour l’élaboration des projets personnalisés.