Une étoile, MFB
C’était cet été, le 22 juillet 2021 précisément.
Une étoile brillait de mille feux dans le ciel bleu nuit. Elle était unique dans l’espace.
Elle était tellement belle que je l’ai prise en photo.
Elle était là majestueuse. A tel point que je l’ai interrogée. Qui es-tu ? Que veux-tu ? Pourquoi es-tu là ?
Puis, je me suis mise à penser à mon très cher grand-père décédé. Est-elle sa messagère ?
C’était une rencontre silencieuse avec une étoile, mon grand-père et ça m’a fait du bien.
Raviolis VS chaussettes, Jean-Michel
JM : Ah mes raviolis, qu’ils sont beaux mes raviolis. Ils sont chauds et poilus. Que dire de plus ?
Dylan : Bonjour ! Je me nomme Arnold ! Je suis chaussetologue ! Savez-vous ce que la Chaussetologie peut déterminer sur votre vie !?
JM : Ah ! Un client ! Sachez monsieur que la cuisine est le centre de ma vie. Qui suis-je ? Ernest. Cuisinier de son état et un grand amateur de poésie. Vous parliez de vos parures pédestres n’est-ce pas ? Ah quelle odeur ! Sans doute devrais-je m’en inspirer pour mes créations !
Dylan : Sachez monsieur que je ne supporterai pas que l’on nomme des choses aussi belles que des chaussettes des “parures pédestres “ ! Non je ne supporterai pas un tel irrespect bien longtemps ! Et s’il vous plaît de vous inspirer de si belles choses pour vos créations j’en suis bien aise car il n’y a rien de plus merveilleux que de magnifiques chaussettes avec une délicate odeur !
JM : Ah monsieur, vous semblez être passionné. Sachez toutefois que votre attirail présente quelques défauts. Il ne se mange pas, ce que je regrette fort. Il n’y a rien de plus beau que la science du ventre.
Vous savez, les raviolis c’est toute une science ; il faut se munir de ses doigts pour ôter le couvercle de la boîte de conserve !
Dylan : Monsieur, monsieur la passion est un mot bien faible pour vous décrire l’amour que j’ai pour ces petites choses ! Et je suis bien d’accord avec vous, la science du ventre est une bien belle chose mais ce n’est pas elle qui une fois l’hiver venu vous empêche un bien vilain rhume. Sachez aussi que les chaussettes (quand elles sont d’une qualité admirables et doivent l’être pour être titulaire d’un nom aussi joli), sont cousues avec délicatesse et amour par des mains subtiles de femme ! Donc je dois bien vous affirmer que la Chaussetologie est une science admirable aussi.
JM : Ah, l’exploitation de la femme, parlons-en. Une femme doit être chérie, protégée, nourrie tant par de délicieux raviolis que par les spiritualités qu’énumère ma délicieuse bouche. Pourquoi les faire travailler ? Pourquoi ce culte de la souffrance, de l’effort, de la fatigue, alors qu’il suffit de mettre une assiette de raviolis au micro-ondes pour contenter sa moitié ? Non monsieur, mon esprit ne peut accepter une telle infâmie. Cela doit cesser. Revenons au plus beaux principes : la cuisine, et le partage de cette activité merveilleuse. N’êtes-vous point de cet avis ?
Dylan : Avant cela je voudrais me défendre de l’attaque que vous me portez. Il ne s’agit là non pas d’exploitation. Le fait est seulement que les mains de nos compagnes sont bien plus adroites et plus fines.
Mais soit, revenons-en à votre science ou à votre art puisqu’après tout la cuisine en est un. Un art bien bourgeois puisqu’il consiste à détruire en quelques minutes ce qui a pris des heures à faire mais je vous écoute.
JM : Comment ? Il ne s’agit pas de destruction mais bien de création. En effet, prenez deux aliments, faites-les procréer, vous aurez un plat. Voici ce qu’est la cuisine mon bon monsieur. Vous me semblez bien ignorant pour qui se prétend homme de science.
