Dé-CONFiture Maison : 10ème récolte


Cette semaine, les participants ont été invités à créer autour de ces trois thématiques :

- Thématique "évasion" :
Le poète Charles Baudelaire a laissé des « projets et notes pour des romans et nouvelles » qu’il n’a pas eu le temps d’écrire. Choisissez l’un des titres ci-dessous et rédigez une courte nouvelle qui lui corresponde.

Le marquis invisible. L’automate. Le portrait fatal.
Les enseignements d’un monstre. L’amour parricide.
Les heureux de ce monde. L’almanach. Le mari corrupteur.
La fin du monde. Les monstres.
Pile ou face. Le crime au collège. Le triomphe du jeune Boniface.
Le monde sous-marin. La Licorne.
Une ville dans une ville. La maîtresse de l’idiot. Les mineurs.
Une brebis galeuse. Le rêve prophète. Une infâme adorée. Le boa.
Le fou raisonnable et la belle aventurière. Une rancune. Le prétendant malgache.

- Thématique "trace du corona" :
Pendant le confinement, un goéland a couvé ses œufs sur les galets de la promenade des Anglais désertée à Nice, des dauphins ont nagé jusque dans les ports en Italie, des animaux sauvages ont pris possession des rues un peu partout dans le monde. Et de votre côté, est-ce que le confinement ou le déconfinement ont apporté de jolies nouvelles de la nature ?

- Thématique "WTF/ un peu barrée" :
Parlez nous de la vision d’un monde inversé, comme le négatif d’une photo

Les créations des ateliers d’écriture

"Le fou raisonnable et la belle aventurière", Anne-Camille

Dans sa volonté de maintenir à flot son entreprise, il faisait fi des revendications quotidiennes de sa belle. Elle utilisait maintes subterfuges pour se faire entendre, en vain. Comme dans beaucoup de couples, elle braillait encore et encore, mais finissait par battre en retraite… pour un instant au moins. Et lui, ce grand fou, se taisait.

La belle tentait de se persuader qu’il l’aimait malgré tout. La folie étant déjà très présente autour d’elle, elle pouvait bien faire aussi avec le professionnalisme quasi-maladif ainsi qu’avec les traits mutiques de son compagnon de voyage. Mais quelle vie de folie ?

Était-ce cela, l’Aventure ? Braver les sentiers escarpés de la Vie à Deux. Défricher-et déchiffrer- les mystères des Silences. Se stabiliser sur les ponts suspendus de l’Incompréhension et de l’Incertitude. Sauter de liane en liane : sécure sur l’une puis prendre son élan pour s’agripper à la suivante sans en connaître par avance la solidité.

Pour autant, la belle était décidée à avancer ; et même jusqu’à l’autel, elle s’aventurait ! Car ce grand fou savait tout de même se montrer raisonnable et ce jour là, il sera pleinement présent : à ses côtés . . . et non dans sa pelleteuse !

"Une Majestueuse rencontre", Lotfi

On est le 12 Mai 2020, deuxième jour du déconfinement. Date de la photo prise avec mon phone.

Cela faisait déjà 10 jours, que nos amis les paons se promenaient dans le village. Libre et curieux de nous savoir confinés dans nos enclos attitrés, il est comme émancipé et libre de se mouvoir dans cet espace dédié à l’humain.

On m’a dit que ces animaux devaient appartenir à la municipalité de la commune d’à côté. Ils ont très certainement profité de la tranquillité du confinement pour partir en goguette depuis leur lieu de résidence habituel pour explorer la ville.

Le Paon est originaire de l’Inde. On en trouve aussi au Sri Lanka. Il vit dans les forêts. Que fait-il ici ? Tout ce voyage pour me rencontrer ?! Quel honneur pour moi et mes yeux…

La veille au soir, depuis mon balcon on entendait des cris, des chants, qui résonnait comme un miaulement de chat amplifié et strident. Panique à la maison ! Mes deux chats, ne savait plus où se mettre, mais qu’est-ce donc ? Un chat mutant, le rugissement d’un Lion enrhumé… Nous nous couchâmes avec cette interrogation digne d’un film de science-fiction.

Le lendemain, rien ! plus un bruit… Mais qu’est-ce que c’était ? Des animaux qui se sont échappés de leurs enclos ou du ZOO.

La journée se passe et je dois sortir pour aller faire quelques courses.

A mi-chemin, je tombe déçu ! Waouh ! Mais qu’est-ce que c’est ? Un gros Dindon qui c’est perdu…. Non ! C’est un Paon ! Magnifique et grandiose, entouré de lumière vert luisante et bleuâtre. Que tu es beau ! Que tu es majestueux et digne…

Je dégaine mon phone, et m’apprête à le mitraillé avec mon appareil. Je me rapproche discrètement, sans faire de bruit en faisant en sorte de ne pas le dérangé. Et pis tout d’un coup, il me voit, me repère et se met à bouger sur cette clôture en bois. Je me fige ! plus un bruit, plus un geste, qui puisse lui faire douter de mes intentions.

