CONFiture Maison, Saison 2, Episode 6

Cette semaine, trois thématiques ont été proposées aux participants.

- Thématique Corona :
Si la situation sanitaire ne s’améliore pas, les théâtres et salle de cinéma pourraient bien rester fermés. Mais grâce à l’idée de votre pièce de théâtre, opéra ou film, vous vous apprêter à sauver le monde de la culture !

- Evasion :
Imaginez une histoire ou un poème fantaisiste avec les 10 mots suivants :

  • pile ou face
  • vacances
  • chéquier
  • vinaigre
  • bleu turquoise
  • sourire
  • qualité
  • pull- over
  • eau de rose
  • bulle

WTF :
Origami !

Découvrez leurs participations !

Comment sauver la culture, en nous ?, Meido

Empêchement, retardement, on pousse et repousse nos limites. Va t-on réussir à survivre à ce désenchantement ? La seule nourriture, la plus calorique, la musique, le partage, le live ; le film, la pièce de théâtre, la performance improvisée d’un danseur dont l’élan ravive le cœur, le corps et la psyché. Va t-on subir sans créer bien longtemps, sans accès à ces oasis ? Ces temples, foyers sacrés où l’on se perd pour y trouver ce que nous n’aurions pu exprimer mieux.

L’expérience d’un monde en feu sans sublime, sans manifestation de cette volonté de s’en échapper... Là où la culture n’est pas considérée comme essentielle à l’existence humaine, là est le territoire aride, pauvre et voué à foncer sans recul, sans conscience. L’art a le potentiel de faire évoluer les esprits. La foule est plus que nous tous et nous réunir pour apprécier ensemble l’œuvre d’une vie, de plusieurs vies à plusieurs vies... Ne plus ressentir cette Agapé collective me rend triste pour l’Homme, pour moi, pour ceux qui créent cette possibilité de connexion.

Le regard, l’écoute, la main qui frôle la sculpture comme un péché défendu et tant désiré, l’acte coupable d’un baiser apposé à l’Aurore... Ces moments d’une intensité telle, qu’ils nous habitent à travers les âges. J’ai dans les yeux tant de couleurs, leurs réminiscences m’emplissent d’un plaisir ardent. L’art est pour moi le sauveur, le guide, le compagnon. Sans sa matérialisation, sans la transmission, comment apporter sens à l’absurdité ? Va t-on trouver une manière de compenser ?

Travailler donc à voir dans le réel ce que nous recherchons dans la création. Je ne prétends pas détenir la solution, juste un moyen de nourrir l’objectif, la focale, par ce qui nous entoure. Aujourd’hui, le film est fait de moi, de ma démarche dans une rue, l’extravagance dans le banal, je fais ma vaisselle avec religiosité. Car d’une certaine manière je suis le spectateur de ma vie, et l’artiste aussi. Essayer de réaliser une action, une intention avec art ne nous est pas impossible. La rétine est bon public et tout devient une opportunité d’apprécier une certaine dramaturgie.

On ne peut visiter les ailes d’un musée pour l’instant mais nous pouvons comme ici, nous saisir de l’expression, d’un support pour créer. Je ne peux aller à lui, il viendra à moi à présent. L’art est dans les heures perdues, « l’oxygène de l’âme » et nous ne pouvons faire sans. Que ce soit dans un auditorium ou dans ma salle de bain, la façon de porter attention aux choses pourrait elle être la même ? Merci Duchamp d’avoir professé que « tout est art », nous pouvons maintenant injecter de la musique dans nos pas.

