CONFiture maison, saison 2, episode 20

Cette semaine, les participants été invités à créer autour de ces thématiques :
Thématique actualité : 1) Le 17 mars, le premier confinement fête ses 1 ans, comment célébrer cet anniversaire ?
2) 17 mars 2020. La France se confine pour faire face à une pandémie. A la manière d’un thriller dont vous êtes le héros, racontez-nous les quelques heures qui ont précédé cette journée.
Thématique évasion  : Je suis un cactus qui mésestime mes épines, décrivez nous le rêve d’être sans épines (ou le rêve de faire avec).
Thématique WTF : Si chaque pensée devait se terminer par un point d’interrogation ? quelles formes prendraient elles ?
Participation libre : Chaque semaine, il est toujours possible de faire une participation libre, qui ne rentre dans aucune de ces thématiques !

Découvrez leurs participations !

Une bouteille à la mer, Audrey

J’ai envie de vivre. D’améliorer ma vie. De confronter mes idées pour être sûre que ce soient les bonnes.
Je veux partir, loin de tout. Recommencer une nouvelle vie. Rencontrer d’autres comme moi et savoir que je ne suis pas seule dans mon cas. Vivre de nouvelles expériences. Me sentir vivante. Me prouver que j’existe et que j’ai de l’importance.
Je voulais écrire ces quelques lignes pour les faire sortir de ma tête et les partager. Qu’elles partent et voyagent, qu’elles fassent ce que je ne peux faire.
Mon imagination est en panne pour cette fois donc j’ai décidé d’être vraie......pour une fois.
Comme je voulais vraiment apporter ma petite pierre à cette édifice, je me suis dit que je devais me livrer, raconter ma vérité.
Je parle de moi....pas très intéressant mais mieux que rien.
Je me suis dit que commencer par « J’ai envie de vivre », il n’y a rien de plus fort, de plus puissant comme début. C’est ce qui me représente le plus. La vie. L’air que je respire. L’énergie qui me pousse à me battre pour ma vie.
En ce moment, quelque chose me tourmente. J’écris « en ce moment » mais j’ai ce sentiment depuis que je suis née. Je n’arrive pas réellement à être moi. Je veux dire, je suis moi mais pas complètement, pas à fond. Il y a quelque chose qui cloche chez moi, qui ne va pas du tout. Et je me sens seule, incroyablement seule parce que personne ne comprend ce qui m’arrive. Moi-même, j’ai un peu de mal à savoir. Je le sais à la surface mais je sens que si je gratte un peu, je verrais ce que ça cache vraiment. Je me sens défigurée de tout mon corps. Je ne le supporte pas. De la tête aux pieds et j’ai du mal à vivre avec. Je passe mon temps à imaginer être quelqu’un d’autre, ça me réconforte. Ça m’aide à vivre avec moi. Être capitaine d’un bateau, de mon propre bateau. Pouvoir voyager où je veux, sans mes défauts. Qu’ils disparaissent en même temps que moi. Je disparais en mer, avec mon bateau, pars au loin sans me retourner et vis d’excitantes aventures à la recherche d’un trésor qui n’existe pas. J’aurais un équipage qui sera à mon écoute, qui obéira à chaque ordre et qui me sera fidèle jusqu’à la fin. On sera devenu une famille. Une vraie.
Malheureusement, je suis coincée avec mes épines qui me blessent plus qu’elles ne m’aident.
Moi, pauvre cactus, qui me suis perdue au lieu de me trouver.
Je sais qu’elles sont là pour une raison, j’aimerais juste savoir laquelle.
Qu’on m’explique pourquoi je suis comme ça et pas ce que je veux être.
Je veux vivre avec mes épines, j’aimerais vraiment mais je ne peux pas. C’est au-dessus de mes forces.
J’aimerais être un arbre de Jade, tout lisse sans avoir peur de blesser quelqu’un.
Je serais toujours aussi résistante mais pas dangereuse. Les humains pourraient s’approcher de moi sans redouter mes armes mortelles.
Je suis profondément pacifiste et ne supporte pas l’idée que mon apparence donne de moi.
Je suis un vrai bisounours à l’intérieur et ne peux être libre de montrer ce que je ressens aux autres.
Je lance donc cette bouteille à la mer, espérant ne pas être seule à ressentir ça.
Surtout, si vous me croisez ou m’apercevez de loin, n’hésitez pas à me dire si vous aussi vous êtes comme moi, un cactus qui aimerait ne pas en être un.

