CONFiture Maison, Saison 3, Episode 23

Cette semaine, les participants ont été invités à créer autour de ces thématiques :
Actualité : En ce moment à Lyon, il y a de nombreuses expo dans le cadre de La biennale Hors Normes « C’est pour cela qu’on aime les libellules ».
Et vous, quelle est votre libellule préférée ?
(Programme des expos et rencontres avec les artistes : ->https://www.art-horslesnormes.org/wp-content/uploads/2021/07/PROGRAMME-9BHN.pdf])

Évasion : Emmenez nous sur les rives de vos rêves.

WTF : « pupuce.. pupuce.. t’es où ? »

Lucy in the sky with diamonds, Vincent Riot-Sarcey

Mon rêve, MFB

Je rêve de me sentir bien physiquement, mentalement et socialement.

Je rêve d’ avoir et de vivre une vie douce, confortable et riche en émotions.

Jean-Paul Belmondo, Vincent Riot-Sarcey

Monologue Intérieur, Audrey

Cher journal,

Ça fait depuis un long moment que je suis enfermée. J’ai décidé d’arrêter de compter, pour le bien de ma santé mentale. Je ne me fait pas d’illusions, j’ai peu de chances d’en sortir. Ma peine était sacrément lourde. Ils ont gagné. Ils ont gagné le jour où ils m’ont choisi comme victime. C’est vrai. Je dois me rendre à l’évidence. Je ne suis qu’une pauvre victime contrainte à jouer un jeu dont les règles me sont inconnues et me dépassent. Ils sont maîtres en manipulation et j’ai perdu parce que je n’ai pas voulu jouer. Je n’ai même pas essayer. J’ai avoué. Ils m’ont fait avouer quelque chose que je n’ai pas commis. J’aimerais les détester mais ça ne ferait que me faire encore plus souffrir. De là où ils sont, avec les liens qu’ils ont, ils se croient invincibles et intouchables. Ils se croient à l’abri de la tempête, en sécurité dans leur petit confort merdique. Mais un crime n’est jamais parfait. Ils vont commettre une faute, une petite erreur qui leur sera fatale. Qui sait, peut-être l’ont-ils déjà commise. Peu importe, un jour la vérité se fera connaître. Un jour, j’aurais ma vengeance, sans avoir eu à bouger d’un pouce derrière des barreaux d’aciers, incassables. Je traverse ma tempête maintenant mais eux, un jour, ils devront aussi l’affronter et ne pourront pas y échapper......du moins, ça me fait du bien de croire ça. Ça me fait tenir. Mon innocence me fait tenir, sinon j’aurais déjà sombrer dans la folie. Dans cette prison, avec ces personnes, personne ne peut garder l’esprit sain. Surtout avec tout ce que je subis mais je ne vais pas l’écrire, je ne veux pas m’en rappeler. Et puis, si je ne l’écrit pas, ça ne s’est pas passé....
J’avoue que je commence à perdre l’esprit. Lentement mais sûrement. Mon courage aussi, ainsi que l’espoir. Je commence à avoir des visions modifiées de la réalité. Comme si j’avais vraiment été l’auteure de ce qu’on m’accuse......peut-être que je le suis vraiment mais que j’ai perdu la mémoire parce que je ne supportais pas la réalité de ce que j’avais fait. Je ne sais plus. Je ne sais vraiment plus. Quelques lignes plus haut, j’écrivais que j’étais sûre de mon innocence et voilà maintenant que je doute de moi-même. Je n’en peux plus de vivre cet enfer sur Terre. J’écris pour garder ce minuscule morceau de sanité en moi. La ligne entre la réalité et la fiction est de plus en plus floue. J’ai peur qu’un jour, elles s’alignent et se confondent. J’ai peur qu’un jour, elles gagnent. J’ai peur qu’un jour, elles m’envahissent et me contrôlent. Elles sont là et ne veulent plus me lâcher.
Il avait raison, j’aurais dû y aller ce jour-là. Pourquoi ne l’ai-je pas écouter ? Pourquoi est-ce que je ne me suis pas écouté non plus ? J’avais raison et il avait tord ! J’aurais dû m’écouter !
Non, j’aurais carrément dû l’écouter ! Au moins, j’ai encore toute ma sanité, c’est le plus important ! Qu’est-ce qu’il fait chaud dans cette cellule. Je vais ouvrir la fenêtre. Je vois quelqu’un dehors, sa façon qu’il a de me regarder. Comme s’il ne m’avait jamais vu de sa vie. Quoi, t’as jamais vu une prison sortir par la fenêtre ? C’est ce que j’ai envie de lui crier mais je me retiens, il risquerait d’appeler les flics qui me mettraient en prison. Pouahahahahah ! LOLOLOLOL ! PTDR ! XPTDR ! Qu’est-ce que je suis drôle, mon Dieu !
Il y a beaucoup de bruits autour de moi. C’est prodigieusement agaçant ! Je refuse d’en entendre davantage. Ils ont tous tord, de toute façon ! Bah oui, c’est pas comme ça qu’on fait, d’abord. Je vais leur montrer, ils vont voir. Ça leur apprendra de dire que je suis dans le faux.
Oui, oui, je le sais, je suis qu’une coupable, pas la peine de me le répéter un milliard de fois.
J’ai commis ce crime. J’ai tué Octavia.

No dreams, Vincent Riot-Sarcey

Journal du prisonnier, Jean-Michel

Voilà déjà quelques jours que je suis enfermé. Seul. Chez moi. Dans mon corps. Dans mes pensées.
Voilà également que mon être se souvient de sensations oubliées. J’ai mal. J’ai faim. Comme une envie de pleurer.
On pensait que cela n’arriverait pas ; cela ne tombe que sur les autres, or cette fois, l’autre c’était moi. Un accident est si vite arrivé. Une action mal maîtrisée et le monde cesse de tourner.
Je suis allée au bout du bout. J’ai tout donné, oublié la prudence, je m’investis à fond, et donne tout.

Cela fait quelques jours et je n’en peux plus. En tête à tête avec moi-même, j’essaie de fuir aussi loin que porte ma vue. Alors je descends parfois dans la rue. Les bruits et les odeurs me semblent inconnus.
Je tourne en rond pour passer le temps ; je fais des activités en essayant de trouver ça divertissant. Moi qui avait du mal à ancrer mes souvenirs… Je vous assure qu’il vaut mieux en rire !

Tour à tour, agressif ou philosophe ; j’imagine parfois que l’histoire aurait pu tourner à la catastrophe. Je passe des heures sur mon téléphone ; je manque d’énergie, l’espoir m’abandonne.

J’ai faim, soif, soir et matin. Mon corps abîmé, ne ressemble plus à rien. J’aimerais replonger dans le passé, quelques secondes avant l’instant. J’aimerais pouvoir me souffler à l’oreille, que la contention c’est super chiant.

Pourquoi écrire, si c’est pour donner l’image d’un homme qui se plaint ? J’avais envie d’exprimer toutefois, que retrouver ces personnes m’a fait du bien. Il me tarde que reprenne ce qui fut interrompu. Celui qui se relève plus fort, dans le futur ne tombera plus.

Puce in the brain, Vincent Riot-sarcey

Jo’ la libellule, L’Ourse