Dylan : Voilà donc ce à quoi se résume votre art ? Un vulgaire coït entre deux aliments. Je suis bien déçu, je pensais la chose plus noble et plus belle. Moi ? Ignorant ? Quelle injure venant d’un homme qui s’occupe de mettre des raviolis au micro-ondes. Vous n’êtes point un artiste mais un usurpateur qui fait croire à son génie et à sa science pour attirer sur lui les regards d’estime qui plaisent tant à votre cœur je suppose.
JM : Allons, allons mon ami, ne nous énervons point. Vous savez, le micro-ondes est tout un art ; une cuisson parfaitement chronométrée, une délicate vapeur d’eau qui saisit le plat et le transcende, et une chaleur qui réchauffe les cœurs et vous fait briller le regard. Sans parler de l’odeur dans la pièce, une odeur saisissante et persistante, qui vous met en appétit. Une odeur autrement plus agréable que celle de pieds ayant trimé toute la sainte journée !
Dylan : N’est-ce pas vous qui aviez dit que l’odeur était agréable ? Il me semble bien que si monsieur. Mes chaussettes elles, savent couvrir avec amour et douceur vos petits pieds endoloris, elles savent vous apporter la chaleur dont tout être humain a besoin pour se sentir bien. Elles existent dans tant de si jolies couleurs avec de si jolis motifs que vos yeux ne savent plus où se poser. Quant à la Chaussetologie c’est une science qui seule sait révéler la véritable âme des gens. Tout dépend des choix de couleurs, de tissus, de longueurs et d’épaisseurs. Ah, que c’est une science admirable monsieur et je crois qu’il n’y a rien de plus distingué et de plus noble que cette science. Certes la cuisine est belle et bonne mais elle a un je ne sais quoi de repoussant lorsque l’on est malade ou écœuré.
JM : Vous parlez de chaleur ? Sachez que la graisse et l’embonpoint que produit le corps après avoir consommé l’un de mes délicieux plats, procure largement tout le confort souhaité. Et puis, ne dit-on pas que la nourriture est à la base de toute relation ? Quoi de plus réjouissant que de partager un repas en famille ou entre amis ? Non monsieur, vos chaussettes ne valent pas le partage et le bonheur que l’on éprouve à retrouver les siens. Ceci est également source de chaleur, car nous sommes rassurés en présence de nos proches, ce qui psychologiquement nous tire du froid terrible de la solitude. Je soutiens donc que la cuisine est une science supérieure à votre discipline.
AMC : ARRÊTEZ TOUT !
JM : Qui est-ce ?
AMC : Je suis Alexandre-Martin Comtois, et je viens vous démontrer que vous avez tort.
JM : Voyons monsieur, qui vous autorise à parler de la sorte ?
AMC : Je m’y autorise.
Je viens vous parler du sens de la vie, préoccupation autrement plus importante que vos considérations bassement matérielles
JM : (Chante) C’est l’histoiiiire de la viiiie …
AMC : Vous êtes un sot.
JM : Comment osez-vous ?!
AMC : Taisez-vous donc, laissez-moi parler. Le sens de la vie disais-je.
Fuite en avant, Audrey
Je cours sans savoir où aller. Je sais juste que je ne dois pas m’arrêter. Je ne sais plus comment j’en suis arrivée là. J’ai un gros trou de mémoire. Je dois juste courir droit devant moi, toujours droit devant moi. Loin de tout. De cette vie que je n’ai pas choisie. De mes pensées qui me submergent. Des angoisses qui me poursuivent. Elles me rattrapent toujours, où que j’aille elles sont là à m’attendre à chaque coin de rue, chaque allées, chaque avenues, je ne peux leur échapper. Alors, pourquoi est-ce que je cours ? Pour aller où ? Je n’en ai aucune idée. Mes pieds ont pris le contrôle et ne sont pas prêts de s’arrêter. Je les laisse faire, tant que je fuis. Tant que je pars. Tant que je ne me retourne pas. L’important est que je ne reste pas à rien faire. Toujours avoir une occupation. Un hobbie. Un objectif à réaliser chaque jour. Toujours être dans le mouvement, sans repos ni répits. Toujours aller de l’avant. Un pas après l’autre. Sans m’arrêter. Sans me laisser le temps de penser ou réfléchir. Sans avoir le temps de ressentir. Laisser le vide m’envahir et le garder. Toujours. Toujours.
