dé-CONFiture Maison : 6ème récolte

Après cinq semaines d’ateliers d’écriture et de création virtuel "CONFiture Maison", nous avons choisi de poursuivre ces ateliers pendant les premiers temps du déconfinement et ce au moins jusqu’au 1er juin ! La période de déconfinement va en effet être pour tous un peu particulière, et conserver un espace d’expression nous semble essentiel ! Les ateliers CONFiture Maison se transforment ainsi en dé-CONFiture Maison, et proposent une troisième thématique.

Cette semaine, les participants sont invités à créer autour de ces trois thématiques :

  • Thématique évasion : Commencez par imaginer ces 3 mots : « je me souviens » et laissez venir en vous un souvenir. Attrapez le premier qui vous vient à l’esprit et notez-le. Puis continuez votre épopée intérieure et au début de chaque souvenir, répétez « je me souviens… ». Vos souvenirs peuvent être courts ou détaillés, futiles ou graves, partagez ceux que vous souhaitez !
  • Thématique corona  : Et si vous étiez critique de cinéma ? Et si les évènements des derniers mois étaient un film ? Plutôt blockbuster, nanar ou film d’auteur ? Pour les ateliers d’écriture nous vous proposons de nous faire un retour sur votre projection. A vous d’écrire, de noter cette « œuvre » avec humour, révolte, amour… Pour les ateliers d’expression libre : n’hésitez pas nous faire part d’un enregistrement de votre critique, à composer l’affiche du film, la bande annonce ou bien la Une de votre magazine ciné…
  • Thématique WTF/un peu barrée :
    Imaginez que vous êtes une miette posée sur le sol de la cuisine. Partagez nous votre histoire : passé (comment être vous devenu une miette), présent, futur (quels sont vos rêves de miettes)... à vous de voir ce que vous souhaitez nous raconter !


Les créations des ateliers d’écriture

"2/10", R

Voilà donc le film qui se voulait blockbuster planétaire au suspens insoutenable… Effectivement insoutenable c’est le mot. Des longueurs à faire pâlir « 2001 L’odyssée de l’espace » (désolé pour les amateurs). Pourtant j’aime bien l’absurde, l’introduction sur le pangolin m’avait séduit ! Mais c’est la seule chose originale dont on se souviendra. Le réalisateur qui a le bon goût de rester anonyme (effort supplémentaire pour créer le buz ?) fini par perdre le spectateur à force de le balader dans tous les sens. Ils nous ont fait une belle « Tree of life » ou « Twin Peaks saison 3 », bravo !
Heureusement quelques séquences - certes un peu faciles mais toujours efficaces - sauvent un peu la mise à ce carnage (bonus pour le retour surprise des dauphins dans nos égouts et des baleines dans nos baignoires). On ajoutera aussi +1 point pour le côté fédérateur. Malgré cela, on espère bien qu’il n’y aura pas de producteurs assez tordus pour financer un deuxième opus…

La force de ce film réside donc dans sa capacité à dégouter le public suffisamment pour que celui-ci devienne plus exigeant dans ses prochains choix cinématographiques. Enfin peut-être… J’espère bien que je ne serais pas le premier à me faire de nouveau avoir…

"L’affabulation d’une miette", Audrey

Je me sens seule. Je me sens abandonnée en plein milieu d’une jungle féroce. Je suis à la merci de n’importe quelle bestiole prête à me dévorer. Pourtant, j’ai été sage jusqu’au bout et je n’ai fait de mal à aucunes de mes congénères. On apprend dès notre création à ne pas bouger, à rester immobiles les unes sur les autres. On ne nous dit pas pourquoi mais un jour vient où c’est notre tour et on ne peut pas échapper à notre funeste destin. Et encore, je crois avoir eu un peu plus de chance que mes sœurs. Je n’ai pas encore été dévorée. C’est la roulette russe. Soit je finis dans un grand truc où on est jetées comme des déchets soit je suis mangée sans aucune once d’empathie pour moi. Ce que j’aimerais, c’est être jetée. Pas que ça m’enchante mais c’est la meilleure façon de retrouver ma petite liberté. Mon rêve serait que je sois emportée par le vent. Ça peut arriver des fois. Et c’est à ce moment que l’aventure commence. Je peux atterrir n’importe où, rencontrer n’importe qui et il peut m’arriver n’importe quoi. C’est ce qui est excitant. Partir et ne plus jamais revenir. Échapper à mon destin et voyager. Certaines chanceuses ont eu cette expérience et l’ont raconté dans un blog, elles en ont même écrit un livre. Mon préféré est celui de Miettaphore, son livre a eu le plus grand succès de l’année. Je sais que j’avais adoré son titre : « Une miette dans le vent ». C’était simple et accrocheur. J’aimerais suivre sa trace. Après tout, c’est comme ça qu’on devient une miette libérée. On choisit soi-même sa voie et on oublie ce que les autres veulent qu’on devienne. Mais je me dis qu’elle avait eu plus de chance que moi. Elle n’était pas perdue. Elle savait ce qu’elle voulait faire et elle a agit pour que ça se réalise. Je l’envie. Je ne sais même pas où je suis. Je ne sais pas ce que je dois faire pour réaliser mon pauvre petit rêve. Je ne pense même pas à prier un quelconque Dieu. Je ne suis pas sûre que ma petite vie limitée l’intéresse. Je ne suis qu’une miette après tout, une parmi tant d’autres. Une miette parmi des milliers, voire des milliards qui peuplent cette petite planète bleue. Un jour, on gouvernera le monde. Un jour, ces créatures seront sous notre contrôle. Ils seront nos esclaves. On est beaucoup trop nombreuses pour eux. C’est ça la révolte des Miettes et ça ne fait que commencer.

