Clozapine et motivation : des effets médiés par la sédation

Une étude longitudinale parue dans le British journal of psychiatry le 10 janvier 2023 met en évidence les effets sédatifs de la clozapine* sur les symptômes négatifs, au sein d’une cohorte de personnes présentant un trouble de la schizophrénie.

Quel est le contexte de cette étude ?

Dans le cadre de leurs travaux de recherche, les auteurs de cette étude se sont posés trois questions :

1. La sédation aggrave-t-elle les symptômes négatifs et si oui, affecte-t-elle la motivation et le plaisir ressentis ou l’expression des émotions ?
2. Cet effet est-il indépendant d’éventuels facteurs confondants ?
3. Quel est l’impact direct et indirect de la clozapine sur la motivation et le plaisir

Leur hypothèse principale était que la sédation induite par le traitement médicamenteux altérerait spécifiquement la motivation et le plaisir et cela, indépendamment d’autres facteurs.

Comment s’est déroulée cette étude ?

L’étude a inclus 187 personnes présentant une schizophrénie traitée par clozapine. Leur degré de sédation a été mesuré par le nombre total d’heures de sommeil déclarées par jour (/24 h) et les symptômes négatifs ont été évalués avec l’échelle Brief negative symptoms scale (BNSS).

Quels sont les résultats majeurs de cette étude ?

Une association a été trouvée entre l’intensité de la sédation induite par la Clozapine et une altération de la motivation et du plaisir : des niveaux élevés de sédation sont associés à une réduction de la motivation et du plaisir.

Pourquoi cette étude est-elle importante et ce qu’il faut retenir

C’est la première fois que les liens entre la sédation induite par les antipsychotiques et les symptômes négatifs, en particulier l’altération du plaisir et de la motivation, sont étudiés.

Si la clozapine présente des effets bénéfiques sur la motivation, documentés dans plusieurs travaux de recherche, ces effets sont contrecarrés par la sédation qu’elle induit également. Celle-ci altère motivation et plaisir chez les personnes ayant une schizophrénie. Aussi, ces résultats sont-ils en faveur d’une évaluation régulière de la sédation en tant que cause évitable de perte de motivation et d’une optimisation de la posologie de la clozapine pour limiter les symptômes négatifs associés au traitement.

Source : Wolpe, Noham et al. “Longitudinal effect of clozapine-associated sedation on motivation in schizophrenia : naturalistic longitudinal study.” The British journal of psychiatry : the journal of mental science, 1-3. 10 Jan. 2023, doi:10.1192/bjp.2022.191

* La clozapine est un antipsychotique utilisé dans le traitement des troubles de la schizophrénie, lorsque les autres traitements antipsychotiques sont restés inefficaces