[Recherche] Amélioration du fonctionnement social dans la schizophrénie par la remédiation de la cognition sociale « en vie réelle » : Résultats de l’essai quasi-expérimental RemedRugby

Contexte

Une équipe dirigée par Julien Dubreucq du Centre Référent de Réhabilitation Psychosociale et de Remédiation cognitive (C3R) a mené une étude qui explore les bénéfices de l’association d’un programme de remédiation de la cognition sociale à la pratique d’une activité physique collective (programme « RemedRugby ») dans l’amélioration de la capacité fonctionnelle dans la schizophrénie. La capacité fonctionnelle est considérée comme un élément clé qui influence le fonctionnement dans le monde réel. Elle est influencée par les troubles cognitifs, les symptômes négatifs, l’auto-stigmatisation et la réduction de l’activité physique. Les interventions psychosociales ciblant la capacité fonctionnelle sont encore peu développées.
Cependant, il existe des données suggérant que le développement de compétences sociales et la remédiation cognitive sociale combinés à une activité physique collective pourraient grandement améliorer le fonctionnement dans la vie réelle. Des études précédentes montrent que la combinaison de la remédiation cognitive et d’exercices aérobiques ou d’activités physiques individuelles comme le yoga, engendre une amélioration des symptômes négatifs, de la santé physique, de la dépression, de la mémoire de travail, de l’attention et du fonctionnement social et cognitif au quotidien, chez les personnes atteintes de schizophrénie.

Méthodes

L’équipe a mené une étude quasi-expérimentale évaluant les effets d’une intervention de remédiation cognitive sociale intégrée enrichie par l’exercice, « RemedRugby », par rapport à un groupe de contrôle actif pratiquant le « Touch Rugby ». Il s’agit du premier essai à ce jour évaluant l’efficacité d’un tel programme appliqué dans un environnement « en vie réelle » (c’est-à-dire au plus proche des situations pouvant être rencontrées dans la vie quotidienne)

Résultats

87 personnes avec schizophrénie ont participé à cette étude. Les participants ont été assignés soit au groupe « RemedRugby », soit au groupe « Touch Rugby », selon la pratique clinique habituelle du centre de recrutement. Les résultats ont été évalués au départ et après le traitement dans les deux groupes. Des évaluations additionnelles ont été effectuées après 6 mois de suivi dans le groupe RemedRugby en utilisant des échelles standardisées pour mesurer la sévérité des symptômes, le fonctionnement social, l’auto-stigmatisation etc.

Après le traitement, l’équipe observé des améliorations modérées à importantes des paramètres suivants chez les participants du groupe RemedRugby :
• Fonctionnement social
• Sévérité des symptômes
• Abstraction verbale
• Biais d’agressivité
• Auto-stigmatisation

Ces mêmes améliorations n’ont pas été observées chez les participants ne jouant qu’au Touch Rugby. Les effets étaient persistants à long terme et encore plus importants entre le post-traitement et le suivi.

Conclusions

La remédiation cognitive sociale enrichie par l’exercice semble prometteuse pour améliorer le fonctionnement en situation réelle de la schizophrénie. Les recherches ultérieures devraient étudier les effets potentiels de cette intervention sur la neuroplasticité et la condition physique.

Vous pouvez lire l’étude intégrale ici