"Mémoires...", Isabelle

* Je me souviens lorsque nous avions lancé des pierres sur les vitres d’une école promise à la démolition...un immense plaisir,...un sentiment de liberté et de revanche.
*Je me souviens du gros chat qui dormait au milieu des bonbons chez l’épicière.
*Je me souviens d’une commerçante disant à ma mère :"Mais enfin Madame,je ne vais quand même pas vous faire payer une poignée de pointes !!! "
*Je me souviens de mon collège privé ou tous les profs avaient au moins deux spécialités : Le prof d’allemand était aussi prof de fer forgé et le prof de maths enseignait aussi l’éducation sexuelle en fin d’année.
*Je me souviens des adultes et leurs lieux communs et moi je jouais au milieu.
*Je me souviens que j’écoutais les"Poppys" sur mon mange disque orange...ils chantaient :" Isabelle,Isabelle,je t’aime...ils étaient une vingtaine et je croyais qu’ils m’aimaient tous...premier chagrin d’amour...
*Je me souviens de certaines personnes dont je préfère ne pas me souvenir.
*Je me souviens du début du confinement où l’on nous disait le masque est inutile.

"La miette à fleurs dorées au cycle de la vie", Mohamed

Oh ! que voilà une petite miette dans la cuisine ah ! mais quelle est son avenir, mangee par un chien, qui devra faire ses besoins dehors. Voici un engrais ! Dit le chien a la graine, mais de quelle graine s’agit-il, c’est celle d’une fleur dorée, qui s’assagit, je suis ravi que l’une de mes activités est de faire partie de la composition de la fleur.
Il attendit l’été et voilà un jour un bourgeon au milieu des abeilles, d’une couleur étincelante au soleil et le chien l’arrosa de manière lente. Et voilà qu’un jour, elle sorti ses pétales somptueux pour briller de manière Scintillante. Ouf ouf le chien dit à son maître "Voilà Maître t’es un ouf j’ai participé à sa croissance, ça m’a fait tourner dans tous les sens", et le maître du chien était ravi. Plein d’envie de l’encadrer, il la cueilli, la mis dans un vase juste en haut là où la miette avait atterri.

"La miette", Hicham

Dans le passé, j’étais un bon morceau de pain
Puis on a coupé le pain en deux
Mais ils m’ont laissé tomber par terre.
Depuis je suis une grosse miette.
Dans le présent, je suis une grosse miette
Mais petit à petit qu’on me marche dessus
Je deviens une petite miette
Puis on me ramasse
depuis je suis à la poubelle
Dans le futur, je serai la petite miette
Qu’on a jeté à la poubelle avec ses autres amis les miettes
On est devenu un sac de miettes
Qui se retrouve dans la rue, sur le trottoir, dans les caniveaux,
depuis ramasser par les éboueurs.

"Je me souviens", William Hugo

Tout va bien
Je suis humain
Tout va bien. Laissez-moi en paix
Et je serai discret
Je me souviens
Je vais bien
Et demain
Je serai bien
Je ne partage pas mon chagrin
J’ai mon destin
Entre les mains
Je dois voir le côté positif
Et récréatif
Personne ne peut m’aider
Sûrement je peux changer
Je me souviens
Tout va bien

"Des longueurs, des longueurs, des longueurs !", Anonyme

Encore un film où je ne savais pas vraiment à quoi m’attendre, je n’avais pas vu la bande-annonce, j’en avais entendu parler brièvement à peine quelques jours avant, et je n’avais donc pas d’attentes particulières. J’imaginais de ce qu’on m’en avait dit encore un de ces films de science-fiction, le sujet de l’épidémie a déjà été vu et revu maintes fois au cinéma, c’est donc sans grande motivation, et un peu contrainte et forcée, que je dû me plonger dans l’histoire. Au final, le film transcende son genre, et pour moi on est plus du tout dans la science-fiction, la question de l’épidémie étant traitée avec beaucoup de réalisme mais plutôt dans un mélange de genres, le film aborde avec subtilité la question du confinement, que le personnage principal vit comme un « enfermement forcé » ainsi que la question des relations humaines, mais aussi la question du « non conformisme ». Au final, si le film m’a interrogé, après un début prometteur, je dois surtout dire qu’on a très vite plongé dans un film interminable : des longueurs, des longueurs, des longueurs ! En même temps, faire un film qui se passe quasiment exclusivement dans un appartement, en mode pièce de théâtre, le pari était risqué.

