[Outil] Le groupe ouverture sociale : retrouvrer la notion de plaisir et le lien social

Animé par Dorothée Fanget, Conseillère en économie Sociale et Familiale, et Marianne Reynaud, éducatrice spécialisée, le groupe ouverture sociale a été créé au centre référent de réhabilitation psychosociale de Lyon, il y a un peu plus de 5 ans. Son objectif : développer la notion de plaisir et d’ouverture aux autres et à son environnement. Dans cet article, illustré par des témoignages et photos des participants et professionnelles, retour sur les objectifs, le déroulement et les apports de ce groupe.


Le groupe ouverture sociale en bref

  • Développé au SUR-CL3R, depuis 5 ans
  • Animé par une éducatrice spécialisée et une Conseillère en économie Sociale et Familiale
  • A destination des personnes qui ont des difficultés à sortir ou à être en lien avec les autres
  • Objectif : Développer le plaisir à faire des activités et le lien social
  • Rythme progressif pendant 6 mois : 1 fois tous les 15 jours puis 2 matinées par semaine
  • Placé sous le signe des 5 sens et des sorties
  • Les référentes s’engagent, au même titre que les participants, dans les expériences proposées (tour d’humeur en début et fin de séance, "petits bonheurs", partage d’objet, journal d’exploration, etc.)

Le déroulement en bref

  • Une première séance qui commence en douceur autour d’une gourmandise : la fabrication et la dégustation de crêpes donne le ton du groupe, qui sera placé sous le signe du plaisir et du partage.
  • Trois sorties organisées par les professionnelles
  • Trois sorties organisées par les participants
  • Des séances de retours d’expériences et d’échanges
  • Une présentation finale du groupe par les participants à quelques professionnels du service

Au cœur du dispositif, la notion de plaisir

à travers des sorties, autour des 5 sens et des rencontres avec des intervenants extérieurs (musicien, graphiste, jardinier, etc.)


Ce qui est riche ce sont les rencontres, car on fait intervenir des personnes qui n’ont rien à voir avec la psychiatrie, qui ne sont pas des soignants. On est dans un rapport égalitaire. Je pars du principe que ce qui soigne, c’est le lien à l’autre. (M. REYNAUD)


Tout au long de ce groupe, l’accent est mis sur les perceptions sensorielles. L’un des objectifs est de se recentrer sur ses expériences, qu’elles soient émotionnelles et/ou corporelles à travers la notion des 5 sens : le goût, le toucher, l’odorat, l’ouïe et la vue. Cela est essentiel car il est en effet difficile d’être en relation avec son environnement social, si on a du mal à percevoir son corps et ses émotions.


De manière générale, le fait de parler des 5 sens permet de se concentrer sur le ressenti physique. On a pu comparer nos sensations entre nous. Moi j’ai bien aimé les séances où il y avait des intervenants […] Il y a un échange, du relationnel avec la personne. (Témoignage d’un participant)


Les trois premières sorties du groupe sont organisées par les deux professionnelles. Puis c’est aux participants de s’emparer de l’idée, d’imaginer et d’organiser les trois prochaines sorties. Cela implique de co-construire collectivement. Le groupe étant indiqué pour des personnes qui ont souvent des difficultés à sortir et à être en lien avec les autres, les sorties sont une médiation privilégiée pour être en lien. Cela nécessite de discuter ensemble, de donner son avis, de faire des choix, de faire des recherches sur internet ou de téléphoner, de regarder les trajets de chacun et se mettre d’accord pour un point de rencontre. Ainsi, les sorties participent aussi à renforcer l’autonomie dans les transports, les rendez-vous se donnant directement dans la ville ; plutôt qu’au centre de réhabilitation.

Biennale d’art contemporain 2015, la SucrièreBiennale d'art contemporain 2015, la Sucrière

Des médiations variées

Les petits bonheurs



Un petit bonheur, c’est un truc cool qui vous est arrivé il y a quelques jours ou quelques heures. (définition d’un participant)


Chaque séance débute par un rituel, les « petits bonheurs », qui se base sur le constat qu’il n y a pas que des « grands bonheurs » dans la vie, mais plein de petits bonheurs. Etre plus attentif à ces moments permet de « relativiser » et de devenir au fur et à mesure plus attentif à ces petits « riens » qui peuvent être des vrais plus dans le quotidien : un rayon de soleil sur la peau, un café que l’on a aimé, une musique qui nous touche, etc. Chacun est invité à écrire son petit bonheur sur un papier coloré et à le partager avec les autres, avant de l’accrocher sur « L’arbre aux petits bonheurs ».

Moi ça me fait rêver d’entendre les petits bonheurs des autres

Ça permet que le groupe commence de bonne humeur

Au fil du temps, trouver un petit bonheur devient de plus en plus simple. Il arrive souvent que ce soit une expérience qui perdure dans le discours des participants après la fin du groupe. Cela montre qu’au-delà du cadre proposé, ils se sont appropriés un nouveau regard sur leurs expériences quotidiennes.


Le journal d’exploration

Autre outil de médiation, un journal d’exploration est remis à chacun (participants et référentes), qui y notent et dessinent après chaque sortie, leurs observations et sensations, toujours dans l’objectif d’être plus attentifs à leurs perceptions sensorielles. Après cette phase d’écriture individuelle, chacun partage avec le groupe ce qui l’a plus particulièrement marqué lors de la sortie.


C’est un bon outil pour que les participants puissent parler de la sortie et partager leurs émotions et ressentis. (D. FANGET)


Les objets partagés

La médiation se fait ici à travers un objet. Après plusieurs séances, chaque personne est invitée à partager un objet qui est important pour elle avec le groupe (livre, photo, objet souvenir, bijoux, aliment, etc.). En effet, après plusieurs semaines passées ensemble, le groupe est constitué, une relation de confiance a généralement pu naître, favorisant un dévoilement de soi plus en sécurité. L’objectif de cette médiation est donc de permettre aux participants de pouvoir partager quelque chose d’eux.

Chacun son tour, les participants et référentes amènent leur objet, le présentent au groupe et en disent quelques mots. Les participants sont invités à échanger avec la personne qui présente son objet.

Quelques mots des participants


Pour beaucoup, ce groupe déclenche au moins l’envie de ...

J’ai eu à nouveau l’esprit d’initier ; dans ma vie perso organiser des repas, des sorties avec des membres du groupes à l’extérieur du groupe ou avec des amis […] Ce groupe m’a permis de réveiller certaines choses que je croyais perdues, de remettre en route des mécanismes (planifier une journée, remettre le réveil, reprise d’un rythme de vie) alors qu’avant c’était en fonction des possibilités. J’ai des craintes que sans groupe, je me laisse aller ; mais je vais essayer de me redonner des petits objectifs à la semaine (vélo, rando).

Pour moi, on a un sens plus développé que d’autres. Les intervenants extérieurs sont un peu « des professionnels des sens » ça apportait quelque chose au groupe. Ça m’a permis de faire plus attention à mes sens dans la vie quotidienne, de plus apprécier…

Ça permet de s’ouvrir aux autres, d’améliorer mon contact avec les autres, se sentir plus à l’aise. Je suis content de ma prise d’initiative dans ce groupe et d’avoir pu m’affirmer

Ce groupe m’a permis de m’ouvrir davantage à la vie sociale. J’ai aussi découvert des lieux de loisirs. J’étais surtout content d’avoir réussi à apporter un peu d’humour dans le groupe.

Je trouve que j’ai bien participé pendant le groupe. J’ai avancé : pendant les sorties, ça m’a permis d’être plus à l’aise dans les transports en commun.