CONFiture Maison : 8ème atelier

Cette semaine, les participants ont été invités à s’exprimer autour de ces trois thématiques.
- Thématique évasion : Réfléchir à un métier imaginaire et décrivez une journée type, vos conditions de travail, vos collègues (si vous en avez), votre satisfaction ou non… Quelques exemples : Écrivain sur sable à marée montante, Éducateur de moutons de poussières, Empaqueteur de tornade, Mangeur de mauvaise humeur…

  • Thématique corona : Chacun son masque…Depuis quelques mois, nous avons appris à vivre avec des masques. Racontez-nous !
  • Thématique WTF/un peu barrée  : Mais comment avez-vous fait pour en arriver là ? Choisissez une des photos ci-dessous, et racontez-nous votre épopée !

Découvrez leurs créations.

Les créations des ateliers d’écriture

"Carnet de bord des rêves d’un chat " : extrait onirique de la sieste du 20 Juillet 2020 à 15h42, GV

Salut tout le monde, pour vous expliquer comment, moi, superbe petit félin élégant et racé, je me retrouve accoutré comme pour tourner le pilote de Grey’s Anatomy, il faut commencer par le début.

Je m’appelle Moustache. ....Enfin je crois que c’est le nom que l’humaine qui vit sur mon territoire m’a donné. C’est un peu nul, j’aurais préféré Napoléon ou un truc qui claque un peu plus. Elle est à mon service depuis 4 ans maintenant. Je crois que quand qu’elle ne s’occupe pas de moi, elle soigne d’autres humains quand ils sont mal en point ou un truc dans le genre.....ça m’intéresse moyen de toutes façons..... en plus, ça doit quand même être moins sympa que de me limer les griffes, mais bon...elle dit que c’est sa vocation et qu’elle aime son travail, blablabla. Elle part quelquefois en pleine nuit ou en plein jour, ça dépend. Comme moi. Quand elle revient, elle se fait un plateau devant les derniers épisodes de sa série (c’est comme ça que je vous ai fait cette citation hautement culturelle en intro, qu’est-ce que vous croyez ?)

Il y a quelques semaines, je ne sais pas trop pourquoi, le quartier s’est mis à m’applaudir au balcon, tous les soirs à la même heure, juste après les croquettes. Il ont dû enfin se rendre compte de qui j’étais.... Je trouve ça sympa, en montant sur son épaule, je les vois tous m’admirer à leur fenêtre ou sur leurs terrasses. Elle, par contre, elle a l’air fatiguée en ce moment, mais elle est très fière de vivre avec moi, j’ai l’impression....Ces ovations, ça lui colle la larme à l’oeil à chaque fois (j’en demandais pas tant, un peu de retenue quand même. On n’est pas devant notre série.....heu, SA série. Moi, je suis plutôt un intellectuel.)

J’aimerais bien un peu plus de place chez nous, mais bon... 16 m2 loi Carrez, ça fait pas lourd en surface habitable. Oui, dans ma vie numéro 5, l’humain était architecte, alors j’en connais un rayon....j’ai eu aussi 1 chef étoilé en 3 qui m’a fait découvrir les joies de la blanquette et de la bouillabaisse......(là, c’est moi qui ai la larme à l’œil pour le coup....faire du cholestérol, comme dit le véto, c’est ma passion). J’ai même eu une présidente de la 5ème république en 7...elle faisait des gratouilles comme personne, celle-là....elle avait des pantoufles à poils roses avec des pompons....ça m’a pas mal occupé sur mes années chaton.....avant d’être un intellectuel, of course. Nostalgie....pardon, je m’égare.

Bref, avec ma petite brune en blouse blanche, on est sous les toits. Heureusement, je taille la route quand je veux pour régner sur mes autres districts (oui, je suis bilingue aussi). J’ai beau faire exactement 3,2 kgs, je pèse lourd au conseil de quartier, et j’ai pas mal de responsabilités sur ma circonscription, notamment au niveau de l’entretien journalier des poubelles des restaurants, même si y a pas grand-chose à débarrasser en ce moment, je sais pas ce qu’ils fabriquent... Je m’occupe aussi du maintien du taux de natalité féline dans le coin... un job à plein temps. Que je prends très au sérieux. Vraiment. Moi aussi j’aime mon métier.