Le début du film était pourtant digne d’un film d’action : soirée, baston, évasion, on suit le personnage principal dans la semaine précédent le confinement. Tout va vite, peut-être trop vite, le scénario, les émotions, mais au moins l’action est là. Le confinement vient mettre un coup d’arrêt à ses projets, et le film change très vite de rythme. On passe forcément à un rythme beaucoup plus lent, puisque le premier mois de confinement se passe quasiment exclusivement dans son appartement. En dehors de son appartement, on le voit courir, courir. Comme si la course était un exutoire à toutes ses émotions et à ce trop plein d’énergie qu’il cumule en restant enfermé. Cette première partie du film était vraiment marquée par ses longueurs. Je me suis surprise à regarder ma montre, très souvent. Qu’est-ce que c’était barbant, j’ai bien failli m’endormir.

Quand le réalisateur aborde le second mois de confinement et que le personnage est autorisé à sortir un peu plus, enfin, quelques nouveaux personnages secondaires font leur apparition, venant redonner un peu de dynamisme à l’histoire. Alors bien sûr, tout n’est pas noir dans ce film, et il y a quelques bons moments, les discussions sur l’herbe, les soirées complices à danser et sauter dans l’appartement avec quelques excès, avec en toile de fond une super bande son.

Sur fond d’épidémie et de crise sanitaire, le film aborde avec justesse plusieurs thématiques de fond, sociétales, sanitaires, et aussi toutes les pérégrinations mentales du personnage principal. Personnage principal auquel on arrive à s’attacher, bien que parfois son côté un peu paumé vienne nous interroger sur nos propres vies. Il nous énerve aussi ce personnage, quand on le voit dans le peu de relations sociales auxquels il est confronté, évoluer maladroitement.

Au final, on sort de ce film soulagé, soulagé que ce soit enfin fini, parce que les longueurs, on en pouvait plus. Et en même temps, c’est encore un de ces films dont la fin n’est pas une vraie fin. Après avoir passé autant de temps avec le personnage principal, même si à la fin on a du mal à le supporter, on a un peu envie de savoir qu’est-ce qui va lui arriver. Dans quelle direction ira-t-il ? A chacun au final de se faire sa propre idée.

"Je me souviens", Anne-Camille

Je me souviens . . . je m’asseyais sur les escaliers extérieurs chez mes parents pour lire, pendant des heures, dans le silence et le calme habituel de ma vie d’enfant unique . . .

Je me souviens . . . à 11 ans je me voyais devenir orthophoniste, éducatrice de jeunes enfants ou maîtresse d’école, pour finalement me perdre à l’adolescence et ne plus savoir qui je suis et ce que je veux être : trop de possibilités pour si peu d’identité…

Je me souviens . . . je me sentais si moche, incapable, maladroite...mais tellement pleine d’espoir, rêveuse et prête à mordre la vie à pleines dents . . .

Je me souviens . . . j’avais remporté un concours d’écriture en évoquant avec passion mon roman préféré : “Les quatres filles du Dr March” ; mais je pense toujours qu’il y avait dû avoir très peu de participants . . .

Je me souviens . . . tous les garçons que j’ai cru aimer ou peut-être réellement aimé, qui auraient pu me détruire ou que j’ai blessé et qui, malgré eux, m’ont appris davantage sur moi . . .

Je me souviens . . . je t’ai vu - ou plutôt deviné - face à moi, pour un premier bonjour nocturne ! Tu m’as paru si grand et mystérieux. Tu l’es toujours ! Si grand et parfois mystérieux quand je n’arrive pas à lire les émotions que tu ne parviens pas à communiquer.

Je me souviens . . . chacune de mes grossesses, chacune de leur naissance, chaque plongée dans un Amour incommensurable empli de fiertés, de beauté , d’inquiétudes profondes, de joies intenses, de fatigue le soir se retournant en une hâte de les retrouver le lendemain matin dès leurs portes doucement refermées . . .

J’espère que je ne me souviendrai pas de ces journées de confinement parfois bien compliquées par cette reconversion finalement imposée en maîtresse d’école, ces conflits répétés, ces impasses relationnelles, cette violence que tout cela aura provoqué en nous. J’espère que je ne m’en souviendrai pas car cela voudrait dire que finalement la lecture et l’écriture nous aura abîmés . . .

