Une coopération intersectorielle au bénéfice du rétablissement

Le projet régional de déploiement de SAMSAH orientés rétablissement en région Auvergne-Rhône-Alpes requiert une coordination et une communication renforcées entre l’équipe du SAMSAH et les centres de réhabilitation psychosociale dès lors qu’ils sont à l’origine de l’orientation des personnes vers le SAMSAH. Cette coordination participe à l’optimisation du parcours de soin en adaptant les accompagnements aux besoins et priorités des usagers. A travers une expérience récente de co-construction d’un parcours de rétablissement, Michel Dos Santos (MDS) assistant social au SUR et Justine Lacherez (JL), éducatrice spécialisée au sein du Service Rétablissement ALHPI à Bourgoin-Jallieu, reviennent sur les composantes d’une coordination intersectorielle au bénéfice des usagers. Adèle* est accompagnée au SUR. Elle y a bénéficié d’un diagnostic médical et de bilans initiaux afin d’évaluer ses forces et ressources puis d’un accompagnement personnalisé dans le cadre de son projet de rétablissement. Prête à vivre dans un logement autonome, elle a souhaité en concertation avec l’équipe du SUR, solliciter l’appui conjoint du service rétablissement de l’ALHPI pour l’accompagner dans son projet d’accès à un logement autonome comme une étape de son projet de vie, à laquelle elle associe beaucoup d’enjeux.

Le parcours d’Adèle s’organise entre son projet de vie, son suivi actuel au SUR et le service rétablissement de l’ALHPI. Comment se met en place la décision partagée ?

MDS : La décision appartient toujours à Adèle. C’est elle qui organise son parcours et ses RDV, avec l’appui plus ou moins important (et en fonction des besoins) des intervenants. Les liens entre le SUR et le SAMSAH se font « au fil de l’eau », sans formalisation particulière. Les deux services se tiennent au courant des actions entreprises et en cours, dans une logique d’association d’énergies. En somme, les partenaires s’associent pour accompagner Adèle dans son projet. Adèle est par conséquent systématiquement informée des échanges la concernant. Les échanges prennent des formes variées : courriels, liens téléphoniques, rencontres (synthèses) en fonction des besoins.

JL : Adèle nous a fait rapidement la demande d’être en lien avec le SUR. Elle est donc informée de nos échanges. Nous échangeons par mail majoritairement. Ces échanges permettent aux services de partager leurs questionnements concernant l’accompagnement d’Adèle, pour tenter de coordonner nos actions, éviter les doublons et proposer à Adèle un soutien cohérent et clair. Prochainement, nous allons pouvoir prendre un temps d’échanges avec Adèle pour évoquer ensemble, en présence des deux services, ses demandes, l’accompagnement général, les missions et les limites de chacun.

Dès lors que l’accompagnement d’un usager mobilise des équipes et structures différentes, quels sont selon vous les ingrédients d’un partenariat efficace ?

MDS : L’usager étant le décisionnaire, son accord concernant les échanges d’informations est indispensable. La confiance mutuelle demeure la condition sine qua non d’un partenariat efficient. Les professionnels doivent pouvoir coopérer de façon fluide, chacun apportant sa contribution à l’accompagnement de l’usager. Il est primordial de formuler le but du partenariat, aussi évident puisse-t-il paraitre, d’une part, et de préciser « qui fait quoi, d’autre part. » Par ailleurs, il faut permettre que ce « qui fait quoi » puisse évoluer au gré de l’évolution du projet de l’usager. Étant avant tout une question de relation, le partenariat s’appuie sur un engagement entre professionnels différents mais égaux, dans le sens où chacun œuvre dans une sphère qui lui est spécifique sans qu’il y ait de hiérarchie des fonctions ou des actions.

JL : Pour un partenariat efficace, avec l’accord de la personne, il nous semble important de pouvoir communiquer et échanger « facilement » sur nos pratiques et nos missions de manière générale. Il est aussi important de pouvoir échanger sur nos questionnements respectifs pour tenter d’apporter un soutien le plus cohérent et clair pour Adèle.

Comment ce partenariat va-t-il évoluer dans le temps, à mesure qu’Adèle progressera dans sa trajectoire de rétablissement ?

JL : Pour notre service, il nous semble être encore trop tôt pour projeter l’accompagnement dans le temps. Dans les faits, il nous semble indispensable de garder un lien avec les partenaires et d’en créer de nouveaux si nécessaire pour l’accompagnement d’Adèle.

MDS : Le partenariat va évoluer dans sa forme mais pas dans le fond me semble-t-il. Chaque partenaire adaptera son accompagnement en fonction de l’évolution du trajet d’Adèle. Les liens partenariaux, en définitive, accompagnent l’évolution du parcours d’Adèle. Ceci étant et compte tenu de l’aspect transitoire de l’accompagnement par le SAMSAH, les relais constituent une préoccupation majeure du partenariat et leur pertinence dépend en grande partie de l’alliance entre les acteurs. Peut-être que le partenariat aura tendance à se formaliser davantage à mesure que le projet d’Adèle avance. Il sera en tous cas surtout question de préciser et rappeler les objectifs et les engagements de chacun afin d’être en mesure d’effectuer les relais les plus pertinents possibles. La fréquence des rendez-vous s’adaptera aux relais à effectuer et pourra donc augmenter en fonction par exemple des accompagnements physiques à réaliser ou des démarches sociales et administratives à effectuer.

* Le prénom a été modifié