Tout a basculé avant hier, il avait fait chaud toute la journée... à vous coller les poils sur le museau...Après ma 7ème sieste de la journée, il s’était mis à pleuvoir fort. C’était 20 min après les croquettes et la "séquence-émotions-bravo-Moustache-on-t’adore" quotidienne. Elle était rentrée à la maison, l’air épuisé. elle a défait son chignon trop serré, a balancé ses chaussettes qui ont manqué de peu le panier à linge. Elle s’est lavé les mains à l’évier. Moi, je miaulais après elle, plus par habitude qu’autre chose, histoire de voir si elle aurait pas un moment de faiblesse pour moi en se préparant son plateau repas.
Pile quand j’allais lui extorquer le gras du jambon, un éclair aveuglant a traversé la cuisine, accompagné presque instantanément d’une lumière blanche. On aurait dit la fois où j’ai (bêtement) écourté ma 5ème vie en prenant un fil électrique pour un reste de spaghetti de midi sur le tapis de l’architecte.
Bref.....on a dû un peu tomber dans les pommes, tous les deux....quand je me suis réveillé, j’ai pas compris tout de suite....elle était près de la fenêtre de la cuisine, couchée en rond sur le carrelage, en se léchant la patte gauche. Elle l’a passée plusieurs fois derrière l’oreille (comme si on n’avait pas déjà compris qu’il pleuvait !). Après, elle s’est mise à jouer avec les cordons du tablier accroché à la chaise de droite, avant de retourner se coucher, épuisée par ces efforts considérables (je compatis c’est crevant). Elle a l’air satisfaite de cette situation, calée sur le fauteuil rouge, elle ronronne tout ce qu’elle peut (avec moins de panache que moi bien-sûr). En fait, elle a surtout l’air de n’avoir rien compris.....

.....Mais moi oui, par contre ! (on a dit que j’étais un intellectuel n’oubliez pas !) Donc...Si quelqu’un a un plan pour refaire l’échange dans l’autre sens, je suis preneur ! ...pas trop envie de bousiller ma neuvième vie (la plus précieuse donc) à m’esquinter comme elle le faisait pour des cacahuètes ! En plus, j’ai cru comprendre que je devais "poser 1 perf en salle 2" dans 5 min, et....aucune idée de ce que c’est....Les gars, sérieusement, je peux tenir encore 30 secondes avec le coup du "Oh-trop-chou-habillé-comme-ça-ce-p’tit-minou-postez-moi-donc-vite-sur-facebook"...ou essayer de me rappeler comment faisait George Clooney dans "Urgences" (c’est pas moi, c’est l’humaine, elle regarde les rediffs aussi), mais, j’ai l’impression qu’on va vite avoir moins envie de m’applaudir !.....J’ai bien peur que George et moi, n’ayons en commun que notre physique avantageux sur ce coup-là..... Une idée ? quelqu’un ? Non, personne ???????

Moustache dans une sacrée purée...

"Couturière d’expressions", Isabelle

Chaque jour je décous des expressions et raccommode des histoires. Mon travail ne sert à rien... qu’à me faire plaisir... Je n’ai pas d’horaires, je regagne mon bureau, un igloo en avoine tressé quand bon me semble...
Voici une petite confection :
Pierre se lançait des fleurs en prenant son mal en patience. Pendant ce temps Claire lui posa délicatement un lapin en lui passant de la pommade. Il ne fallait pas mettre la charrue avant les bœufs en courant comme un dératé pensa Claire. Pierre prenait toujours le train en marche dans un brouillard à couper au couteau ce qui n’augurait rien de bon pour l’avenir. Claire avait un caractère de cochon, elle hurlait souvent comme un putois. Mais elle savait se montrer prudente, il ne fallait pas pousser sa mémé dans les orties alors qu’elle avait un oursin dans la poche...

Dans mon travail, je suis libre comme l’air,...
je peux partir au milieu d’une histoire et revenir entre deux expressions...je n’ai pas de patron cravaté qui me presse le citron...je vis de l’air du temps ...