Origami, MFB

Insomniaque, Audrey

Je suis couchée, je ne trouve pas le sommeil. J’ai beau compter les moutons, le marchand de sable refuse de me rendre visite. J’abandonne la partie et fixe le plafond. Il est devenu très intéressant. Soudainement, de l’eau tombe dans ma chambre et la remplie. Cela déborde et emmène la porte avec elle dans toute la maison. J’ai la sensation d’être dans le film Titanic mais sans les sauveteurs qui sauvent les survivants. L’eau est bleue turquoise, de la couleur de la mer. Je peux voir toute la maison qui est noyée sous la furie aqueuse. Je cherche des membres de ma famille pour les repêcher. Tout est ruiné à l’intérieur. Il n’y a rien à faire, à part m’échapper. Je m’aperçois qu’une bouteille de vinaigre flotte à la surface. Elle est lumineuse et hypnotisante. Sans m’en rendre compte, je m’approche d’elle et la prends à la main. Je ne peux décrire cette sensation. Je suis dans une sorte de bulle qui ne cesse de tourner à grande vitesse. C’est comme si quelqu’un faisait pile ou face avec ma vie. Va-t-elle survivre à cette transportation ou devrais-je la laisser sur place avec les autres ? Finalement, je triomphe de justesse et me retrouve dans un lieu inconnu. Une sorte de colonie de vacances abandonnée. Je vois des chéquiers laissés sur le sol, des affaires importantes, des passeports tout comme certaines choses inutiles tels qu’un lampadaire éteint et une tapette à mouche oubliée. Mon environnement est un grand désert, une vaste plaine vide. Il n’y a rien ni personne. Je me retrouve seule au milieu de nulle part. Il n’y a même pas un chemin tracé pour me guider. Seulement moi. Bon, je dois me ressaisir, je ne suis pas dans un film à l’eau de rose où le héros va sauver sa princesse. Je dois et vais me sauver moi-même. Je vois une voiture, sortie de nulle part, rouler dans ma direction. J’essaie de lui signaler ma présence. Quand j’abandonne et m’assois, je la vois se diriger vers moi. Elle roule très vite et n’a pas l’air de vouloir s’arrêter. Je remarque qu’il n’y a aucun conducteur, seulement sa vengeance qui l’anime. Je prends peur et me mets à courir en lui hurlant de me ficher la paix et d’aller voir ailleurs si j’y suis. Elle ne me lâche pas d’une semelle et continue sa traque sans me laisser le moindre répit. A bout de souffle et incapable de continuer à m’enfuir, je m’arrête, lui fais face, ferme les yeux et attends avec grande appréhension, la collision brutale à laquelle je ne peux échapper. Je me réveille en sursaut, réalisant que ce n’était qu’un terrible cauchemar. Cela me fait sourire de soulagement et j’enfile mon pull-over pour me réchauffer de ce terrible rêve de mauvaise qualité et me promets de ne plus regarder Transformers de ma vie. J’ai beau être une adulte, les robots vengeurs me font toujours peur

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Un film pour sauver le monde, Vincent Riot-Sarcey

Une petite histoire, MFB

Jouons à pile ou face !

Si c’est pile, nous partons en vacances à la montagne le 31 décembre, un chéquier à la main.
Nous nous offrirons une bouteille de champagne de qualité à fines bulles, que nous consommerons avec un délicieux foie gras et un magret de canard au miel et vinaigre, accompagné d’une délicieuse salade. Un dessert raffiné, de délicieux choux à la crème parfumée de rhum.

Si c’est face, nous portons nos pullovers bleu turquoise à noël.
Je me parfumerai à l’eau de rose, je déposerai un joli rouge à lèvre rose framboise sur mon joli sourire.

Quoi qu’il arrive, ce sera merveilleux !

