Pour cette cinquième édition de CONFiture Maison, nous avons invité les participants à créer autour de ces deux thématiques :
- Thématique "trace du corona"
Nous entamons peut-être la dernière semaine de confinement, cette période particulière a pu être l’occasion d’une prise de recul, d’un changement ou d’une transition. Nous vous invitons à vous laisser porter par un mot : transformation. N’hésitez pas à jouer avec lui, le plier et le déplier à votre guise.
- Thématique "évasion" :
Nous vous invitons à choisir une ou plusieurs photos dans les propositions ci-dessous et à nous conter l’histoire qu’elle(s) vous inspirent !
Les créations des ateliers d’écriture
Je cherche partout sur le journal, à toutes les pages, toutes les rubriques la bonne nouvelle que je veux lire avec impatience. Ma femme, Jeannine, me l’avait dit, promit, juré qu’elle y serait. Dix fois de suite, je regarde ce journal, à l’affût de cette nouvelle tant attendue. Je la connais déjà, bien sûr, mais je veux la lire. C’est vrai qu’en tant que père, c’est tout ce qu’on peut espérer pour son fils. Je me faisais tant de soucis pour lui quelques années en arrière. Il était en si mauvais état. C’est vrai qu’il a beaucoup souffert mais il a surmonté toutes les épreuves de la vie avec courage et bravoure. Je ne peux qu’être fier de lui. Il a touché le fond pour pouvoir remonter plus haut encore. Plus loin qu’il ne l’a jamais été. Et maintenant, il est en route pour sa vie. Le chemin est encore long mais je lui fais confiance. Ma femme m’a dit que j’étais trop émotif, que je faisais de cette nouvelle le meilleur des cadeaux. Et bien, j’avoue, c’est vrai, mes émotions sont très fortes et envahissantes mais d’une bonne manière. Jeannine, ma femme, m’a dit que trop d’émotions, même si c’était positif, c’était mauvais pour ma santé. Elle me rappelle tout le temps que je suis fragile parce que je suis vieux. Et donc, à mon âge, cet excès d’émotions n’était pas bon pour mon cœur. Et bien, tant pis pour mon cœur ! Je ne vais pas m’empêcher de ressentir juste parce qu’un certain organe a pris de l’âge ! Et puis, franchement, le cœur, c’est trop surfait ! Qu’est-ce que c’est exactement, hein ? Juste quelque chose qui nous maintient en vie ! Une broutille. Quand je lui ai fait cette réflexion, elle a piqué une crise qui restera à jamais marqué dans les annales de piquage de crise. J’avoue y être allé un peu fort. Ah, ce sont des moments comme ça qui nous rapprochent le plus. Et à cet instant, elle s’est rappelé notre mariage et s’est dit que finalement, j’avais raison, c’était une des meilleures nouvelles que notre fils nous ait annoncé depuis un très très long moment. Qu’il fallait fêter ça comme il se doit. Elle a donc insisté pour que ce soit publié dans le journal et m’a donné comme mission de l’acheter pour qu’on l’affiche au mur de notre maison. Et donc, depuis un moment, je m’empresse de chercher cette annonce mais je crains ne pas l’avoir trouvé. Je rentre bredouille à la maison mais m’arrête devant un beau spectacle. Des enfants qui s’amusent à faire des bulles avec un jouet spécial. Ils sont contents, heureux. Ils n’ont aucun autre souci que celui de ne pas attraper les bulles. Ils courent et sautent dans tous les sens pour ne pas les laisser s’échapper. Dans ces petites bulles, je vois la métaphore du bonheur. On passe tous notre temps à essayer de l’attraper et avons peur d’échouer et de ne pas le saisir à temps. Finalement, l’annonce dans le journal n’a aucune importance. Ce n’est pas grave si les gens ne peuvent pas lire cette bonne nouvelle. L’important est de profiter des bons et rares moments que nous offre la vie. Ils sont précieux et dignes d’être immortalisés et transformés en art.