"Ma petite aventure non-extraordinaire", Audrey

J’ai vu dans certains journaux une photo assez compromettante de moi et je voulais m’expliquer. Ce n’est pas aussi incroyable que cela puisse paraître, loin de là.
Je vais d’abord décrire la photo pour que vous ne confondiez pas avec une autre, histoire d’être sûr.
Dessus, on me voit, photo très bien prise d’ailleurs, entouré de grandes bêtes majestueuses que j’ai réussi à dressé parce que je suis un Homme et je domine tous les oiseaux. Non, je plaisante.
Plus sérieusement, c’était un moment assez calme, avant. Je réfléchissais en contemplant la mer, j’essayais de prendre du recul sur moi-même et faire un bilan de ma vie. Je me suis rendu compte que j’avais rater ma jeunesse, mon enfance et mon passage au jeune âge de l’adulte. Alors, j’ai essayé de faire sortir l’enfant qui était en moi et qui était extrêmement bien caché. Je suis vite rentré chez moi et j’ai fabriqué en vitesse un costume de chevalier, assez classe je trouve. Retourné à mon point de départ, le chevalier de mon costume a prit vie et prit le contrôle de tous mes mouvements. Je le voyais en moi, je l’imaginais tellement bien. Comme si cela était inné en moi. Il n’y avait personne sur la plage, alors j’en ai profité pour jouer le jeu à fond. La mouette qui était tranquille et prenait du plaisir dans la mer s’est transformée en dragon, dans ma tête, et je lui pointais mon épée imaginaire devant elle. Évidemment, le dragon n’était pas très content et j’ai eu chaud à plusieurs reprises. Littéralement. Pour me montrer sa colère, il ne cessait de cracher ses flammes. Et soudainement, j’étais entouré de dragons qui voulaient défendre leur frère de feu. Ils me tournaient autour, me menaçaient sans relâche et me fichaient la trouille. Pour contrer leur feu, je me suis jeté à la mer. Ils étaient impuissant face à ce mur de glace que j’eus l’idée de créer à la dernière seconde avant d’être complètement cramé. Quand je suis retourné à la plage, mes dragons avaient disparus, les pigeons/mouettes avaient retrouvé leur forme d’origine et ma fille, tenant un appareil photo à la main, était pliée de rire après avoir vu l’étrange scène se dérouler devant ses yeux. Son père fuir face à une armée d’oiseaux en colère, c’est tout ce qu’elle retiendra de ma folle aventure contre des combattants de feu.

"El auto del enfermera", Anne-Camille

Punaise, l’extase !!!! Le coup de speed de ma vie !!!!C’est trop le pied…. Finies les réunions !Plus jamais, plus J-A-M-A-I-S !!! Je suis tellement heureux d’avoir pris cette décision . . . Déjà avant l’épidémie, je m’y traînais péniblement, mes idées et envies tombant à l’eau les unes après les autres, toujours balayées pour un oui ou pour un non que je ne me donnerai même plus la peine de comprendre... mais alors là c’est le chapeau : que de prises de tête, comme si on avait pas plus important à penser, franchement ! Comment ça je suis en colère ? Non, même plus !!! Là, voyez-vous, je détale...vers ma liberté !! Enfin presque : encore faut-il que je sème mon boss. Il a réagi au moment même où je retirais mon masque et me levais en poussant ma chaise ; comme s’il lisait dans mes pensées quand je regardais la petite assemblée dont je ne fais plus partie depuis longtemps. J’étais très calme ; c’est au moment où j’ai refermé la porte derrière moi que je me suis lâché (peut-être un peu trop vu les mots que j’ai proférés…) et ai pris la tangente…Je suis parti d’un pas rapide vers ma voiture et à peine arrêté au premier feu rouge, je l’ai aperçu enfourcher sa Kawasaki..et voilà comment je me suis retrouvé dans une course poursuite effrénée !! Il ne lâche rien et je suis sûr que ce qu’il veut, c’est me traîner en justice, tout procédurier qu’il est !!! Je n’ai plus qu’un but : le fatiguer, le dissuader, qu’il lâche l’affaire : bref que je retourne rapidement à mon statut initial de fantôme !! Je vais m’accorder une année sabbatique, l’éclate totale, l’aventure, la découverte de qui je suis vraiment, tout en conservant mon anonymat le plus longtemps possible. Enfin pour le plan, on verra plus tard ; on a pas tous Le Professeur à nos côtés...Pour l’instant : tout droit vers la plage !!!! Enfin tout droit, non peut -être pas !! Attention au viraaaaaaaage !! Et je le vois dans le rétro, le sourire rageur et vainqueur !! Plus le moment de réfléchir, je pousse le moteur à fond la caisse !!!!! Bella ciao, bella ciao, bella ciao ciao ciao….