17 mars 1er anniversaire du covid, MFB

En fait, je fête tous les positifs que j’ai déployés pour faire face au covid :

  • 1 J’ai découvert confiture maison,
    j’aime beaucoup écrire et faire une création.
  • 2 J’ai participé à l’atelier bibliothèque vivante,
    j’ai dévoilé un grand secret,
    j’ai fait de très belles rencontres.
  • 3 J’ai témoigné et participé à la création de la revue Tout Va Bien,
    ce fût passionnant.
  • 4 J’ai dépassé la grande peur que le covid a provoquée en moi,
    j’ai surmonté, à moitié, l’angoisse de la solitude.
  • 5 Bien que le club de sport soit fermé, je continue à courir tous les jours.
  • 6 Je lis davantage et c’est bien.
  • 7 Pour ne plus grossir, mon gâteau favori est la crêpe, je mange équilibré.

MFB

What ?, Vincent Riot-Sarcey

Jeunesse ultraviolente, Vincent Riot-Sarcey

Sana helwa ya gamil, Yuma

J’ai écris l’année dernière et depuis. Dans ce confinement, quelque chose a évolué... Le premier atelier d’écriture marque une rupture avec ce qui me poussait à ne pas écrire. La crainte d’être lue, la crainte d’être nulle, la crainte de répondre à la lune et de la blesser par des mots maladroits, des mots étroits.

Je me suis prêtée au jeu, j’ai aimé mettre au service mon cerveau et mes mains pour réaliser un bout de création, expérimenter une pensée et la déployer pour suivre ce qui suit, une rencontre entre ce cerveau et ces mains. Brancusi, je me répète évidemment, disait « l’œil parle, la main voit » ou Nietzsche écrivait « l’art nous protège de la vérité qui tue » ou encore Gide « l’art naît de contraintes, vit de lutte et meurt de liberté »...

Ce qui raisonne donc en moi ne me laisse plus le choix, c’est créer qui va m’aider à ne pas sombrer. Tenter de ne faire qu’effleurer le déséquilibre en m’engageant dans cet espace-temps. Être honnête, ne pas s’échapper, essayer de faire au plus proche de moi. La fiction nourrit aussi les textes et les dessins, le réel n’est qu’un prétexte à ouvrir le champ des possibles. D’atelier en atelier, vivre au présent mes émotions, mes réactions, m’a apporté un petit grain de sens en plus. Des plis qui se lissent, une confiance sans jugement qui s’ancre en écrivant.

Un an de confinement, un an où le quotidien s’est modifié, appauvri en lien, en opportunité d’être surpris par un live, un vers offert, par soi en furie qui applaudit. Une année que je souhaiterais célébrer malgré tout. Une année où j’ai beaucoup appris, où le manque aura confirmé le lien, le besoin des arts dans nos vies. Où l’expérience inédite m’aura fait découvrir un peu plus qui je suis.

Un peu plus forte, un peu plus fragile.

Révoltée par la déception de ce qui se présente malgré ces temps de gestation. Voir que les pays, nos nations qui brandissent leurs médiocrités sans modération, en exposant des valeurs qui n’en sont pas, agrandissent le fossé entre ce qu’il y a de bon chez l’humain et ce qu’il n’y a pas. En stimulant la peur et en offrant assez de divertissement, on imagine tenir ? Va t’on offrir ce cadeau à nos enfants qui vivront les conséquences de notre présent. Enfants qu’on devrait écouter plus souvent, que j’aimerais au gouvernement.

De l’ordre à la dérive, cette année a été la manifestation de toutes les failles qui constituent notre système. Un système qui dysfonctionne depuis Kouchim, le premier à avoir marqué sa signature sur une tablette d’argile il y a des millénaires. Premier homme qui a eu peur de s’oublier, d’être oublié... ? Mais laissez-moi disparaître si j’emmène avec moi toute la misère de ce monde. La sécurité ou le confort ne sont ni à protéger ni à valoriser. Car c’est au prix des trois quarts de la population mondiale, qu’on maintient notre anomie, notre fonctionnement dysfonctionnel laisse crever les trois quarts de la population mondiale.

Tellement de chose à dire sur une année qui m’aura apporté pourtant. Restons calmes et acceptons ses changements. Le clair obscur a toujours fait partie de l’Histoire. Tout est ambivalent et porte en son mouvement autant de conséquences positives que négatives. Être optimiste ce n’est pas tout positiver, c’est croire au devenir en puissance aussi prolifique que délétère. Autant créatif que destructeur, tel l’oxygène ou la vie tout court. Accepter sans recherche de justice ou de cohérence ce qui nous arrive ? Faire avec.. même sans... : « confusion will be my epitaph » magnifique morceau des King Crimson. Beau rappel que la vie « n’est pas tendre »... maintenant que faisons-nous avec ce qu’on a ?

