Le Cognitive Biases Questionnaire for Psychosis dispose désormais d’une traduction en français. Cet outil permet de repérer les biais cognitifs et d’adapter sa stratégie de prise en soins en fonction des scores obtenus.

Le contexte de cette étude

Plusieurs études ont mis en évidence les biais cognitifs comme marqueurs de troubles psychiques et leur impact sur la sévérité et persistance des symptômes. En réduisant les biais cognitifs, on réduit certains symptômes, dont les symptômes psychotiques, notamment avec les thérapies dites cognitives et comportementales. Or, pour faciliter les pratiques et systématiser le repérage des biais cognitifs, une équipe internationale a élaboré un questionnaire des biais cognitifs intitulé le Cognitive Biases Questionnaire for Psychosis.

Ce dernier permet de détecter 5 biais cognitifs :

1. le saut aux conclusion, où l’on préjuge d’une situation sans prendre en compte toutes les informations nécessaires pour produire un jugement
2. l’intentionalisation ou biais d’attribution
3. la catastrophisation, une manifestation d’anxiété qui conduit à imaginer des scénarios catastrophes sans motif rationnel
4. le raisonnement émotionnel qui conduit à persévérer dans une croyance sans fondement en apportant une prétendue preuve de cette croyance
5.la pensée dichotomique qui entraîne un mode de raisonnement sans nuances où tout est « noir ou blanc »

Ce questionnaire bien que traduit et validé dans plusieurs langues, n’avait pas encore été ni traduit ni validé en français. Cette étude publiée dans la revue BMC Psychiatry s’est ainsi donnée pour objectif d’en valider la version francophone.

La méthodologie

Le questionnaire a été testé auprès d’un échantillon constitué de 579 participants dits contrôle, 30 participants présentant un trouble psychotique et 37 participants présentant une dépression.

Ce qu’apporte cette étude

A rebours des approches catégorielles, il s’agissait également de mettre en évidence l’existence de biais cognitifs, tant chez les personnes présentant un trouble psychique sévère que chez les personnes présentant une dépression. Plus encore, les scores de la population contrôle étaient relativement importants également. De fait, celle-ci étant constituée d’étudiants, une population dans laquelle on trouve des niveaux de détresse psychique importants, les scores enregistrés allaient eux aussi dans le sens d’une approche trans-diagnostique des biais cognitifs : un score individuel reflétait ici non pas tant un diagnostic qu’un niveau de détresse psychique, sur un temps donné.

En bref

Désormais validé dans sa version francophone auprès de la population étudiée, ce questionnaire peut permettre de repérer les biais cognitifs des personnes présentant un trouble de la santé mentale, qu’il s’agisse de troubles psychotiques ou autres troubles de la santé mentale. Comme il est simple d’utilisation, il peut être utilisé efficacement pour mesurer l’évolution des biais cognitifs à l’issue d’une prise en soins, dans une dynamique « avant et après » afin d’apprécier les effets de la prise en soins.

Source de l’article : Samson, C., Achim, A. M., Sicard, V., Gilker, A., Francoeur, A., Franck, N., Cloutier, B., Giguère, C. E., Jean-Baptiste, F., & Lecomte, T. (2022). Further validation of the Cognitive Biases Questionnaire for psychosis. BMC Psychiatry, 22, 560. https://doi.org/10.1186/s12888-022-04203-8