CONFiture maison, saison 5, épisode 2

Cette semaine, voici les thématiques proposées :

Actualité : Le premier mai, c’est muguet !

Évasion : Les yeux dans le vague

WTF : Carrosse, vélo, soucoupe volante, ou ... ?

Il est aussi possible de proposer une thématique libre.


Voici les merveilleuses créations de la semaine :

Le puzzle, Jacques

Bonjour monsieur vous n’auriez pas la pièce de mon puzzle ?

Mais de quel puzzle monsieur ?

Le puzzle que j’ai dans les mains monsieur !

Je ne vois rien !

Mais enfin monsieur regardez mieux !

Oui je ne vois toujours rien !

Monsieur enfin vous ne voyez pas le puzzle que je tiens dans les mains ?!

Je ne vois pas monsieur !

Vous voulez dire que vous êtes non voyant ?

Oui monsieur !

Ça alors je n’y ai vu que du feu !

Alors comme ça vous chercher une pièce de votre puzzle ?

Oui c’est un puzzle de Paris monsieur !

Vous avez regardé dans votre poche ?

Dans ma poche ! Oui tiens elle est là ! Merci bien monsieur !


Regard vagué, I

En carrosse, à vélo ou en soucoupe volante ?, Delphine

Carrosse, vélo, soucoupe volante, ou … ?
Pour moi ! Ça sera à pied, on n’est jamais mieux servi que par soi-même ! Tous ces nouveaux modes de transport, je n’ai jamais eu confiance. Ce n’est pas faute d’avoir essayé, pourtant ! On ne m’y reprendra pas... Rappelez-vous : Le carrosse, parlons-en ! La seule fois où je l’ai pris, c’était avec la fée Carabosse, et j’ai perdu ma chaussure en revenant du bal, on avait perdu une roue aussi... Heureusement, le prince passait par là... ! Le vélo, oui ! Encore faudrait-il que les pneus soient gonflés et non crevés ! Quant à la soucoupe volante, aille-aille-aille ! Je suis partie si loin dans le cosmos que j’ai rencontré en chemin un extraterrestre tout vert... si si ! Je vous assure... ! La frayeur !! Alors non... c’est trop ! A pied, ça me va bien ! J’assure mes 10 000 pas par jour et avec ça, on n’encrasse pas le moteur, ni la carcasse. Bon pied, bon œil ! Avis de princesse certifié !


La machine de téléportation, Vincent Riot-Sarcey


Indécision, Ain Visible

Les yeux dans le vide, je suis perdue.
J’aime imaginer que je m’enfuis de cette vie qui ne me convient pas.
Je vois les paysages défiler et une liberté qui m’attire et m’appelle.
J’essaie de lui tendre la main mais elle est hésitante, nerveuse.
J’hésite entre un lieu stable et une vie remplie de voyages et de découvertes.
Des milliers de photos d’instants immortalisés et de personnes rencontrées au gré de mes balades et de ma curiosité.
Je fantasme ces moments et les idéalise.
J’en viens à avoir peur de les vivre et que ça ne se passe pas comme j’avais imaginé.
Que je sois déçue de mes trouvailles et de mes rencontres.
Que rien ne me satisfasse et que je rentre encore plus malheureuse qu’avant.
Bien sûr, il y a aussi l’éventualité que tout se passe très bien et que ce soit meilleur que tout ce que j’avais prévu.
Je nage entre ces deux eaux et hésite à me lancer.
Les yeux dans le vague, je suis partagée entre ces deux mondes.


Les yeux dans le vague, Plop


Le muguet, MFB

J’aime le brin de muguet
Pour son odeur
Puissante et délicate à la fois.
C’est étrange, à chaque fois,
Je ferme les yeux
Et je me laisse toucher par ce parfum
Qui me fait me sentir bien.
Fidèle, il est là.
L’odeur, sentir cette odeur,
C’est tout une histoire en moi,
Des souvenirs de mon enfance qui reviennent.
J’aime me parfumer,
C’est un peu se transformer en fleur
C’est offrir un peu de bonheur.


La jeune fille du Premier Mai, Vincent Riot-Sarcey


Le 1er mai, c’est muguet ! Et le 2 alors ?!, Delphine

On m’oublie, moi ?! Quelle injustice !
Alors pour le 1er on sort le grand jeu, le muguet, la fête du travail, le jour du Bonheur absolu et quoi d’autre encore... ? Ben voyons ! Le 1er mérite toutes les louanges et moi, le 2 que dalle ! Au pire, le lendemain du 1er ! Le 1er a la médaille et moi, ça sera l’argent et le 3 le bronze...sans parler du 4, le pauvr’... !
Ne pourrait-on pas inventer une fête de la pâquerette et une autre du coquelicot ? Pourquoi le 1er se distingue si brillamment alors que je suis sûre que la fête du myosotis aurait un succès énorme... Manque-t-on à ce point d’imagination ? Le 1er mai veut sa fête ! Soit ! Qu’il soit fêté dignement !

Le 1er mai, c’est muguet ! Le 2 la fête de la pâquerette et le 3 du coquelicot, le 4 c’est le myosotis et ensuite je vous laisse libre court à votre imagination, prenez la clé des champs....vagabondez à travers les prés... rouler-bouler ! Olé !
Fête du travail, dit-on ! Ben cette année c’est rapé ! Ça tombe un dimanche ! Alors ça sera chômé forcé.