Mon fils va se marier parce qu’il aime tellement sa fiancée qu’il veut passer le reste de ses jours avec elle. Peu importe les efforts qu’ils devront fournir, cela les fera grandir et se rapprocher encore plus. Mon fils va se marier et c’est un des plus beau cadeau que la vie peut donner à un couple qui s’aime.
L’orage approche,
ça se sent,
le ciel et l’air lourds l’annoncent.
Des gouttes clapotent
et m’invitent à sortir alors
que les humain’e’s fuient le dehors
qui dégouline.
Mes tongues et mon short installés sur mon
corps, je dévale les escaliers
Flaque.
Caniveaux torrentiels.
Flaques
les pieds s’y plongent
Orteils remuants
Air chaud eau tiède froide
Seul dehors avec les coups de tonnerre
je suis joie
Mon corps existe,
recouvert de liquide
venant du ciel.
Les odeurs du sol m’enivrent.
Flaques
Sans bottes
sauter comme un enfant
le tissus colle au corps.
Les nuages se vident, reprennent leur voyage.
Puis rentrer
Tremper l’escalier ciré de l’immeuble,
m’enrouler dans une serviette,
boire un thé.
Flaque(s)
Dans les bulles
Leurs visages ensoleillés
Les traits déformés
Dans le bleu du savon
Les enfants s’amusent
Comme des adultes
C’est du bonheur
Qui virevolte
Au gré du vent
Et meurt en plein vol
Sans prévenir
Alors ils soufflent encore
Pour garder ce peu de présent
Dans la mémoire de leurs
Futurs portables.
Le COVID 19 est arrivé en france, et, très, extrêmement rapidement, il a pris une grande place, mais surtout, il tue beaucoup de personnes, et, très rapidement.
J’ai été terrifiée, paniquée, je n’arrivais plus à respirer un certain dimanche, j’étais seule chez moi avec le COVID 19 dans mes pensées. Mes jambes tremblaient. J’ai appelé le 15, le docteur m’a rassurée, je n’avais pas de température, alors, ce n’était qu’une crise d’angoisse.
Alors, j’ai commencé à prendre du lysanxia pour rester en vie.Tout a commencé ainsi.
J’ai décidé de me surveiller de près, pour reprendre le contrôle de ma vie.
J’ai établi une feuille de surveillance : température, toux, yeux rouges, douleur.
Comme tout était normal, mon angoisse a diminué, la prise de lysanxia aussi.J’ai appris à supporter cette immense solitude, le silence aussi.
Puis, j’ai pensé, avec force, que le désir c’est la vie, le désir nous maintient en vie.
J’ai pensé, avec certitude, que le plaisir, se faire plaisir nous maintient en bonne santé.
J’ai décidé d’être responsable et d’oser refuser le mal.
J’ai réfléchi sur le mot « raison » : la raison, ma raison, et, j’ai beaucoup appris.
C’est une faculté intellectuelle supérieure, distincte, logique, fondée sur la réalité, rationnelle.
Elle est l’opposé de l’irrationnel, c’est à dire, l’émotion que génère le COVID 19.Alors, maintenant, je suis plus centrée sur les faits pour que ma vie soit plus douce, et, plus riche.
Je me sens plus forte. La raison c’est la FORCE, avec le DÉSIR, et le PLAISIR aussi.C’est ma transformation au fond de moi.
J’ai 100 ans
et je fais plein de chants
J’ai eu beaucoup d’amis, tous différents
On avait pas de clans.
La vie n’est que survie.
Par contre j’ai un grand ennemi
Un être qui a décimé tous mes amis
Sali mon habitation, pollué comme jamais. Mon cœur est couvert de plaies
Je suis dans l’océan
et c’est si grand.
J’espère que cette créature
que l’on appelle homme
va avoir un jour le cœur pur
Et voir la vie sous toutes ses formes.