Guignol-Gnafron, Emmanuel

Ah ! L’amour !, Vincent Riot-Sarcey

À pile ou face, il jouait sa vie.
Peut-être qu’un jour il repartirait en vacances, mais ses poches étaient vides.
La banquière lui a bien dit, - Plus de chéquier, monsieur … Vous devez mieux contrôler votre budget !
Soit, il avait mis du vinaigre dans son vin.
À table, devant cette jeune femme toute droite dans ses bottes qu’il tentait de séduire en cette journée hivernale, il esquissa un sourire complice pour faire dégeler la glace.
Toute mignonne dans son pullover bleu turquoise moulant elle lui rendit son sourire.
Finalement, il n’était pas bien méchant ce jeune homme et puis il lui plaisait bien.
Elle avait été surprise par son invitation, mais les occasions étaient tellement rares, qu’elle avait cédé.
Paul allait peut être obtenir gain de cause et il commença à complimenter la jeune femme.
Il vanta la beauté de son regard et la qualité de ses remarques.
Quel baratineur !
Pourtant elle sentait les propos à l’eau de rose du jeune homme l’enlacer et former une farandole de mots bien doux à entendre tout autour d’elle.
Cela faisait bien longtemps qu’elle n’avait pas senti sur elle un regard si attentionné.
Elle était séduite et elle ne pouvait se le cacher tellement la sensation procurée était agréable.
Des bulles de chaleur parcouraient tout son être et une légère ivresse s’empara d’elle.
Je vais l’aider ce jeune homme et puis peut-être que l’on fera un petit bout de chemin ensemble et que la vie avec lui sera plus douce…
Ah ! L’amour ! …..

Evasion, Charlie

Thématique évasion, Bob-Marcel

Des rimes en folie, et non copyrightées,
Vas-y c’est gratuit, hésites pas à t’inspirer !
J’te chante quelques mots, qui n’ont que peu de sens,
Osef ! Vive la vie, c’est bientôt les vacances,

Je bosse à la Mine, avec mon pull-over,
Ici c’est la famine, on se croirait à la Guerre !
J’vais perdre mon boulot, ma CB, mon chéquier,
Je vendrais ma belle-sœur, pour me sortir de ce merdier !

Le soir dans mon bain, la fatigue me terrasse,
Je suis tout vermoulu, toujours à la ramasse,
J’dois faire la vaisselle, on joue à pile ou face,
Et voilà, encore perdu, j’prends mes valises et j’me casse !

Ma femme fait la cuisine, j’sais pas pourquoi j’me sens allègre,
Oula ça sent le brûlé, j’crois qu’elle a renversé du vinaigre …
J’m’enferme dans ma bulle, j’fais genre j’ai rien remarqué,
Faire le mort en couple, est un gage de qualité !

Y’a quelques années, je rédigeais ma prose
Pour un journal mal fréquenté, romans à l’eau de rose,
Depuis on m’trouve cool, ça donne le sourire,
J’ai zéro talent, juste envie de mourir !

Pour oublier mes problèmes, je bronze sur la plage,
La mer est bleu turquoise, et y’a pas un seul nuage !
J’ai pris des coups de soleil, déjà que j’ressemblais à rien,
Avec ma peau cramoisie, plus trop la tête d’un Ivoirien !

J’me suis reconverti, j’élève du bétail,
Ma vachette s’est enfuie, j’me retrouve sur la paille !
Moi qui ne voulais pas travailler dans un bureau ;
Qu’est-ce que j’ai l’air con, avec ma pelle et mon sceau …

J’me suis inscrit sur Facebook, je fais la promo
De mes talents particuliers, mon amour des animaux,
On m’a contacté l’autre jour, pour faire un partenariat
Pour des couches de bébé, c’est dommage, j’en ai pas !

Sinon, j’ai une appétence pour la philatélie ;
J’ai ma ptite collection, je trouve ça joli,
Je déteste depuis toujours les haricots vert,
Leur peau colle aux dents, à nettoyer, quel enfer !

Est-ce que vous pensez qu’un jour
Mes délires auront du succès ?
Je tente ma chance tous les jours
Je deviendrai Ecrivain Français !

Dérogation origamique, Vincent Riot-Sarcey

EVASION, Zab’

Hasard de pile ou face,
sourire de qualité dans
une bulle de vinaigre
à l’eau de rose.

Chéquier,
pull- over,
et le bleu turquoise
des vacances.

Origami, Florence




Thématique corona, Bob-Marcel

Marine était une jeune femme brillante, à qui tout réussissait. Elle avait pour projet d’étudier quelques années, de partir s’installer dans un pays en voie de développement, pour faire de l’Humanitaire. Car oui, elle aimait les Êtres Humains, les voir se développer, s’épanouir, vivre, mourir. Oui, mourir.

