CONFiture Maison : Saison 2, Episode 7

Cette semaine, les participants ont été invités à créer autour de ces trois thématiques :
- Thématique corona : Racontez-nous le silence du couvre-feu

- Thématique évasion : Comme un explorateur venu d’une autre planète qui ne comprend pas ce qu’il a dans les mains (s’il a des mains), choisir cinq objets/meubles et élaborer des suppositions étranges/loufoques détournés du sens premier de ces objets et de ce qui les constitue.

- Thématique WTF : Organisez votre vie pour pouvoir manger des frites à tout moment

Découvrez leurs participations !

Le silence du couvre-feu, MFB

Il y a le silence, mais là, je ressens le silence absolu, plus aucun bruit subitement. C’est comme si tout à coup, je me retrouvais sur une île déserte, seule au monde.

Je ressens, alors, la peur en moi, car, je ne peux pas vivre sans relation humaine.
En fait, je réalise que derrière chaque bruit de voiture, se cache un humain, et, qu’inconsciemment ça me fait du bien. Mais comment faire, pour vivre dans ce silence de 20 heure à 6 heure du matin, sans peur, sans stress ?

J’apprends à accepter cette réalité, et, je ressens mon corps qui se détend. Ca me fait du bien. Alors, je me recentre un peu plus sur moi pour m’aider à passer ce moment. Je ressens ma respiration, ce va et vient. Mes bras, mes jambes, ma tête, mon corps bougent. Je vois, je ressens, je pense.

Je pense qu’aimer, c’est me faire confiance et faire confiance à autrui, et, avoir un regard positif sur les personnes.

Grâce au silence, mes pensées sont là, qui surgissent avec simplicité et pureté. Tout devient évidence, une sorte de certitude qui arrive sans avoir besoin de faire quoi que ce soit, juste attendre et accueillir ces pensées, mes pensées, ce qui m’appartient, ma réalité.
Oui, l’important c’est d’aimer et de travailler.

Curieuse, je reste alors dans le silence que je commence à apprivoiser, à aimer. Je me sens plus détendue, ma respiration est plus ample et plus lente. Et puis tout à coup, c’est comme si la vie, la joie revenaient à moi, « demain, c’est sûr, je dirai aux personnes que j’aime, que je les aime ».
Cette pensée, ma pensée me rend déjà heureuse. Je pense à cette rencontre, j’attends cette rencontre.

JE ME SENS HEUREUSE GRACE AU SILENCE.

Vincent, Maître fritier au Marché Aux Puces de Sausheim, Alsace, Vincent Riot-Sarcey

Le silence du couvre-feu, Emmanuel

J’ai choisi le thème du silence du couvre-feu.
Bien que devenu sourd par le bruit incessant des personnes en espace vert qui magnifient le parc avoisinant,
Oui le couvre-feu est à partir de 20heures
Chez moi le couvre-feu se passe un peu en musique en ce moment
J’ai découvert l’application web de google Blob opéra qui m’a remonté le moral.
Aidé par l’intelligence artificielle, il s’agit de déplacer des Blob pour leur faire chanter des notes suivant leur voix
je vous laisse un extrait d’une minute que j’ai créé pour essayer le logiciel (ça m’a bien plu)
https://g.co/arts/XePto87bp9BfXsFm6
... je vais essayer à nouveau en tentant de créer des silences car ils me sont bien bénéfiques aussi

Astérix et l’homme venu d’ailleurs, Vincent Riot-Sarcey

Les rectangles, Meido

Qu’est ce ? Les mots que j’utilise aujourd’hui... mots, aujourd’hui... m’étaient étrangers jusqu’alors. Je m’exprime différemment à l’orée de mon sommeil, éveil. Mais qu’est ce qui m’arrive ? Que suis je devenu ? Perdu dans une dimension où je n’avais jamais vécu. Les choses qui m’entourent, qui m’habitent sont de l’ordre de l’inconnu absolu. Même m’exprimer avec des signifiants accrochés à leur signifiés est déroutant. La trame de mes perceptions se voit brouillée, vais je arriver à revenir ? À redevenir qui je suis ?

Ne pas m’oublier dans cette chimère, je suis un meidosem filandreux qui vit de rencontre et d’errance. Empiriquement, je suis à peine existant, psychiquement tangible par les ondes qui me constituent. Que vais je faire de ces membres qui me pendent au corps, de ce cérébrale que je ressens contrôler le fond de mon être. Si je puis dire être. Qui me croirait si j’évoquais l’expérience de cette existence qui me paraît ne pas être la priorité ici. Si j’appelais ce que je vis « monde », celui ci ne tournerait pas rond.

