Zoom sur le métier de pair-aidant avec Véronique Barathon, pair-aidante en autisme au sein de l’unité TS2A

Lors de son stage d’observation de troisième, Séphora Connaly a suivi pendant une semaine le quotidien d’une pair-aidante en autisme. Cela a été l’occasion pour elle de découvrir ce nouveau métier, qui se déploie progressivement dans les structures de soin. Elle a réalisé à cette occasion, une interview et fiche métier qu’elle retrace dans cet article. Nous lui laissons la parole.

Véronique Barathon a reçu un diagnostic d’autisme il y a à peine un an. C’est au cours de ses recherches sur ce qui pouvait être à l’origine de ses difficultés qu’elle a constaté des similitudes dans son parcours avec des témoignages de personnes autistes. Elle a alors entamé des démarches diagnostic afin de procéder à différents bilans, qui ont abouti à un diagnostic d’autisme Asperger (en savoir plus sur le parcours de Véronique dans son témoignage). Depuis janvier, elle travaille en tant que pair-aidante en autisme au sein de l’unité TS2A (Troubles du spectre autistique de l’adulte), nouvellement créée à Lyon. Véritablement passionnée par son métier, elle a le goût et l’envie d’entreprendre de nombreux projets pour la pair aidance.

Un métier qui repose sur l’entraide entre personnes présentant une maladie psychique ou trouble neurodéveloppemental

Ce métier repose sur l’entraide entre personnes présentant un trouble ou maladie similaire ou non, somatique, psychique ou neurologique. Véronique Barathon est pair aidante dans le domaine neuropsychologique, c’est à dire un mélange entre la neurologie et la psychiatrie. Son métier consiste à aider et accompagner ses « pairs », les personnes présentant un Trouble du Spectre Autistique (TSA) et plus spécifiquement dans le syndrome d’Asperger*1.
*1 Le syndrome d’Asperger est une forme d’autisme sans déficience intellectuelle ni retard de langage ; c’est un trouble neurodéveloppemental qui touche simultanément les interactions sociales et la communication, une sensibilité inhabituelle aux stimuli sensoriels, le comportement répétitif et les Intérêts Restreints (IR).

Des parcours souvent atypiques qui mènent à la pair aidance

J’ai très souvent cherché ma voie, sans jamais la trouver.

Ses études bien que variées et complémentaires ont souvent constitué pour Véronique des situations d’échec incomprises : faculté d’Anglais, études de garde d’enfants à domicile, études d’éducateur de jeunes enfants (EJE), études d’animations socioculturelles. Grâce à une proposition de son psychiatre et sa psychologue, qui se sont intéressés à ses recherches analytiques, elle découvre l’existence du métier de pair-aidant. Après quelques hésitations, elle commence une formation « personne ressource en santé mentale ». Le 4 avril 2018, premier jour de sa formation, elle découvre plus précisément le métier de pair aidante, qui rejoint son envie de travailler dans le social.

Des formations possibles pour se préparer à ce métier

Bien que le parcours personnel de santé soit la principale condition pour accéder à ce métier, 3 niveaux de formation permettent de se préparer et d’approfondir ses compétences sur la pair aidance.

  • Le premier niveau, « formation personne ressource en santé mentale » est constitué de 70 heures de formation théorique et de 35 heures de stages avec de nombreux apports sur l’éducation thérapeutique. Les connaissances acquises sont utiles pour devenir pair aidant salarié ou bénévole et/ou intervenir dans l’éducation thérapeutique.
  • Le deuxième niveau est un Diplôme Universitaire (DU) de pair aidance qui verra le jour en septembre 2019.
  • Le troisième niveau est la licence médiateur de santé pair. Il permet d’acquérir plus de connaissances et de professionnalisme, puisque l’on y fait une licence tout en travaillant dans une structure.
    Pour ces deux derniers niveaux, des rendus oraux ainsi qu’écrits sont nécessaires à la validation des formations.

Un nouveau métier encore malheureusement peu connu et reconnu

Ce métier nécessite de bénéficier de qualités majoritairement humaines telle que l’écoute active, la gentillesse, l’empathie, la patience, l’ouverture d’esprit, la bienveillance et la motivation.
Trouver un poste rémunéré dans ce domaine est à ce jour très compliqué. Beaucoup de pairs aidants professionnels commencent par du bénévolat. Quelques postes salariés sont néanmoins proposés par des établissements.

Des tâches diversifiées

Concernant ses horaires, Véronique est au centre TS2A les lundis, mercredis et jeudis de 10 heures à 18 heures. Pour elle, il est important de limiter son temps de travail à 60% afin de pouvoir garder du temps pour elle dans un cadre de bonne santé et assurer également des engagements bénévoles.
Véronique a deux principales missions : les entretiens individuels et les groupes d’éducation thérapeutique. Les autres missions sont axées sur la communication, l’information, la recherche dans le domaine de l’autisme et les formations (animation et construction d’enseignement).
Lors des entretiens individuels sont abordés la présentation du métier de pair aidante, l’identification des forces et des faiblesses du patients sur lesquelles il faut travailler à l’aide de questionnaires, ensuite en aparté, elle rédige son compte-rendu de séance.
Il n’y a pas de journées type. Chaque semaine, elle construit son organisation en s’appuyant sur les priorités définies en réunion.

Quels outils pour les entretiens en pair aidance ?

Véronique crée ses propres outils qui reprennent les principes de la TCC, qu’elle a elle-même mis au point pour gérer son quotidien, et se sert de ses expériences positives et négatives pour aider les autres comme elle le ferait pour elle-même. Elle utilise également d’autres outils validés et déjà créés pour l’éducation thérapeutique
Le travail et la restitution en équipe sont aussi des moments très importants pour proposer une prise en charge la plus adaptée aux personnes suivies.

Avantages et inconvénients du métier

Les avantages de ce métier sont la pluridisciplinarité de l’équipe, la variété des missions, les rencontres, l’enrichissement intellectuel. Egalement, l’opportunité de devenir professionnel et de positiver sur ce qui auparavant a toujours été une difficulté.
Les inconvénients de ce métier sont la méconnaissance de ce nouveau métier, la recherche de travail très difficile, le salaire qui n’est pas proportionnel à la charge de travail, l’intégration parfois difficile en raison de la stigmatisation du trouble ou de la maladie du pair aidant et du manque de formation des équipes.
Il peut parfois être difficile pour les pair aidants d’établir une limite entre la vie professionnelle et personnelle, par exemple, Véronique pour qui les questions autour de l’autisme sont devenues une véritable passion, ne limite pas son engagement à sa vie professionnelle.
Ainsi au-delà de ses heures administratives, elle réalise des actions bénévoles dans d’autres structures, et se rend souvent disponible pour aider les autres par passion.

Un métier riche professionnellement et personnellement

Le plaisir de rencontrer ses pairs, de mettre en place différentes techniques
de travail (organisation des docs, utilisation des logiciels spécifiques, organiser et suivre une réunion), travailler dans le milieu médical sans avoir fait médecine, l’opportunité de transmettre son savoir expérientiel (= le savoir qu’on a de son propre vécu) et former, aider et travailler dans le social