Cette passion macabre, Marine ne se l’expliquait pas, et rien dans le contexte de son développement personnel ne pouvait justifier non plus cela. Fille de bourgeois, elle avait côtoyé les milieux aisés, les plus grands établissements, fréquentait d’autres jeunes demoiselles de bonnes familles. Bref, rien de bien alarmant …

Un jour que Marine se promenait dans la forêt, il lui sembla reconnaître les traces de passage d’un cervidé. Chouette, elle n’en n’avait jamais aperçu de sauvage, et elle avait du temps devant elle, l’occasion était inespérée.

Quittant la route balisée, la jeune femme s’enfonça dans les fourrés, à la recherche d’indices qui la mèneraient à destination. Les alentours étaient calmes, pas un oiseau ne chantait. Une faible brise venait agiter les feuilles des arbres, produisant un léger bruissement à peine audible.

Marine était sereine ; Les vacances d’été approchaient, elle avait réussi avec brio son dernier contrôle au lycée, et se voyait déjà couronnée de louanges à la fin du trimestre. Perdue dans ses pensées, la jeune fille ne prêtait que peu d’attention au paysage se déroulant autour d’elle. Cette marche dans la verdure en lisière de son petit village n’était de toute façon pas une découverte, elle avait effectué le trajet maintes et maintes fois. Pourtant, un discret détail n’ayant pas sa place en ces lieux aurait dû lui mettre la puce à l’oreille …

Les bois se faisaient de plus en plus touffus, il devenait difficile de se frayer un passage entre les pousses végétales vigoureuses. Plus une trace de l’animal, mais des traces … Cela devait être de la peinture, un peu vieillie, qui avait éclaboussé discrètement ce tronc d’arbre, cette fleur … Et cette odeur qui envahissait peu à peu les narine de Marine ; Elle était pourtant persuadée qu’il n’y avait pas de marécage dans les environs.

La jeune fille avançait désormais d’un pas plus hésitant, trébuchant çà et là contre une racine apparente. Elle qui avait une connaissance parfaite de la forêt, ne reconnaissait pas l’endroit où elle se trouvait. De plus, la luminosité décroissante l’empêchait de discerner clairement la piste qu’elle suivait. Elle s’apprêtait à renoncer à ses recherches lorsqu’un cri la figea sur place ; Le cerf était tout proche ! Mais ce cri … On aurait dit que la bête était effrayée, essoufflée … Y avait-il un danger tout proche dont elle n’avait pas noté la présence ?

Marine se retourna, fit quelques pas. Une forme sombre traversa son champs de vision, un cri, de nouveau, plus faible. Détonation, un cri, silence. Non loin de là, le bruit d’un corps volumineux qui chute. Silence.

Une silhouette vêtue de noir s’avance vers Marine, qui ne bouge pas. Chasseur. Son arme fume encore, il marche d’un pas vif, droit sur elle. Elle veut l’apostropher, lui demander des explications, pourquoi a-t-il tué le cerf ? Que fait-il dans cette forêt paisible d’un petit village sans histoire ? Que cherche-t-il ?

Marine ouvre la bouche. Le regard de l’inconnu lui coupe la parole. Sauvage. Sombre. Le fusil se lève, droit sur la poitrine de sa cible. Coup de feu. Elle crie.

Mais non, les héros ne meurent pas dans les films, on termine juste sur un petit cliff hanger en mode texte qui vous tient en haleine. Peut-être que cette rencontre changera sa vie ? Quelle sera son rapport à la mort après cette scène ?

La mare aux origamis, l’Ourse

Origami, FK2020

Origami. Premier pli. Mes envies. Deuxième pli. Mes contraintes. Troisième pli. Mes envies. Quatrième pli. Mes engagements. Cinquième pli. Mes projets. Sixième pli. Mes rêves. Septième pli. Ma réalité. Huitième pli. Mes espoirs. Neuvième pli. Mes rêves à nouveau. Dixième pli. Mes casseroles. Onzième pli. Mes limites. Douzième pli. Mes proches. Treizième pli : Mes envies. Quatorzième pli. L’inconnu. Quinzième pli. La vie. Origami.