Une nouvelle étude menée à partir de la base de données REHABase met en évidence que plus le degré d’adhésion aux traitements est bas chez les personnes présentant un trouble de la schizophrénie, plus ces dernières présenteront des scores faibles de qualité de vie, d’estime de soi et de bien bien-être, dans le cadre des autoévaluations effectuées. Les scores d’auto-stigmatisation seront par ailleurs plus élevés tandis que le stade du rétablissement des personnes moins élevé.
Une faible adhérence au traitement identifiable à partir de l’échelle MARS (Medication Adherence rating scale) pourra ainsi constituer un marqueur de fonctionnement altéré chez ces personnes et révéler des besoins spécifiques en matière d’accompagnement en réhabilitation psychosociale.
Cette étude a porté sur un échantillon de 326 personnes présentant un trouble du spectre de la schizophrénie, suivies dans un Centre de réhabilitation psychosociale. Y ont été relevés notamment, le nombre de médicaments psychotropes prescrits, leur charge anticholinergique, les scores de fonctionnement global des personnes à travers l’échelle GAF (Global assessment of functionning) et les niveaux déclarés de bien-être, qualité de vie, auto-stigmatisation et estime de soi, calculés à l’issue de la passation des échelles psychométriques en vigueur en réhabilitation psychosociale.
Cette étude a donné lieu à plusieurs résultats :
- les participants présentant des scores faibles à l’échelle MARS obtenaient un score plus faible aux échelles d’autoévaluation de la qualité de vie, du bien-être, de l’estime de soi et un score plus élevé à l’échelle d’évaluation de l’auto-stigmatisation.
Par ailleurs,
- les participants présentant des scores faibles à l’échelle MARS se voyaient prescrits au moins deux psychotropes (47 % contre 35 % pour les participants présentaient un score MARS élevé)
- les participants présentant des scores faibles à l’échelle MARS étaient davantage exposés à des médicaments à forte charge anticholinergique (62 % contre 46 %)
Or, après ajustement, seule cette seconde variable restait significativement associée à un score moindre à l’échelle MARS.
Une relation de causalité entre une faible adhérence aux traitements et les caractéristiques d’un fonctionnement altéré n’a pas pu être établie dans le cadre de cette étude. Vraisemblablement, des relations complexes existent entre ces variables et la corrélation pourrait s’avérer bidirectionnelle ou être influencée par d’autres facteurs. Ainsi, l’auto-stigmatisation pourra impacter l’adhésion aux traitements dès lors que la personne perd confiance dans son potentiel de rétablissement et ainsi, dans les bénéfices du traitement. A l’inverse, une faible adhésion au traitement entravera la rémission des symptômes et la persistance des symptômes, l’auto-stigmatisation.
Quoi qu’il en soit, cette étude suggère que les personnes chez lesquelles une faible adhésion aux traitements a été identifiée, dès lors que celles-ci sont engagées dans un parcours de réhabilitation, pourront tirer parti d’interventions ciblant l’auto-stigmatisation et la désinformation à propos des traitements psychotropes. Les auteurs estiment par ailleurs, que l’échelle MARS pourrait être proposée en systématique : elle contient peu d’items et prend peu de temps.
Enfin les professionnels pourront encourager les personnes suivies à rapporter l’ensemble des effets secondaires quelles rencontrent, afin que ces résistances liées aux traitements soient levées et le niveau d’adhésion des personnes, renforcé.
Source : Verdoux, H., Quiles, C., Bon, L. et al. Characteristics associated with self-reported medication adherence in persons with psychosis referred to psychosocial rehabilitation centers. Eur Arch Psychiatry Clin Neurosci (2020). https://doi.org/10.1007/s00406-020-01207-x