Sa Majesté, me regarde et prend la pose….

Clic… !! La photo est prise. Merci mon Ami, merci la Nature et merci la Vie….

"La brebis galeuse", Audrey

Il est arrivé en milieu d’année, c’est peut-être pour ça qu’il n’a pas réussi à s’intégrer. Tous les groupes d’amis étaient déjà choisi, il ne restait plus personne pour lui. Il était seul, tellement seul. La solitude lui avait toujours collé à la peau, dès son plus jeune âge. C’était peut-être un record, triste mais ça méritait d’être écrit sur un livre que probablement personne ne lira jamais. Il n’a jamais eu d’amis. Les livres qu’il passait son temps à dévorer étaient ses amis mais ils ne discutaient pas avec lui. Ils lui murmuraient : « Lis-moi ! Lis-moi !! » mais c’était tout ce qu’il en tirait d’eux. Ses parents ne le comprenaient pas et donc n’arrivaient pas à l’aider. Ils n’auraient pas pu, ils étaient extravertis, eux. Ils arrivaient très facilement à se faire des amis. Cela en devenait injuste. Il était rejeté par ses camarades de classe sans aucune raison valable et personne ne pouvait l’aider. Il avait déjà fugué plusieurs fois et continuerait sans doute encore jusqu’à ce qu’il y arrive. Jusqu’à ce qu’il soit libre de tout. Il rêvait sans cesse de voyage. Il voulait tout laisser tomber et partir sans jamais revenir, sans jamais se retourner. Ne pas regarder en arrière mais plutôt en avant vers le présent et le possible futur. Il ne parlait de rien à personne. Il ne le disait pas à ses profs, cela n’aurait rien changer. Ils n’allaient pas forcer ses camarades à l’intégrer dans un groupe d’amis déjà formé depuis probablement le début du collège. Non, lui, ce qu’il faisait, ce qu’il adorait faire, était écrire. Il écrivait toutes ses peines sur une feuille blanche. Une pour chaque peine. Il les gardait toutes. Peut-être pourra-t-il en faire un livre un jour. Une histoire lue par des centaines d’adolescents qui se reconnaîtront certainement. Ils sauront qu’ils ne sont pas seuls. Qu’ils ne seront jamais seuls. Vraiment, il ne souhaitait cela à personne. Se sentir seul, rejeté et sans quelqu’un avec qui parler. Ça faisait mal. Surtout qu’il n’avait aucune idée de ce qu’il avait fait....de mal.
Il se promit qu’un jour, ça irait mieux.
Un jour, il aura tout ce dont il a toujours rêvé.
Un jour, il conquérira le monde avec sa plume.
Un jour, il écrira sa propre histoire.
Un jour, le « il » deviendra « je ».
Un jour, il sera fier de lui et de son passé.
Un jour........mais pas aujourd’hui.
Il commence une nouvelle page et éteint la lumière.

"Un monde inversé", MFB

J’imagine un monde où les personnes bienveillantes mesurent toutes plus d’1,50 m, et soient
remplies de bonheur, et que toutes les personnes malveillantes mesurent toutes moins d’1,50 m, et
soient remplies de peur et d’angoisse pour les obliger à devenir bienveillantes.
J’imagine un monde où les microbes soient très gros, et, qu’ils aient vraiment peur des personnes
bienveillantes.
J’imagine un monde où il y aurait plus de nourriture que de bouches à nourrir.
J’imagine un monde où il y aurait plus d’arbres que de voitures.
J’imagine que l’enfant soit nommé responsable de ses parents irresponsables.
J’imagine un monde sans maladie et sans docteur.
J’imagine un monde de chercheurs de bonheur.
J’image un monde où l’on puisse manger tout ce que l’on aime sans jamais grossir.
J’imagine un monde où l’on pourrait se faire des amis comme on veut.
J’imagine que chaque arme soit remplacée par une fleur et une colombe.
J’imagine que tous les pauvres deviennent riches, et, que les riches deviennent pauvres, pendant
quelques mois pour éveiller les consciences, et, rétablir la justice.

Les créations des ateliers de création

"Si le monde était inversé...", Vincent Riot-Sarcey

"Et la covidette chantait la vie...", Vincent Riot-Sarcey

"Un monde inversé, MFB"

"A propos de Baudelaire, " Le portrait fatal " et " Les mineurs" ; Portrait d’un mineur Russe", Vincent Riot-Sarcey