Dans cette dimension, je vois des choses, des « objets » est le mot qui me vient mais les mots me sont tellement nouveau que peut être ce sont autre chose. Peut-être ces objets sont là pour que je les vois. Si voir est un nouveau sens, appréhender ces choses peut avoir du sens. Dans cette nébuleuse où j’ai l’impression de me déliter ou de consolider ces membres qui ne sont pas capable de saisir grand chose. Ces objets sont peut être la clé pour mon retour sur mer. Je ne me sens pas de faire autrement qu’observer cet instant, ces objets, de toute manière.

D’abord il y a un petit rectangle solidifié, avec des chiffres et des lettres en brillance. Elle semble importante cette chose mais je ne pourrais comprendre pourquoi. Elle est avec d’autres rectangles plus grand mais pas du tout rigide cette fois. Eux aussi semblent important car le tout est protégé par un autre rectangle avec plein de plis. D’où je viens ce genre de protection est voué à l’Amour, à ce moteur qui fait chanter les morts dans le cœur de ceux qui n’oublient. Ici, cela sert à quelque chose d’autre, je le vois puisque ce dernier rectangle est tout usé. Comme si sa protection finissait par s’étioler.

En me perdant dans la contemplation de ce qui me paraît être sacré aux yeux, à ces yeux qui me mettent à l’envers pour une raison que j’ignore. Je commence à percevoir quelque chose en moi, un soubresaut, un rythme, une sensation qui frappe au centre. Paniquer n’est pas la première chose qui m’est venu mais c’est elle qui est restée. Et ce battement va encore plus vite, ça y est j’en suis sûre, ce truc est une bombe. Une machine qui œuvre à me faire sauter les papilles. Ce dernier mot m’est venu automatiquement. Est ce important les papilles ? Et cette bombe.... bip bip bip bip bip !!!

WTF ! Mon réveil sonne...

Métro, boulot, dodo, Vincent Riot-Sarcey

Fenêtre quatre, trio élégiaque pour piano, violon et violoncelle numéro 2, opus 9 Rachmaninov Le lait des voisins, Anonyme

Ton siège, delta ordinaire, la rose au plafond, l’épée plantée auparavant et partout au mur ta peine. Justin, prêtre sous le mélèze chante à Aïcha :

  • Ton collier de cristal, le fraisier près de la source.
    Trois fenêtres. Une page est tournée au journal des voisins. Une lumière, une étoile psychique au fleuve rénan. Du ciel déporté, d’un diamant contenu au cerveau, en ta cervelle la présence du vivant, un ciel déporté en arbres sages. Les légumes concassés au plat du vieil arabe « Ali, le voisin céleste ». Vague aux rocs, aux socs, la longue truie saute le minaret, la sage haie, cours vers la lointaine et familière fontaine. Ton paysage de la rue cachée (Armelle nue sous la Lune) laisse le passage au temps qui se veut rassurant. Le ciel comme des cheveux d’ange (de l’aimée retenue captive), cheveux roses, nuage bleu, anges synthétiques. Que ce temps me semble extrême, la vague d’un temps étranger entre interconnexion et communications florales. Les jabots et les plantes bleues du cérébral.
    Ali, tu illumine ma vie.
    Bourdieu, bons lieux pour la Lune régulière. Cours la marjolaine aux jambes de Gyslène, la ligne réfractaire, jacasse (Jocasse), la grue me repose, au sycomore mort. Vivre, régénère toi dans la plante interne, les fibromes aux veines de tes pieds (papa bleu).
    Le corps droit, strictement conscient de la verticalité de l’horizon, chaloupage en haute mer, ondulant en cuve au café voisin, combats de corsaires, le magasin de soutiens-gorges. A la bouillabaisse du voisin navigue le long des rives de la Marne, les cils, les neutrinos et les fleurs à moustache. Coupe la bruine (fou), un mirobolant végétal tourne au soleil de l’ampoule du salon, au néon à explosion les enseignes, rêve bleu pour la mer, rouges pour le volcan. Dame fortune thésaurise la Lune au placard. Vivant et absent (adolescent), inspecte le jardin de l’enfant-roi, couronne d’or à la table d’ostie, fenêtre quatre chez le voisin, la chaise couplée, habitée.

