PORTRAIT E-SAMSAH n°1 mars 2020
François ANIZAN, directeur parcours et qualité au sein de l’association la Roche revient sur la contribution de la Roche à la formalisation du projet de SAMSAH rétablissement dans la Loire.
Pourriez-vous vous présenter en quelques mots ?
Je suis directeur parcours et qualité au sein de l’association La Roche, gestionnaire de 16 établissements et services médico-sociaux situés dans le Rhône et La Loire qui accueillent près de 600 adultes fragilisés du point de vue de leur santé mentale. L’entrée des personnes dans l’association s’effectue généralement après plusieurs années de parcours de vie chaotique. Nos approches sont encore majoritairement axées sur le soutien des personnes dans leurs difficultés quotidiennes. Pour notre SAMSAH sur Roanne, il s’agit d’une population (16 personnes concernées) pour laquelle la maladie psychique est vécue depuis plusieurs années : moyenne d’âge 48 ans, 11 personnes bénéficient d’une mesure de protection juridique, 12 d’entre elles sont accompagnées depuis plus de 2 ans (durée moyenne d’accompagnement 6 ans).
Vous avez participé à l’élaboration du projet de SAMSAH orienté rétablissement pour la Loire dans le cadre d’un partenariat ténu avec le Rehacoor, quels espoirs y placez-vous ?
L’association La Roche est agréée pour l’un des trois SAMSAH de la Loire. A ce titre, elle a coopéré dès 2018 avec le Groupement de Coopération Sociale et Médico-Sociale Réhacoor 42 pour répondre à l’appel à projet de l’Agence Régionale de Santé. L’objectif était de créer un SAMSAH déployant des pratiques orientées vers le rétablissement et favorisant notamment l’accès au logement. Ce SAMSAH est aujourd’hui nommé Dé-Part’s - Dispositif d’étayage Partenarial pour la Participation Sociale.
Cette coopération permet un véritable renforcement du partenariat sanitaire et médico-social dans la Loire. Elle s’appuie sur le Centre Référent REHAlise pour se familiariser plus concrètement avec les pratiques et les méthodes de la Réhabilitation Psychosociale ainsi que sur le centre de Proximité du CH de Roanne. Un des enjeux de ce dispositif est de démontrer la capacité d’un ensemble de partenaires à agir de manière interdépendante et de structurer une offre nouvelle sur l’ensemble du territoire, « souple et réactive à la fois ».
L’engagement dans la réponse à cet appel à projet nous a conduits à informer les professionnels de nos services sur Roanne sur des pratiques visant le Rétablissement. Nous soulignons que cette équipe conduisait dans le même temps un travail de révision du projet d’établissement :
Restaurer l’espoir, c’est-à-dire construire un accompagnement qui témoigne de la confiance des professionnels envers la personne et ses capacités et soutenir la personne dans la reconstruction d’une confiance de soi, voire d’une estime soi (…). Favoriser l’auto-détermination, Promouvoir l’inclusion sociale (…). Dans les accompagnements individuels, nous n’avons pas encore développé la question du partage entre pairs mais nous construisons des projets dans ce sens.
Comment envisagez-vous l’impact des approches orientées rétablissement dans le paysage de l’accompagnement des personnes atteintes de handicap psychique ?
Fin 2019, 10 professionnels des équipes SAMSAH, CAJ et Service d’Accompagnement à la Vie Sociale ainsi que 32 personnes concernées et 10 proches aidants ont participé à une enquête pour qualifier la place des valeurs du rétablissement (Cf. Observatoire Centre de Réhabilitation Psychosociale - CH Le Vinatier).
Sur Roanne, nous dynamisons les instances de participation notamment par la mise en place formelle d’un Conseil de la Vie Sociale dont la Présidence est assurée par une personne concernée élue par ses pairs. Toutes ces conditions réunies ont sans doute permis aussi l’émergence du Groupe d’Entraide Mutuelle du Roannais que La Roche parraine.
Quelle que soit l’approche, nous observons progressivement un changement de posture tant du point de vue des professionnels que des personnes concernées. La mise en œuvre des Droits fait référence. Les acteurs réagissent car les places se précisent. Pour accentuer cette convergence des actions entre elles, il faut aussi noter que nous nous sommes engagés dans le cadre de l’un de nos Contrat d’Objectifs et de Moyens à développer la file active du SAMSAH pour passer progressivement de 2020 à 2022 à un taux de file active de 1,8 par une réduction des actes sur les personnes accompagnées de longue date (> 2 ans) par le SAMSAH (1,56 en 2018). Pour accompagner les parcours avec plus d’efficience, il faut que l’on s’inspire des principes d’intervention du SAMSAH Réhab. Dé-Part’s, notamment « dans une position médiane, entre le modèle « Suivi Intensif » (Assertive Communauty Treatment) principalement assuré par des équipes médicales et le modèle « Suivi d’Intensité Variable » (Case Management) davantage incarné par les pratiques mise en œuvre par les ressources médicosociales ».
Comment envisagez-vous la notion de parcours vers le rétablissement ? (conditions, valeurs,...)
A travers la mise en place de ce SAMSAH sur le bassin de Roanne, et également dans le cadre de la mise en place d’un autre SAMSAH du même type porté par l’association Grim dans le Rhône avec laquelle nous travaillons en grande proximité, l’enjeu pour La Roche est d’essaimer progressivement cette notion de parcours vers le rétablissement. Par exemple, notre projet de Maison d’Accueil Spécialisée (MAS) Handicap Psychique dans le nord du Rhône place au cœur de ses orientations l’importance des interactions avec l’environnement, des symboles de temporalité, d’une adaptation permanente aux besoins exprimés, d’un exercice dès que possible des habiletés sociales.
Enfin, qu’il s’agisse de la MAS ou de nos autres établissements (ESAT, foyer…), il y a une véritable continuité (voire imbrication) entre ce que met en place le Soin en terme de thérapie (l’éducation thérapeutique, la remédiation cognitive, l’ergothérapie, la thérapie corporelle…) et ce qui se met en pratique sur les lieux de vie des Personnes, avec l’accompagnement médico-social.