Ne penser à rien ni personne. Tout abandonner sans se retourner. Sans rien emporter. Aucun souvenir. Aucune valeur sentimentale. Rien. Que le vide. Le vide. Le vide......
Abandonner la certitude et la sécurité. Elles ne m’ont jamais rien apporté de bon, de toute façon. Abandonner mon confort, qui n’était rien qu’une autre source d’angoisse bien familière. Aller vers l’inconnu. Ne pas savoir où je vais mais y aller quand même. Tant pis si je me prends le mur dans la figure. Tant pis je m’écrase ou si je tombe. Tant pis si je me noie ou m’effondre. Je n’aurais qu’à me relever et continuer. Essayer. Toujours et encore.
Je cours parce que je ne supporte pas de marcher.
Je cours pour échapper à mes démons qui me rattrapent à chaque fois.
Je cours parce que je ne peux rien faire d’autre.
Je cours pour ne pas m’écrouler.
Je cours pour fuir.
Je cours parce que je suis vivante.
Je suis vivante, bordel ! La meilleure sensation au monde !
Je cours pour m’essouffler et sentir ma respiration, entendre mon cœur battre et voir mes poumons bouger.
Je suis vivante ! Je suis vivante ! Je suis vivante !
J’existe dans ce monde. Je fais partie des 7 milliards de personnes présentes sur cette Terre.
J’ai ma propre conscience de ma vie parce que je suis vivante !
Donc, je cours pour me prouver que je suis vivante et que j’existe.
Ô toi, ma liseuse, Audrey
J’ai en ma possession, un objet que je n’utilise pas mais que je garde, car c’est une tradition familiale. Une lumière liseuse dont la pile ne fonctionne plus, qui vient d’un très ancien temps, au moment où les piles étaient encore utilisées. Du coup, manque de pot pour moi, on ne peut pas changer les piles. Cet objet est donc devenu inutile mais je ne le jette pas. Il me sert de décoration pour ma lampe de chevet. Qui, elle, me serre énormément.
Cette liseuse, qui en plus est bleue (une autre raison pour laquelle je la garde), me sert de repère dans le temps. Je sais combien d’années sont passées depuis que je l’ai acheté. Deux siècles et demie. Elle me rappelle l’année 2021. Que je ne connais pas.Que je n’ai jamais connue, d’ailleurs. Je n’était qu’une poussière d’étoile à cette époque. Ah, quand j’étais une étoile. J’ai beaucoup de souvenirs d’étoiles......que je raconterais ou pas.......
L’année 2021 a été une année étrange pour la détentrice originale de ce petit objet.
L’objet, je l’emporte partout avec moi. Je le mets sur mes vêtements. Il y a une pince donc je peux l’accrocher où je veux. Bon, ce ne sont pas vraiment des vêtements mais des hologrammes qui projettent des images de faux habits. On n’est plus en 2021, non mais !
On est en 2221 et j’ai pu bien entretenir le bijou de famille, qui a énormément de valeurs. Personne n’a essayé de le voler. Ils savent qu’il est trop précieux pour moi. Bon, je vous avoue que je m’en sers de doudou. Je le sers fort dans mes bras pour m’endormir. J’ai un peu d’une autre époque avec moi et ça m’apaise beaucoup. Et puis, le bleu, ça me fait dormir. Ouais, je suis une sorte de schtroumpf en hologramme. J’allais quand même pas teindre ma peau en bleue. Ma peau est violette, ça me suffit. J’essayerais peut-être le vert la semaine d’après. Pour changer un peu.