***

Trois membres sages regardent la cour des voisins.
L’autre fenêtre de nuit comme les branches d’arbres, (comme un autre à qui incombe le présent) filme le temps, la fenêtre accueillante et la nuit de jazz métabolique. Pain gris (piquet de cris) le bosquet des plantes révoltantes, les oiseaux envolés.
Tu es bien chez toi, hologramme, dans ton mutisme (le papillon de lumière), aux chromosomes de têtes de mort dans la nuit, le masque éclaire, plafond blanc, tête de Lune, au pavillon de ton cœur, la clairière. Évola danse dans le centre hospitalier. Vieux et pensif, les arbres ronds, la marche du temps (le sorcier c’est ton amour), la fleur mauve (mirobolantes exactions qui roulent et qui s’imposent), elle pousse dans le printemps. A la table le vieux vin, à ta tête le ciel rose et cet hiver et le printemps, à un autre moment la fenêtre, et l’ascenseur, ils chantent :

  • C’est toi la raison de mon bonheur
    Et l’affiche liquéfiée rouge comme découverte pour toujours, comme Allah prisme de réussite, intégration inter-ethnique, inter-relligieuse, démocratie et paix mondiale.

***
Fenêtre quatre. Dans la chambre violette de liserons, le menton rond de tonton. De mon présent je vois. Pessõa nage dans l’océan bleu, il dit la victoire de mon demain, du module noir ailé et coupant comme un cyprès. Lénine apprit à lire et à écrire à un an. A la ligne d’horizon croisé Leviathan, le bouffon vermeille assis sur la chaise en bois de tek, au pied de la table d’ostie, veillée de jour comme de nuit au ravin, couler la liqueur verte du sergent blanc et le bocal du divin serpent. De l’appareil interne (la nef), le manteau électronique de Di Mambro, de fonction le ciel rouge, étoile et mouton, blanche plume. Une courge d’argent d’Aldébaran aux pieds de Marthe, de dilution en dissolution, de l’assujettissement, de l’accession au siège du saint Pape. Fenêtre quatre, dissolution de la raison, mon ciel gris a fuit ma vie.

***
Trois fenêtres à la table des voisins.
Une fenêtre étroite. La chaise de Barbello « Bon lieu bon dieu » se dit-il. « L’argent et le profit c’est moi. » Le financier, gâteau de haut prix palpite à ses moustaches. « Le patron c’est moi » Je danse dans mon pantalon de tafta à la barbe du soleil, exploitation et patronat. L’as du néant « Congo conglomérat coca cola », un repas pris dans la cour au solstice, au mélèze creux, déprime dans le lieu communs, géraniums. L’anagramme noir, trois fois sorti, trois factions (du soleil noir) trois fois rangé. Le Connecticut tourne le Sufi et son épée d’argent à la table ronde pour un sou, une violette, pour une chouette des humains, des luminaires sages de la raison, jour de Vernaison, la fête, cantate de Bach au violon.

Le silence du couvre-feu, Florence




La nuit, les étoiles dansent, Audrey

Depuis le 15 décembre, un couvre-feu a été instauré. A partir de 20h, il est interdit de sortir de son lieu d’habitation sauf pour raisons mentionnées dans la nouvelle fiche dérogatoire. Logiquement, le silence s’est installé. Un silence national, interrompu de temps en temps par quelques personnes qui n’ont pu faire autrement. Difficile à imaginer et pourtant c’est ce qu’on vit. Aucun bruit de voitures ou de musiques à fond. Tous les brouhahas des bars et restaurants sont absents. Il n’y a plus de bavardages à la sortie des théâtres et cinémas qui restent portes closes. On peut peut-être observer des chauve-souris si on est chanceux mais elles ne sont pas réputées pour leurs sons. Les rues sont désertés, un ermite, ayant vécu dans un endroit isolé du monde et loin des nouvelles qui l’animent, pourrait croire être arrivé dans une ville fantôme. Peut-être est-ce le cas. Peut-être que nos villes ne sont que fantômes en l’absence de vie humaine. Comme si le temps avait été arrêté, mit en pause. Comme si tout avait été figé. Elles attendent de revivre le lendemain à partir de 6 heures du matin. Et là, enfin, elles peuvent faire ce pourquoi elles ont été conçues : accueillir la vie humaine. Les humains reprennent leurs habitudes, comme si rien ne s’était arrêté entre temps.

MFB