Croisic.

"Nos Amis les “SCARABOUSES”", Lotfi

5h du mat, mon réveil sonne !... Et il fait encore nuit. On est le 25 Mai 3020.

Cela fait déjà 7 ans que je suis là. J’ai été promu par mon entreprise à un poste de responsable ; Opérateur-Contrôleur des Flux, dans une exploitation, une “Mine” à extraction.
Une sorte de cuvette, un trou béant d’où on extrait des nutriments et de l’eau, qui nous servirons à alimenter et à nourrir nos semblables et descendants.

Et pis de toute façon, c’est la seule ressource, les derniers aliments que l’on peut trouver sur notre Terre. Et pour cela, il fallait creuser... Et on l’a fait ! Plus rien ne pousse, ni se sème sur notre Terre, aujourd’hui. Si tu as Faim, c’est sous la Terre que tu trouveras à manger. Manger les restes de nos Ancêtres, Aïeuls et covivant... Pas le choix ! C’est ça... ou la Fin !
Mes ouvriers ! Les “SCARABOUSES”. Une espèce docile, forte et travailleuse. On les appelle aussi, les “ROULEURS DE BOULES”....

Ils ont un mode de vie particulier : Ils naissent, vivent, pondent et mangent dans cette cuvette. Toutes leurs vies est rythmées par la nécessité de trouver des aliments à travers lesquelles ils extraient tous les nutriments et l’eau dont on a besoin.

500.000 mille ! Cinq cent mille “Rouleurs de Boules” à gérer et à contrôler chaque jour... Cela peut paraitre colossale, mais finalement, grâce aux technologies, on y arrive !...

Le “Scarabouse” ne parle pas, ne réfléchis pas, il n’a aucun avis ni jugement et ni opinion. Il sait ce qu’il doit faire et le fait !... Sa vie en dépend ! Et là notre aussi...

Il possède une anatomie exceptionnelle : c’est l’espèce la plus forte du monde, capable de pousser jusqu’à 1141 fois son poids. Pour un homme, cela équivaut à pousser 6 bus à double-étage remplis de passagers....

Il est notre sauveur, notre gardien et notre cuisinier des temps moderne....

Il est 7h30. Je passe mon badge pour entrer dans la zone. Tout le monde est déjà au travail. A vrai dire, les “Rouleurs de Boules” ne s’arrêtent jamais. Ils ne dorment pas, ne se reposent pas. Ils trouvent leurs repos, en travaillant, en produisant le plus possible, sinon c’est la Fin !... Et pis, ils n’ont plus le choix, on les a modifiés génétiquement, ...

Pour rejoindre mon poste de travail, il me faut prendre un ascenseur. Monter tout en haut de cette grue à 500 mètres de hauteur, pour voir et épié ce qui se passe au fond du trou.
“Bonjour à toutes et tous mes collègues”. J’ai mis mon casque et fait ma première annonce... “Le contrôleur-opérateur N° 777-111 est opérationnelle.” Je vérifie les données et résultats de la veille. “Il va falloir faire mieux aujourd’hui !”... Une note que j’ai trouvé sur mon bureau... C’est mon Chef !

Je tends mon micro vers moi et j’annonce : “ Il va falloir faire mieux aujourd’hui !” … Toutes les têtes se lèvent et regarde le ciel, comme si un éclair d’orage grondant les avait surpris et coupés dans leurs élans.

Une nouvelle journée démarre et la relève est prêtent.

Parole d’un “SCARABOUSE” : “C’est dans le besoin qu’on reconnaît ses amis”...

"Le masque qui révèle", MFB

A ce jour, il faut porter un masque. C’est un acte de responsabilité. Pour prévenir la maladie du COVID 19 . Il n’y a pas le choix. Il est impossible de l’oublier, alors j’en ai beaucoup dans ma voiture. C’est un objet vital, mine de rien.
Je pense à tous ces scientifiques qui ont inventé, créé ce précieux petit rectangle. Je les admire.

C’est aussi comme se vêtir un peu plus.
Alors parfois, je l’assorti à mes vêtements pour être un peu plus belle.