"Les miettes aiment être dégustées", l’Ourse

Je me souviens de l’époque où j’étais une miette.
Je me souviens qu’il faisait ni jour ni nuit.
Je me souviens d’un problème d’interrupteur, ce qui expliquerait peut-être cette lumière papillonnante.
Je me souviens de mes compagnons de four, certains moelleux, d’autres croustillants.
Je me souviens de cette communauté plein de sucre et de chocolat où la distanciation sociale n’était pas respectée …pour la simple raison que cette expression n’existait pas !
Je me souviens d’un enfant qui avait hâte de me déguster.
Je me souviens de ces instants joyeux et gourmands, de cette époque délicieuse.

"Je me souviens", Estelle

Je me souviens :
Il y a au moins 40 ans des « roudoudous » : ces bonbons au creux d’un coquillage. Ils avaient un avantage : c’est qu’il fallait lécher l’intérieur de la coquille, ce qui durait très longtemps. A l’époque, ils coûtaient un franc pièce à la boulangerie. Et lorsque j’allais chercher le pain, je rendais la monnaie et je subtilisais 10 centimes pour que cela ne se voit pas trop. En effet, je n’avais pas d’argent de poche. Et au bout de 10 passages à la boulangerie, j’avais mon roudoudou. Petite victoire, même si ce n’était pas très moral.

Je me souviens :
De mon paradis terrestre :
Cet endroit où je ne me suis jamais sentie aussi bien. Cet endroit que je connais depuis 35 ans. C’est un petit village au pied d’une montagne, qui abrite des membres de ma famille dans la maison de mon arrière grand-père construite en 1857. Il y a là-bas et dans les environs que des gens bienveillants à mon endroit et je peux y aller me ressourcer. Que de souvenirs agréables que j’aime à me rappeler et qui rendront encore plus belles ces retrouvailles.
Vu la situation, nul n’est capable de dire quand je pourrais y retourner, mais cet endroit est tellement précieux que j’y retournerai quand il n’y aura plus ou très peu de risques. Fut-ce durer longtemps.

"Les miettes de mon repas", Lotfi

Rien que des miettes
Il n’y a plus ni ciel ni terre
Qui croule sans fin
D’un pouce de long
La cueillir quel dommage !
La laisser quel dommage !
Ah ! cette miette...
A mes pieds
Faire l’âne pour avoir du son
Et du temps du temps !
Encore aujourd’hui
Comme une miette je vis
Et demain encore....

"À un ami, sur le trône...", Meido

Je me souviens des premiers pas, l’ascension de nos regards. On n’était plus gênés par les barrières, notre amitié débutait sans tournure, tour ou détour. Pas besoin de se contorsionner pour être accepté.

Je me souviens les cafés, les marchés, les musées qu’on a arpenté, où l’on s’est retrouvé. L’Art et la sensibilité, les petits plaisirs, détails d’un quotidien partagé bourrés d’aménités.

Je me souviens les voyages, par nos mots échangés, par les road trip improvisés, par l’acrylique et les pinceaux ou simplement par avion... la destination de nos pérégrinations, on s’en fout, juste profiter du moment complètement, c’est un art chez toi de savoir bien naviguer en toutes circonstances.

Je me souviens, les paires d’yeux grands ouverts devant ce fabuleux bout de bois que toi seul pourra reconnaître si je te dis Rietveld. Limite on y est allé, dans ce froid mordant, brûlant, terrassant, rien que pour les voir, ces quatre planches.

Je me souviens, les mains tendues, les bras tendus, les moments où tu as par ta présence adoucit les conditions de nos scaphandres.

Je me souviens les rires et les sourires et le pire, au son de nos musiques discordantes, nos
gueulantes qui ne vont pas très loin.

Je me souviens que je suis là pour écrire et te dire merci, toutes ces années sont comme un bon vin affiné. L’âge ne fait qu’enrichir la teneur de ce chemin partagé.

Et je me souviens que tu as trente ans ce jour même, ce n’est pas le feu d’artifice avec lumignons mais je te souhaite un joyeux anniversaire. Avec ce petit texte pour célébrer ce qui m’est cher, un ami, un frère.

Je me souviendrai d’être à tes côtés pour faire du futur, d’autres « je me souviens ». Je te souhaite tout ce dont tu rêves, tu as envie et besoin.

Je me souviendrai de me souvenir, d’apprécier et d’entretenir ces réminiscences qui m’emplissent de joie aujourd’hui.

Je me souviendrais bien qu’il va falloir m’arrêter là car les heures sont passées et la dead line dépassée.

Les créations des ateliers de création

"COVID-19", Dr MT

"Coeur de miette", l’Ourse


"Mask attak", Vincent Riot-Sarcey

"Je suis une miette", MFB