Comme c’est étrange en effet, ce muguet qui fleurit dans les sous-bois, comme une invitation à la promenade champêtre, cueillez-moi nous susurre-t-il et offrez à vos proches ce moment unique de Bonheur pour le plaisir de donner et celui de recevoir, comme un échange. En aucun cas, obligation tu ne deviens et les clochettes sont toujours sincères, elles ne trompent pas. On les sent d’un parfum très aromatique et on les entendrait presque tinter tant elles sont pures et belles. L’occasion unique de renouer les amitiés en déclin. Un réconfort gigantesque pour toutes les personnes isolées ou malades. Fleurs de tous les espoirs. Croyez-moi, dimanche ou pas, cette année le 1er mai c’est le jour du Bonheur pour tous sans modération !


La tête dans les choux, Vincent Riot-Sarcey

Liquide. Je n’ai pas choisi mon flacon. Nabil

Je ne suis rien d’autre qu’une âme dans un corps. Ce corps est un flacon, une bouteille, une flasque en quelque sorte. Je ne l’ai pas choisi et je m’en porte bien. Les choses sont ainsi faites.

Certains pourraient me rétorquer qu’il vaut mieux être contenu dans tel ou tel contenant, plus agréable à l’œil ou plus solide selon son idée. Ce n’est pas ce que je souhaite développer bien que cela puisse être "intéressant".

Ce qui me dérange, ce sont les étiquettes. Vous savez, celles qui se trouvent collées à l’arrière de la bouteille, hors de mon champ de vision.

Et, surtout, les réactions qu’elles provoquent. Tout simplement parce que suis incapable de les prévoir.

Des tas de récipients s’entrechoquent autour de moi. Les spéculations sur le contenu de ma bouteille fusent.

Suis-je poison ou remède ? Soluble ou solvant ?

La réponse est cinglante. "Tout est marqué sur l’étiquette !"

Tout le monde semble savoir ce que je suis d’après elle. Chacun sait où me ranger.

Les plus expéditifs me trouvent vite une place : telle ou telle étagère. Sous l’évier, dans la cave ou dans la salle de bain, peut-être même dans le garage.

Comme si cela ne suffisait pas, chacun s’en rajouterait à l’envie. Trop de mots, de codes, de rites. Une accumulation de signes et de mouvements qui, pour moi, rend tout ce monde illisible. On hurle les slogans. On se positionne de manière binaire : pour ou contre la cause.

Sans étiquette, tu es le traître potentiel. Le traître est censé être versatile par essence. Raison pour laquelle il ne choisit pas. Cette rhétorique paraît imparable, portant en elle une violence muette. Je pressens le fracas.

Le flacon qu’est ce corps est tiré de toute part, chacun me désignant une place précise. Les injonctions saturent mes sens. La pensée est moins fluide. Certains poussent, d’autres tirent. Puis tout à coup, les choses ralentissent. Les liquides se répandent.

Cela sent le sang, mais aussi le parfum, un peu l’encre et beaucoup le fiel.

Les gens posent souvent la question :"Que contiens-tu vraiment ?"

L’effort n’est plus nécessaire pour répondre. L’étiquette dit tout : origines sociales, ethniques, orientation sexuelle, idées politiques, spiritualité, handicap. De toute façon, ton étiquette est bonne ou mauvaise. Tu es Danger ou victime. Noir ou blanc. Docile ou sauvage. Barbare ou civilisé. Tout cela manque de contraste.

J’ai vraiment l’impression qu’il y a quelque chose de l’ordre du "au Diable, la nuance !" Le tri se fait de manière très sèche et rapide. La question ne se pose plus. On a déjà tout lu sans même essayer de comprendre ce que pouvait réellement contenir le flacon.

Ma question est la suivante : serait ce possible ? Un doux nectar caché dans une bouteille des plus banales ou de l’autre côté, un poison des plus redoutables et des plus mortels dans un flacon des plus raffinés. La vie m’a appris que oui. Mais je ne parle pas assez fort. Il faudrait que je crie, et ça, je ne le veux pas.

L’autre question que je me pose, c’est "où sont ceux et celles qui cherchent ?" J’ai l’impression que la curiosité et l’esprit critique se sont évaporés, tout doucement. Les deux sont peut-être un tout petit peu trop volatiles.

Écrit en tout petit caractère sur mon flacon, il y a un mot : fragile. Je me briserai, peu-être. Et si le flacon se brise, j’espère que cela sentira ne serait ce qu’un peu la liberté. Juste histoire que la foule autour de moi se rappelle de son odeur. Pour ce qui est des morceaux de verre ? S’il vous plaît, jetez-les à l’eau.

J’adorerais qu’ils finissent en galet, au bord de l’océan. Vous savez, ces galets en verre dépoli. Au pire, je resterai chez moi, ou j’irai prendre l’air. Si vous choisissez de ne pas raisonner, bon vent à vous.

Un fou qui rêve encore.


Participation libre : " Samedi matin ", Vincent Riot-Sarcey