Cependant, lorsque je suis en relation, c’est différent maintenant.
Je ne vois plus le sourire de la personne. C’est étrange une vie sans sourire.
Nous sommes un peu comme le chien, ce fidèle compagnon mais qui ne sourit jamais.
Cependant, j’ai remarqué que lorsqu’une personne sourit, même masquée, ses yeux sourient, ils se plissent, alors je sais que la personne est heureuse.
Par contre, je ne sais pas si on perd en empathie. Je suis attentive aux sons, aux mots, aux
mouvements aussi, aux couleurs des vêtements, plus encore.
En fait, je ne ressens pas de manque, mais, ce masque amène de la pudeur dans la relation, et, en contre partie , plus de liberté dans l’expression. C’est sur. Je me suis sentie plus libre, spontanée, et, tout à coup, le thérapeuthe est resté figé, neutre, j’ai compris que je venais de dire quelque chose de très important. C’est tellement vrai qu’il a pris des notes à la fin de la consultation. Maintenant, je m’interroge sur mes propres propos. Qu’ai-je dit de moi ?

Pour conclure, le masque protège, mais, ne transforme pas une personne mais m’a aidé à être plus vraie, authentique.
Le masque m’a démasquée.

"Qu’est-ce que je n’aurais pas fait pour elle", le Sac à dos

Première rencontre. Balade en bord de mer. Alors qu’on marchait là tranquillement, les pieds dans le sable, à regarder le balai joyeux des mouettes, elle m’avait glissé « T’as de la chance que je n’ai pas mon appareil photo, je peux passer des heures à essayer d’immortaliser les mouettes. ». Et je m’étais dit, en effet j’ai bien de la chance, car s’il y a quelque chose que je voulais faire à ce moment-là, ce n’était pas attendre sagement qu’elle immortalise des mouettes, enfin si vous voyez ce que je veux dire.

450ème rencontre. Mont St Michel. Les mouettes dansent autour des remparts. Je comprends le sens de cette phrase. Trois heures au bas mot qu’on attend pour qu’elle prenne « la photo » des mouettes, avec en toile de fond le Mont St Michel.

25 ans après. C’est notre anniversaire. J’ai prévu une surprise, au réveil, je quitte la maison et je lui laisse un petit mot sur la table de chevet « Prépare ton appareil photo, rejoins moi sur la plage à 15h pile. Pas une minute d’avance. Positionne-toi sur la digue et prépare-toi à dégainer. J’ai une surprise. ». Après 576 tentatives de photos ratées de mouette, je vais enfin lui offrir la possibilité de faire « the photo », celle qu’elle pourra fièrement affichée dans le salon de notre maison, format A3 au minimum. 14h30, je suis dans la voiture, je sors les 4 sachets de pain de mie. Pour l’opération, j’ai pris du premier prix. Je ne pense pas que les mouettes feront les fines bouches. Je ne sais pas si vous avez déjà essayé de vous recouvrir entièrement de pain de mie, mais je dois dire que ce n’est pas une mince affaire. Je commence par les jambes avant de remonter jusqu’à la nuque. Pour les faire tenir, je les enroule d’un bout de scotch en leur centre. Me voilà fin prêt. 14h55, je me dirige sur la plage. Les mouettes au loin semblent pour le moment m’ignorer. 14h59. Une mouette passe au-dessus de ma tête, pousse un cri strident et entame un demi-tour. Sur la digue, je l’aperçois, elle me regarde amusée. Elle dégaine son appareil photo. Une dizaine de mouettes se ruent sur moi. Une se dirige droit sur la tranche de pain de mie située à l’entre-jambe. Mais quel con ! Je me mets à crier, et entame une fuite vers la digue, on dirait une véritable course poursuite avec les mouettes déchainées, on se croirait dans un remake du film « les oiseaux », mais quelle idée à la con, ça semblait bien plus intelligent dans ma tête. Sans compter, que je me prends une multitude de chiure de mouettes sur la tête. Je les sens glisser entre mes yeux. Entre deux clignements de paupière, alors que j’arrive sur la digue, je l’aperçois, littéralement pliée en deux derrière son appareil photo. Rien que pour son rire, ça valait bien le coup de quelques contusions à l’entre-jambe et d’un bon masque au caca de mouette.