Bref, je m’égare. Donc, je considère que ma liseuse est un objet important pour moi mais très inutile. Je le passerais à mes enfants, qui le passeront à leur enfant. Et c’est comme ça que l’immortalité se transmet. Quand on a cet objet avec nous, on lui donne un peu de nous et quand on le lègue à nos enfants, un peu de nous reste dedans. Il reste une trace. Il reste toujours une trace. Une trace de chaque personnes qui l’ont eu pendant un temps depuis 2021 jusqu’à l’infinie. Chacune de ces personne a laisser quelque chose à cet objet, les rendant toutes immortelles. Quelque chose d’elles vivra toujours, tant que cette liseuse existe. Un peu de moi ira dans cet objet.
Voilà pourquoi c’est précieux. Quelque chose d’habituel, de banal transformé en un objet magique, transmetteur de bouts d’histoires de personnes ayant existé. Témoin d’un passé qui a eu vraiment lieu. Une histoire d’histoires.
Figures de style, Anonyme
Ayant obtenu mon bac littéraire, il me semblait important de partager ma vision un peu « artistique » de ce que je ressens au quotidien. Je vous propose donc dans ce document deux illustrations de ce qu’est la schizophrénie !
Le cadavre exquis
J’ai entendu un jour : « la maladie ne nous définit pas, on est atteint de… ». Voici une illustration du propos :
Sujet :
Robert
Adjectif :
Schizophrène
Verbe :
Étudie la philosophie à l’université
Complément :
Et aime passer du temps avec ses amis
Lieu :
Dans des bars, ou au parc.
Si l’on décortique cette phrase, on peut observer que l’adjectif « schizophrène » qualifie Robert, le sujet. Cependant, ce mot à lui seul ne définit pas le sujet, puisque Robert est également étudiant, et on sait qu’il aime passer du temps avec ses amis.
Dans cet exemple, l’adjectif est une surcouche du sujet. Si l’on est friand de figures de style, on pourrait penser à un meuble à tiroirs, qui renferme divers objets. De même, l’adjectif est un vêtement, que l’on revêt le matin.
Robert étant un être complexe, chaque jour il enfile :
- Ses chaussettes de schizophrénie
- Son caleçon d’intelligence verbale
- Son tee-shirt d’émotions
- Son pantalon, qui lui confère un sens de l’humour fort apprécié par son entourage
Une succession d’opérations simples
La maladie apporte son lot de surprises et de désagréments ; je la vois comme une succession d’opérations simple. Voici un exemple :
Sujet + hallucinations – concentration = Robert.
Dans cet exemple, on remarque deux types d’opérations :
- Ce que l’on ajoute au sujet
- Ce qu’on lui retire.
Ce qu’on ajoute
Certains symptômes, n’ayant de positif que le nom, s’ajoute au sujet. C’est le cas notamment des plus connus : les hallucinations, les idées délirantes etc …
Ce qu’on retire
Le reste, est appelé « symptômes négatifs » ; il s’agit de ce qui fait défaut : la mémoire, la concentration par exemple.
Conclusion de ce point : peu importe ce que l’on ajoute ou retire, il ne s’agit que de mathématiques bêtes ; on a beau additionner 2 et soustraire 5, le chiffre auquel on fait subir cette succession d’opération reste le même. Certes le résultat varie du chiffre de départ, mais cela n’empêche pas Robert d’être Robert ! Il subira des transformations, mais gardera un teint clair, deux bras, et un nez au milieu de la figure.
Le mot de la fin
J’ai eu l’idée de cette démonstration sans préméditation, et il me semblait important de la diffuser. En effet, je me suis fais des amis hors du monde médical, et j’ai toujours cette peur d’avouer. Or quand on avoue, on a tendance à penser à un crime, une faute, quelque chose de négatif. La maladie est différente de tout ça, c’est plutôt un aléa, un événement qui survient, dont on ne devrait jamais avoir honte. A-t-on peur d’avouer que l’on a chuté dans les escaliers et que l’on à la jambe plâtrée ? Cela devrait être pareil avec la maladie psychiatrique.
A bon entendeur !
Le vendangeur, Vincent Riot-Sarcey
Un sac de billes, Vincent Riot-Sarcey
La couronne de la reine d’Angleterre, Vincent Riot-Sarcey