CONFiture Maison, cuvée exceptionelle #8

Nous proposons une fois par mois un temps de création collectif, où nous pouvons échanger sur nos productions ! Un huitième temps a eu lieu en visio lundi 20 décembre. Cette fois nous sommes partis de plusieurs mots choisis : extermination – répétition – plaisir – moelleux – crayon – palace – rêve

Découvrez les créations !

Dessin, Florence


Dream, Anonyme

L’infinie e-limitée, de se faire plaisir,
Ecrire, partager, sans se voir souffrir,
Chaque nuit le poète, se livre aux mêmes exactions,
Répétition sans cesse, des fantaisies de l’Imagination,
Il voit de sa fenêtre, sa rue sombre désemplir,
Il n’a pas de maître, seul, il se laisse étourdir,
Trace ses lignes, de bois est son crayon ;
Se passe et ramasse, les paroles d’une chanson,
Il amuse les jeunes, et les jeunes se laissent unir,
Tabasse les foules, crève le passé, et danse l’Avenir,
Réchauffe les cœurs, qui débordent de passion,
Annihile les erreurs, ce gars-là maîtrise… l’Extermination !
Le rêve est plus beau, quand l’on sait se souvenir ;
Les souvenirs rendent peureux, je préfère vous prévenir !
Mielleux est le rat, qui sirote une boisson ;
C’est moelleux comme un chocolat, que l’on dévore d’anticipation,

Ainsi va la Vie, soyez forts, nous tiendrons bon.

Je voudrais conclure, par quelques idées très accessibles ;
Pas besoin d’être un génie, pour que l’art devienne intelligible,
J’espère toutefois que mes extrapolations restent compréhensibles.

(Et j’ai pas mis palace parce que je ne sais pas compter jusqu’à 7 !)

Texte , TheWanderer

Je me retrouve dans un palace, très beau et très grand avec énormément de chambres vides, les portes ouvertes. Je bouge sans savoir quoi faire. Je me perds. Au loin, j’aperçois un lit tout moelleux, dans une grande chambre avec la porte bien ouverte en grand, et je me plonge dedans avec plaisir. Le problème est que cette géante demeure appartient à quelqu’un. Le propriétaire arrive, furieux, me prend par la peau du cou et me jette dans un donjon. Je reste pendant ce qui semble durer des mois et des mois. Puis, un gardien arrive, me fait sortir et me fait entrer dans une salle. Devant moi se trouve une sorte de guillotine.
Sur la porte est écrit : extermination des parasites.
Le gardien me place sur la guillotineet fait descendre le truc qui coupe, la sorte de hache.
Je ferme les yeux, remplie par la terreur et l’effroi.
Après un long moment d’angoisse et de très longue attente, j’ouvre les yeux et suis surprise par ce que je vois. Il y a beaucoup de monde dans la salle ainsi que des cameramen, des journalistes et un présentateur. Celui-là même s’approche de moi et dit, un sourire sadique sur les lèvres : "Merci d’avoir bien jouer le jeu, la répétition est finie. On se retrouve dedans pour filmer ce qu’on vient de faire !". J’en tombe de soulagement et de choque.
Le présentateur s’éloigne pour prendre des notes avec son crayon bizarre, dont le bout est pourvu d’une aiguille.
Je me réveille en sursaut, contente que cela n’a été qu’un rêve cauchemardesque. "

Monsieur X, L’Ourse

Je suis affalé sur mon canapé.
Je, c’est moi : Monsieur X. X, pour extermination. J’ai gardé ce vieux surnom qu’on m’avait collé lorsque j’avais écrasé tout le monde à un jeu de zombies.

Là, il est tôt, à peine 5h du mat’. Tous les matins, c’est la même chose, la répétition basique de la vie. Il est tôt et pourtant les fenetres de l’immeuble d’en face sont déjà éclairées. Je trouve ça plutôt étrange : qui peut être debout à cette heure ? Ou bien pas encore couché ?
Moi, j’adore mes nuits, mes rêves de gloires, de p’tites pepetes, de palaces et champagne. Mes jours, en revanche, ne sont pas vraiment un plaisir.
Bon alors pour commencer cette journée, je tente de bien observer ce qui se passe en face, de plisser les yeux pour comprendre les ombres. Je vois un gars un peu épais, moelleux comme un loukoum, qui bouge lentement au loin, dans son appart. J’imagine donc qu’il se prépare pour le taf. Surement dans un chantier ou en usine ?
Ça me semble peu probabale qu’il revienne de bringue, il aurait l’air un peu plus joyeux. Quoi que certaines fêtes qui tirent jusqu’aux aurores peuvent parfois prendre une teinte sombre, lente et pénible. Peut-être qu’hier soir sa femme l’a quitté, son chien est mort ou qu’il a retrouvé un vieux copain d’enfance qui ne va pas tarder à lui pourrire la vie.
Peut-être aussi qu’il se prépare pour aller bosser dans une fromagerie ou qu’il est facteur ?
J’ai du mal à lui donner un âge, je vois à peine son visage... Mais ses gestes sont calmes et doux. Ça à l’air d’être un sensible.
Là, il est assis, il boit un truc. Surement un café ! 5h du mat’, c’est pas l’heure pour un thé. Il doit éouter la radio ou de la musique. Heuuu non en fait. Son corps parle de silence et d’introspection. D’ailleurs, j’ai l’impression qu’il a un crayon dans sa main. Il se lance peut-être dans une liste de course, ou écrit un poème ?
Il ne bouge plus. C’est long, c’est calme et épais. Il ne se passe rien. Les minutes coulent doucements. Puis d’un coup, d’un geste brusque, il se lève de sa chaise. Je suis à l’affu, essaye de comprendre ce qu’il fait.
Je le vois ramasser la chaise qu’il avait fait tomber et se rapprocher de la fenetre. Il y colle presque son visage et j’ai l’impression étrange et malaisante qu’il m’observe.
Mais oui, cet homme me regarde ! Il doit se demander ce que je fais chez moi, debout, à cette heure.
Je me sens proche de lui comme rarement.
Cette sensation que deux solitudes d’homme se rencontre est vertigineuse.
Une idée précise m’apparait clairement : je dois absolument lui parler. Je jette un dernier coup d’oeil pour deviner l’entrée de son immeuble, enfile mon manteau et, plein d’espoir, pars à sa recherche !

Non, non, non ! Vincent Riot-Sarcey

Dans ce monde plein de répétitions où les saisons chassent d’autres saisons, j’ai décidé de prendre mon crayon.
Face à la tendance à l’extermination de ce qui ne ressemble pas, de ce qui n’est pas pareil ; je dis : Non, non, non !
Je dessine la porte de mes yeux et je la fais grande ouverte.
Je déploie mes mains et j’ouvre mon cœur longtemps bercé dans un rêve moelleux.
Si plaisir il y a, je ne le vivrai pas sans toi.
J’entends déjà des voix nasillardes obscurcirent notre horizon.
Ne leur prêtons pas trop d’attention.
Viens et construisons ensemble le palace que nous méritons.
Et, à l’abri de ses parois solides, défaisons les cycles du malheur et de la déraison.