"Inventeur de prénom", William Hugo

Inventeur de prénom
Est une jolie vocation
Je n’en connais pas
À part moi
J’en ai trouvé
Environ une cinquantaine
Des prénoms ont bien accroché
Et je ne suis pas en quarantaine
Pour fraude et usage de faux
j’aurais pu finir en prison
C’est pour ça que je ne fais pas le con
J’ai évité les maux
Faut que je fasse un livre
Pour mieux vivre
Ce n’est pas évident chaque mois
Je respecte la loi
Pour savoir combien je dois
ou pas
Sans le pendule
Je serai ridicule

"Et Yo moi c’est Codjo", Zocli Zocli

Also Il faut que tu saches j’ai emballé le taf donc tous son espace top 94 sur la terre suit le mouvement il fait beau donc pas besoin de rafler. Ils veulent nous diriger les boss du terrier go métro qui n’attend plus que nous donc reste branché il y a comme par ailleurs là il fait beau donc pas besoin de flancher tu es comme courrier
12 h heure de manger avec une dure matinée donc on casse la croûte les dés sont jetés many fait place au baigner qui consistait souhait réalité Comme sur le front mouliner toujours opé notre équipe c’est vous le prouver Lol c’était Jo.

Texte d’Hicham

Tous les matins je me lève pour aller travailler c’est matinal Alors que je suis au boulot, je boude Mais pour passer le temps, je compte les chevilles Quand on me demande ce que je fais, je leur dis je prépare le matériel Les tuyaux et les tuyauteries C’est compliqué à les casser alors faites de la place pour les placer Des tubes et de la colle pour les fixe Un chalumeau et des barrettes de soudure Pour réparer la fuite de tuyau Et j’enchaîne la fuite après fuite des tuyaux se multiplient Faire une pause c’est plutôt s’impose Heureusement je ne suis pas seul dans mon travail Il y a mon fils qui m’aide à porter les outils c’est pas facile Mais il y a des inconvénients, toutes les heures il me demande si j’ai fini Alors au bout de quatre heures on remballe et on s’en va.

"Je kiff grave mon taf !", l’Ourse

Avec mes collègues (enfin, je dis mes collègues, mais c’est devenu des potes). Avec mes potes, donc, on commence à 4h. 4h du mat, c’est chaud quand on a la tête à l’envers suite à nos soirées d’alcoolo. Mais le petit matin, c’est le moment où les orties sont le plus facile à arracher. Eh ouaip, je suis arracheur d’ortie.
Nos outils de travail, c’est de grandes bottes, des gants hyper épais et des lampes. Des lampes frontales, hein, forcément à 4h, il fait nuit.
J’suis passionnée par mon métier : je hais ces saloperies de plantes qui, quand j’étais mioche, me brulaient les mains. Je kiff de les détruire… mais surtout de voir du respect dans le regard des gens. En même temps, je trouve normal que la société valorise mon taf : j’élimine ce que tout le monde déteste. Enfin, tout le monde, tout le monde… y’a bien 2 ou 3 pégus d’écolo à la noix qui tentent de sauver quelques brins d’orties ….pour faire des soupes, qu’ils disent !
On se marre bien avec les potes, on en pleure de rire de leurs histoires de soupe avec le végétal le plus pourris de cette planète.

"Cubes de glace comme métier", Mohamed

Les morceaux se colle comme un puzzle
Réunissant tout plein d’acteurs
Un après un le comptage se fait en une heure Tout à fait c’est parfait si il y a de l’effet Une compréhension au carré, va 4 fois plus vite, taré paraît-il Ces parenthèse c’est des programmes De quoi donner mal au crâne Pour que la commande se transforme en action Un ordre d’idée tel un organigramme, mate la réaction pour faire bouger une machine ou allumer un écran une suite d’images n’arrive pas comme ça Fonce dans le tas, bientôt des robots viendront rejoindre notre compagnie Comme maître de base le F est le zéro Ça fait des heureux Le langage binaire qui m’a mis les nerfs Tout se compresse alors faut que je me presse Pour passer à la presse Cela sans stress Plus on bossera fort plus on facilitera la gestuelle de l’homme avec une prise à partie ohmique comme une abeille je pique représente des degrés différents un contraste

Les créations des ateliers de création

"Thématique corona", Vincent Riot-Sarcey

"Des masques pour être plus en vie, en relation aussi", MFB