Voici une bonne heure qu’elle brille
Accueillant flans et passants à fin de mieux guider dans la nuit une lueur surgit la lumière qui se transporte et cette odeur qui émane posé sur un pavé ou accroché au mur tout cela dure, se réserver le droit d’un minimum de soleil puis dans une imagination perdue, retrouver une flamme de raison cette fiole qui illumine votre maison un dérivé de jour accueillant passionnément une autre chance de pouvoir retrouver la vue après qu’elle soit diminuée par cycle naturel,
N’as-tu pas vu la source ? elle est perdue si vite retrouver, une fois prouvé que cela sert bien évidemment à remettre en question, les épreuves plein de sobriété à la terre rescoussée, on n’y marche bien
O flamme je te déclare ma flamme, sans toi je suis perdu, posé sur un rocher taillé, j’ai envie de te ramener vers plus de luxure.
De la lumière en passant par l’obscurité
La clarté enflammé de quelques prières
Pensant à la luminosité intérieur du cœur
Je suppose que le bonheur ne se trouve que dans quelques lueurs
Si nous éteignons la couleur d’une âme nourrissante la flamme de la peur
Je pense que la lueur vient au cœur
En pensant au bonheur ensoleillé
Que perpétue du soleil dans sa splendeur
Une lueur Le 20 et me dit trace un chemin
Celui de tes pensées telle la rosée d’une fleur bourgeonné
Telle une cendre sous un chapiteau de fumée
Je pense que l’instabilité n’est que source d’une vapeur pulmonaire et enfoncé sous un parfum
Haut et beau la guérison vient de là-haut
La maladie peut transformer
Les pilules qui sont conseillées
Peuvent faire grossir
Vaut mieux en rire
Et aller en salle de sport
Pour y faire de l’effort
Plus de 20 kg j’ai pris
La balance me sourit
Je mange différemment
Et les kilos diminuent naturellement
Les kilos nous transforment
Soit c’est de la graisse
Soit c’est du muscle
Faire de la graisse qu’elle disparaisse
Et du muscle qu’il se remuscle
Il faut y aller doucement
Pour éviter les claquements
Sortir ou pas sortir
Prendre de nouvelles habitudes pour trier
Se préparer à se déconfiner
S’informer pour se déplacer
On transforme notre vie pour rien
A un déplacement restreint
On ne peut pas aller loin
Alors on invente des choses pas bien
Pour sortir une heure pour rien
On s’informe pour pouvoir sortir
Donc on transforme notre information pour sortir
Pour sortir plus souvent on sort son chien
Mais quand les petits cris pour sortir
C’est compliqué de gérer
Quand j’ai entendu parler du confinement, ça a raisonné comme le plus grand des dangers, bien plus que le coronavirus en lui-même.
Est venu le temps d’un état des lieux :
Quand je restais 4 jours sans sortir, je déprimais quitte à plusieurs fois sombrer dans un état dépressif. Ainsi, je devais appeler le psy en urgence
De plus, j’étais en proie à un trouble du comportement alimentaire (TCA) qui me faisait manger à n’importe quelle heure du jour et de la nuit.
La semaine du 17 mars : téléphone portable en réparation, le numéro était celui communiqué à tous les soignants.Ainsi, je me retrouvais seule au monde (ou presque). Il fallait qu’il s’opère une transformation.
Je devais être autonome pour rester dans mon appartement.
Il me vint assez vite l’idée d’un planning, ce ne fût pas trop difficile, car étant une adepte des listes et de l’organisation, je pris ça comme un jeu.Des choses que l’on m’avaient dites que j’avais retenues mais que je n’avais pas intégrées dans ma façon de vivre , m’apparurent comme des évidences : quelle transformation !
Ainsi, manger équilibré à heure fixe, m’apparut absolument nécessaire, j’ai pu ainsi mettre en pratique le maximum de conseils que m’avait donnés la diététicienne qui me suit, et je pus me rendre compte que le travail psychologique que j’avais fait sur mon TCA prenait tous son sens. Que de transformation.
L’importance d’avoir des habitudes (autrement appelés rituels) m’apparaît désormais comme une évidence, alors que je mettais un point d’honneur a n’en avoir aucune et d’agir « à l’instinct ». que de changements.