La dernière séance, Vincent Riot-Sarcey

Je suis un cactus !, Bulle

ATM

Par où commencer ?
Comment parler de toi ?
De moi ?
Pourriez-vous m’aider ?

Quand pourrons-nous vivre comme avant ?
Allons-nous vivre comme avant ?
Combien de joies perdues ?
Quel est ce monde où tu n’es plus ?

Comment vivre comme avant puisque tu n’es plus là ?
Qui me comprendra comme on se comprenait ?
Qui veillera sur moi comme tu le faisais ?
Vais-je réussir à ne pas m’écrouler ?
Comment vais-je te retrouver ?

Pourquoi la mort t’a-t-elle emporté et m’a-t-elle épargnée ?
Pourquoi a-t-il fallu que le confinement nous vole certains de tes derniers instants ?
Puis que mon opération ait lieu à ce moment ?

Pourquoi étaient-ils si pressés
De préparer les plats pour la famille, de regarder les photos du passé ?
Pourquoi ma seule envie
était-elle de rester seule devant ton corps sans vie ?

Pourquoi ont-ils déjà tout résilié, tout vendu ?
Pourquoi n’ai-je pas envie d’y retourner ?
Ai-je envie d’y retourner ?
Vais-je réussir à me décider ?

Pourquoi n’est-il même plus possible d’entendre ta voix sur ton répondeur ?
Pourquoi quelqu’un a-t-il décroché quand j’ai composé ton numéro ?
Comment a-t-on osé réattribuer ton numéro ?

Comment refaire confiance à la vie ?
Quand finira la douleur ?
Quand recommenceront les jours meilleurs ?

Qui s’y frotte s’y pique !, Lofti.B


J’ai toujours cru que j’étais lisse, transparent, invisible et sans épine. Et pis comment tu peux naitre avec des épines ?! Pour cela il faut être un Cactus pour pouvoir accoucher et mettre au monde ce genre de créature. Maman ne semblait pas être un Cactus, ni papa et ni moi à priori. Du moins c’est ce que je croyais ! Autour de moi et à proximité, je les sentais les épines des autres…
Et les miennes !? Vous les sentiez ?! Moi Oui !! Mais de l’intérieur….
Mon épine ?! Elle ne se voyait pas, je ne les voyais pas. Tu m’étonne, elles ont poussé de l’intérieur et à l’envers. Il m’a fallu du temps et de l’énergie pour pouvoir les sentir. Faire avec ou sans ? Être dehors ou dedans ? Être ici ou ailleurs ? Qu’importe, tant que ça pique !
Je me suis toujours vu comme un hérisson sans pique, une châtaigne de mer sans sa lance. Tout glissé sur moi et je surfais sans le savoir sur les champs d’épines de mes proches et de mes semblables. Un jardin empli d’épines et de lance dirigées et offerte à moi comme un bouquet de champ de rose cueilli minutieusement à main nu et destiné à un à venir prometteur et piquant.
Piquoti, piquota c’est celui qui dit qui y est ! Et pis qui mieux que moi peut savoir ce que j’ai et/ou si j’ai des épines ou pas ?! personne, à part moi et tout le temps que j’y consacrerai.

Tiens ! Je t’offre une Rose…

Tu la cueille où tu l’accueille ? …

Charlie

Spring covidman in the swamp, Vincent Riot-Sarcey

Un cactus sans piquant mais qui ne manque pas de pique, Emmanuel

Qui s’y frotte s’y pique ! Marianne

Il y a si longtemps que j’ai des épines que je ne me souviens plus quand elles ont commencé à pousser.
Sans doute au départ une réaction de protection. Puis petit à petit, je me suis habituée à ces épines.
Si bien qu’aujourd’hui sans ces épines, je me sentirai nue.
Mais cela n’aide pas vraiment à prendre confiance en soi car si un jour je dois me passer de ces épines je serai sans protection ce qui revient à dire que sans cette carapace qui me sert de protection, je ne suis pas capable de m’en sortir.

Où bien en suis-je capable mais j’ai tellement l’habitude de ces épines que je suis incapable de faire face sans ces épines ?
Comme si mon cerveau était incapable d’envisager la vie sans ces épines.

Ces épines qui protègent mais qui isolent aussi. Il faut bien du courage aux autres pour voir au-delà des épines. Pour voir clair en moi. Bien peu de personnes sont capables de lire en moi comme si j’étais un livre ouvert.
Beaucoup de personnes s’arrêtent aux épines et me voient comme inacessible.

Un peu comme un diamant brut qui paraît si terne au premier abord et que si on prend le temps de le connaître, on finit par découvrir sa vraie valeur.
Alors, aujourd’hui, que je me sens bien seule, je me dis :
"Laisser ou ne pas laisser tomber mes épines ? Telle est la question."