CONFiture Maison, Saison 4, Episode 24

Cette semaine, les participants ont été invités à créer autour de ces thématiques :

Actualité : Faisons fi de l’actualité anxiogène. Quelle bonne nouvelle voudriez-vous apprendre dans les médias demain matin ?

Évasion : Vous voilà arrivé à destination. Racontez nous votre épopée dans la jungle luxuriante.

WTF : PDF, ADN, NTM, KD2A, DSM, USB 2.0

Periphrases, Anne Onyme

Pourquoi je suis si mal ? Pourquoi ma vie est-elle si terrible ? Eh bien je vais vous expliquer.
Voyez-vous, il est impossible de tout contrôler. Parfois on doit vivre, ressentir, subir ! quelque chose que l’on n’a pas choisi, que l’on ne maîtrise pas. Et il semble bien que cette journée fasse partie de ce tumulte infernal et régulier, que l’on appelle… la vie. Le cycle de la vie.
Je suis victime, cher ami, d’un complot fomenté bien avant que je naisse, un destin inéluctable et tout tracé. Ce n’est qu’une question de mathématiques, un pourcentage potentiel… et voilà.
Voyez-vous de quoi je veux parler ?
Soyez sans craintes, je m’en remettrai. Aujourd’hui nous ne sommes point sans ressources ! Et puis passe le temps et la souffrance passe. Je vais survivre. Prenez soin de vous.
Amicalement,
Une femme.

Espérance, Vincent Riot-Sarcey

Une bonne nouvelle, MFB

Ce sont les élections présidentielles très prochainement.

Pour pouvoir vivre longtemps et travailler plus longtemps !

Par souci de prévention pour la santé physique et la santé mentale !

LE PRESIDENT VA NATIONNALISER TOUS LES CLUBS DE SPORT, ET, PAR CONSEQUENT LES RENDRE PUBLICS ET GRATUITS POUR TOUS LES FRANCAIS

Chaque français devra faire 3 heures de sport par semaine.
Le temps d’activité sera enregistré et transmis à la sécurité sociale.

La personne qui ne remplit pas ses devoirs aura une prise en charge diminuée sur les actes médicaux et chirurgicaux.

Forêt de symboles, Vincent Riot-Sarcey

L’enfer des acronymes, Vincent Riot-Sarcey

Voyage initiatique à la rencontre de son for intérieur, brochure 47, agence chakra feeling, Kiwi

Voyage initiatique à la découverte de son for intérieur, qu’ils disaient. Voilà ce qui était écrit sur la brochure touristique. Putin de brochure touristique. Ça pour sûr, ils savaient y faire en marketing. Marketing spécialisé de bobo écolos à destination de jeunes paumés et bousillé par la vie. Alors, Oui, maintenant qu’elle était arrivée la, ce message lui paraissait ridicule. Mais quand elle était tombée dessus, c’est comme si tout était réuni pour qu’elle fonce tout droit dans le piège. Une journée chaotique dans une semaine déjà infernale. Le matin, son chef lui avait vanté pendant une heure les mérites du petit nouveau, en lui balançant l’air de rien qu’elle avait plus trop été utile ces derniers temps. Quelques jours avant, sa nana s’était barrée aux bras d’une jeunette, après vingt ans de vie commune. Une série d’incapacité qui avait allumé sa petite voix intérieure, je suis bonne à rien. Alors Oui, quand elle était tombée sur cette brochure au magasin bio, entre les cucurbitacés et les navets, elle avait été
interpelée par ce message "partez en voyage initiatique à la rencontre de votre for intérieur".

À l’intérieur une série de mots qui résonnaient en elle " Besoin de se retrouver" "Perdu le sens" "Reconnecter vous à vous même" " Vous reviendrez transformé ". Et une photo, forcément, une plage paradisiaque et totalement isolée au bout de la jungle luxuriante, la récompense de ce périple et le parfait endroit pour méditer sur le sens de son existence. Pourquoi pas s’était t’elle dit.

Deux mois plus tard, elle se faisait larguer à l’entrée de la forêt par une vieille jeep pourrie avec comme seule indication une vieille carte, un bip à utiliser en cas d’urgence et son Bardas pour les cinq jours à venir. Le matin, avant d’embarquer avec ses affaires, elle s’était demandé ce qu’elle foutait la. Mais c’était trop tard, elle avait deboursé 2000 balles pour aller retrouver son for intérieur. À ce prix là, le for intérieur avait intérêt à être au rendez-vous.

Une fois la Jeep partie, elle chargea son barda et se dirigea vers la petit sente qui serpentait entre les immenses arbres. La première pensée qui lui vint fût a nouveau de se demander dans quel bordel elle s’était engagé. Elle se demandait parfois si sa vie n’était pas une succession de mauvaises décisions prises sur un coup de tête. Et histoire de faciliter les choses, alors que c’était la saison sèche, il avait exceptionnellement plu pendant trois jours et le chemin était détrempé. Une vaste sente de boue où elle manquait de glisser à chaque pas. Ça promettait. Putin de brochure touristique.

On lui avait indiqué que la plage où elle passerait les cinq jours suivants se trouvait à environ 5 à 6 heures de marche. Elle s’interrogea sur la pertinence d’une telle information alors qu’elle n’avait aucun moyen de voir l’heure. Là encore, une des recommandations de bonnes pratiques pour rendre cette expérience inoubliable... "Perdez la notion du temps pour mieux vous retrouver". Putin de slogan et putin de brochure touristique. Impossible aussi de se fier au soleil pour avoir une idée du temps qui passe, la densité de la végétation rendant impossible de localiser son positionnement exact.

Pendant ce qui lui semblant une éternité, elle évolua dans cet environnement luxuriant sans réussir à se départir de toutes ses pensées. Serait-elle à l’image des héroïnes de films ou de bouquins initiatiques totalement transformée par cette expérience ? Probablement non. Allait-elle se faire piquer par un serpent mortel, dévorer par les sangsues, attaquer par une armée de fourmis avant de le découvrir ? Peut-être mais elle espérait que non. Comment ça se faisait que ces fleurs arrivaient à pousser sans soleil direct ? Pourquoi avait-elle choisie cette voie plutôt qu’une autre ? Et est ce que les champignons pouvaient être considérés comme des légumes ? Est ce que son cerveau ne pouvait pas se mettre en veille et arrêter avec ses questions inutiles ? Est ce que ce serait à ce moment là qu’elle rencontrerait son for intérieur ? Et ça voulait dire quoi for intérieur d’abord ?

C’est sur cette dernière question qu’elle tomba sur ce panneau, complètement délavé par le temps et la pluie. Anse couleuvre. La suite de l’aventure pouvait démarrer.

Dimanche matin, Vincent Riot-Sarcey