La remédiation comportementale et cognitive qui m’aide beaucoup depuis 3 ans (puisque mon psy me disait en voie de rétablissement) ne m’avait pas encore tout dit. Des exercices que j’avais essayés par le passé qui n’avaient eu aucun effet (sûrement fait sans aucune conviction) révélaient toues leurs valeurs . Ainsi parfois lors de ce confinement, je me retrouvais en difficulté, mais nullement envahie, car c’était comme si j’avais un arc avec plusieurs flèches pour pouvoir toucher la cible. Celle du aller mieux.
Ainsi, ce coronavirus de dehors m’aura permis de mieux gérer mes points faibles et me rendre compte que j’avais des ressources.
Que de transformations !
Délier les mots sur ce qui se transforme... L’analyse de ce temps d’arrêt me paraît trop jeune pour réellement réaliser son impact. Je ne fais que tenter de comprendre ce que m’apporte ce quotidien inédit. Fait d’envies, d’habitudes et certainement de cris, je réfléchis à ce qui peut s’écrire aujourd’hui. Je me mets à compter les pétales et les pleurs, à observer l’émergence, l’ancrage et le développement des différentes démarches qui ont su affleurer durant ces jours et ces nuits.
Deux mois, deux douleurs en écho se sont rencontrées, deux façons de fonctionner ont coalisées et deux manières de fuir se sont entrechoquées. Nous avons failli tout quitter, rejeter la difficulté, se protéger. Être un monde en soi, pour l’autre... maintenir un espace à moi pour préserver la bienveillance envers toi. Rester à l’écoute de ses propres nœuds afin de lisser les plis de nos mésaventures fusionnelles. Détruire, rebâtir, espérer construire encore.
Les murs dont il fallait débattre, le désert traversé, la distance imposée... Nécessaires étapes sans mode d’emploi à suivre, seulement se suivre. Se perdre pour se retrouver, peut être seule manière d’exister, errer. Le labyrinthe continue de m’étonner. Ses méandres ne finissent pas de me questionner et vivre l’inconnu comme réponse approuvée sans vouloir saisir, définir, condamner. « Je ne sais pas » est ma posture pour avancer.
Je lis la suite comme un roman dont je ne connaîtrai jamais la fin et dont le contenu m’est mystérieux et familier. Inextricable souffrance que je ne peux éviter, son texte en est forcément imprégné. Le reste, à moi de savoir le contempler. L’ennui et la beauté sont dans l’œil de celui qui regarde et les métamorphoses se vivent dans l’épiderme sans que les mots suffisent à les expliquer. Je finirai bien par écrire comment les strates s’accumulent et pourquoi leur teneur dépendent parfois d’une virgule.
Virgule apposée aux trois petits points de suspension entre parenthèses, ceux de l’indicible, me poussent à reculer et agrémenter ce dernier paragraphe de quelque chose d’enfin compréhensible. Je me forme à devenir, à conserver, transformer. Laisser la place au vide me permet de chercher ce qui s’y cache, c’est à dire, tout. Lâcher prise sur les pétales à dénombrer, ne pas subtiliser leur odeur par des mots qui risqueraient de les désincarner. Pour l’instant, juste observer et ne pas nommer.
Une lanterne posée au sol
Une lumière dans la nuit
Dans les longues nuits des malades
Dans les heures éprouvantes des soignants
Dans l’attente interminable des familles
Faible lueur vacillante qui permet de se repérer
Qui donne l’espoir d’un après
L’espoir d’un traitement ou d’un vaccin
L’espoir de se réunir à nouveau
L’espoir de la venue de l’aube
Forcément
Les ateliers de création
"Si transformation il y a, elle ne se fait pas sans la mémoire ou les souvenirs fantasmés durant le confinement . Confinement qui va devenir en soi un souvenir inoubliable, agréable ou traumatisant."
Tous les jours, je regarde cette fleur qui se transforme. J’espère que ma transformation sera un jour aussi belle que cette fleur !